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» toutes fortes de perfections, n'a pas refufé 1521. d'entendre le témoignage d'un indigne valet, avec combien plus de juftice,étant un homme

Sleidan,

conn.nt

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2

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» pécheur qui puis me tromper en plus d'une » maniere dois-je me préfenter & écouter » ceux qui ont quelque chofe à opposer à ma » doctrine? » C'eft pourquoi il les conjure par tout ce qu'il y a de plus facré de ne rien diffimu. Jer, & de montrer évidemment par des témoignages de l'écriture, qu'il eft dans l'erreur, pro-mettant d'être le premier à jetter fes livres au feu, fi on peut le convaincre. Puis il ajoûte, qu'il fent un vrai plaifir de voir que fa doctrine ait caufé tant de troubles; que c'eft le propre de l'évangile, où Jefus-Chift dit, qu'il n'eft pas venu apporter la paix mais la guerre, feparer le fils d'avec fon pere. « C'est pour

&

quoi vous devez bien prendre garde, dit-il » (en s'adreffant à l'affemblée) à ce que vous » allez réfoudre, afin de ne pas condamner la » parole de Dieu, & la faine doctrine que Dieu. vous préfente par un bienfait particulier, & de ne pas rendie par fa condamnation le regne de Céfar malheureux, en laiffant un exem-»ple fi défavantageux à la pofterité; ce que »je pourrois vous prouver par plufieurs auto

torités de l'écriture fainte, de Pharaon, du roi » de Babylone & des rois d'Ifraël, qui fe font » perdus dans le tems qu'ils ont crû établir la » paix dans leurs royaumes, & fe conduire 5 avec plus de fageffe.»

1.

Comme Luther alloit encore beaucoup s'étendre pour exhorter les princes à proteger la: .367. vérité, Eckius lui dit avec émotion, qu'il n'avoit pas répondu au fait, & que ce n'étoit point à lui à mettre en queftion & en doute ce qui avoit été autrefois défini par l'autorité des conciles; que tout ce qu'on lui demandoit, é

toit de répondre précisement, s'il vouloit ap-
prouver les écrits, ou les retracter, à quoi
Luther repliqua : « Puifque vous m'ordonnez,
très-grand empereur, & très-illuftres prin- ce
ces, de répondre fimplement & précisement ce
aux demandes qu'on m'a faites, j'obéïrai, «
& voici ma réponse: Si l'on ne me convainc ce
par des témoignages de l'écriture fainte, & ce
par des preuves évidentes, je ne puis rien ce
retracter de ce que j'ai écrit ou enfeigné, ce
car je ne dois point agir contre ma conf- ce
cience, ni ne me crois obligé de croire au ce
pape & aux conciles, ni de recevoir leur au- ce
torité, puifqu'il eft conftant qu'ils fe font ce
trompés fouvent, qu'ils fe font contredits, ce
& qu'ils peuvent errer. Ainfi je ne veux,
ni ne puis rien retracter, parce qu'il n'eft ce
ni sûr, ni innocent d'agir contre sa conf-ce

cience. »

1

Les princes ayant déliberé fur cette réponfe, lui firent dire qu'il n'avoit pas répondu af fez modeftement; que fuppofé la distinction qu'il avoit faite de fes écrits, s'il avoit retracté ceux qui contiennent la plus grande partie de fes erreurs, l'empereur n'auroit pas fouffert qu'on touchât à ceux dont la doctrine étoit orthodoxe ; qu'il y avoit eu plu fieurs Allemands d'une profonde érudition, témoins de ce qui s'étoit paffé au concile de Conftance; qu'il en méprifoit les décrets; qu'il renouvelloit les erreurs qui y avoient été condamnées ; qu'il avoit tort de vouloir qu'on le convainquit par l'écriture fainte, parce qu'il eft inutile de difputer derechef fur des chofes que l'églife a une fois condamnées; qu'on ne doit pas permettre de deman-' der railon de tout, & que cette maxime une fois reçue de convaincre par l'écriture ceux

15211

X.

