Si dans ces jours heureux, où le bon goût régnoit en Italie, les Prédéceffeurs de V. A. S. favoriferent les Lettres &fi leur protection généreuse porta le Théatre au plus haut degré ; il vous refto, MONSEIGNEUR, de plus grandes chofes à exécuter. Le Théatre d'Italie étoit fupérieur à tous les Theatres de l'Europe, lorfqu'il fut protegé par vos glorieux Ancêtres & depuis un fiècle qu'il او eft tombé dans une affreu fe décadence, il ne fonde l'efpérance de fe relever, que fur un Prince de votre illuftre Maifon. Antoine Farnefe Duc de Parme, avoit conçu Pidée de le réformer; il venoit de m'appeller à sa Cour, où il m'avoit honoré de la Charge de Contrôleur Général des menus Plaifirs, & d'Infpecteur des Théatres, lorsque la mort interrompit un fi beau deffein. C'est à V. A. S. que l'exécution en étoit réfervée. En effet, MON SEIGNEUR, je n'en doute point, vous regar derez la réforme du Théatre Italien devenue fi néceffaire, comme une partie du Gouvernement qui mérite votre attention. Les fages Loix que dictera V. A. S. corrigeront les Spectacles, les rendront plus réguliers; & la pudeur loin d'y rougir, n'y fera pas même allar mée. Pour ce qui regarde l'art du Théatre, je préfente aux Auteurs le plus excellent modéle qui ait jamais été. Les Ecrits de Moliere font non-feulement une Poëtique com pléte fur la Comédie, mais encore une Poëtique con venable au fiécle où nous vivons; & fi les Poëtes Italiens fe donnent la peine de les examiner, ils reconnoîtront que la pratique d'un fi grand Maitre, eft la feule qu'ils doivent étudier & fuivre. Fefpere que V. A. S. on s'en fait une douce habi tude avant que d'avoir pû réfléchir ; & l'on se persuade infenfiblement que pour bien juger d'un Ouvrage Dramatique, il fuffit de joindre quelqu'efprit à l'ufage du Théatre. que Je conviens la nature & la vérité ne fe montrent jamais fans être apperques,& qu'un Spectateur fenfé déciderà quelquefois heu reufement; mais s'il ignore les régles & la pratique de l'art, il fe démentira fans doute, & verra fouvent fes décifions réformées par le Public. |