Cochl. in

actis &

aberi, p. 34.

qui contredifent aux conciles & à l'églife, il n'y auroit plus rien de certain & de déterminé; qu'en un mot, l'empereur vouloit fçavoir de lui ce qu'il penfoit de fes écrits, s'il vouloit foutenir ou retracter tout ce qu'il y avoit avancé. Luther témoigna qu'il n'avoit point d'autre réponse à faire que celle qu'il avoit déja faite ; mais la nuit étant venue,l'affemblée fe fépara.

Le lendemain l'empereur qui ne put pas fe trouver à la diette, écrivit aux princes qui la L'empeseur écrit à compofoient.. Sa lettre porte, que fes ancêJadiettetou- tres avoient toûjours fait profeffion de la reli chant Lu- gion Catholique, & s'étoient fait gloire d'other. béir à l'églife Romaine; que Luther s'étant dé Sleidan in claré contre elle, & perfistant dans son égacomment. 1. rement, il étoit du devoir d'un empereur vé3. p. 68. ritablement Chrétien, de fuivre les veftiges de fes prédeceffeurs, & de prendre la défense de fcript. Lu- la religion & de l'églife Romaine, en procedant contre un fils dénaturé, qui ne tend qu'à déchirer le fein où il a été formé ; qu'il avoit donc réfolu de profcrire Luther & fes fectateurs, & d'employer tous les remedes convenables pour éteindre cet incendie, qu'ayant néanmoins égard à la foi publique, il vouloit que Luther fût ramené à Wittemberg,. aux conditions portées dans fon fauf- conduit. Cette lettre de l'empereur fut lue dans l'affemblée, & chacun en jugea differemment, fuivant fes interêts ou fes inclinations. Il y en eut qui opinerent qu'on devoit faire arrêter Luther, fans avoir égard à son saufconduit, mais d'autres, & principalement Louis électeur Palatin, fe récrierent fort contre cette propofition, & foutinrent qu'il ne tallois pas noircir la nation Allemande d'une Sache qui feroit éternelle. L'électeur de Saxe

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Livre cent vingt-feptiéme. & les amis de Luther remontroient que la chole étant d'une extrême confequence, il ne fal- $21. loit rien précipiter; que l'empereur étant jeune, fe lailloit trop ailement prévenir en faveur des miniftres de la cour de Rome; qu'il falloir le prier de permettre qu'on choisît quelque député de la diette, qui fit de nouveaux efforts auprès de Luther, pour l'obliger à fatisfaire

à cette cour.

que

XI.

de Tréves a
des confe-

rences avec
Luther.

Pallavicin
lib.1.c. 27.

theri, p.

L'empereur y confentit; l'électeur de Tréves, qui étoit déja commiffaire du faint fiége, L'électeur fut choifi pour un des deputés avec l'électeur de Brandebourg, Georges duc de Saxe, l'évê d'Ausbourg & quelques autres. Ils firent tous paroître Luther devant eux pour l'enga ger à n'être point opiniâtre, à penfer aux dangers dans lefquels il alloit le précipiter; mais Sleidan, 1. toutes leurs remontrances furent inutiles; 3. p. 68. Parchevêque de Tréves croyant mieux réuf- Cochlans en particulier, le fit venir de actis fir, s'il le voyoit dans fa chambre, & prit feulement avec lui fcript. Lu Eckius & Cochlée, doyen de Francfort. Dans cette entrevue particuliere, on n'omit rien pour perfuader à Luther de recevoir la doctrine. des conciles genéraux ; mais il le refufa confprétendant que ces conciles s'étoient trompés, entr'autres, celui de Conftance, en condamnant cette propofition de Jean Hus; que l'églife n'eft compofée que des feuls prédeftinés. Tant d'opiniâtreté obligea d'en venir à une conference publique, qui fe tint le vingt-quatrième d'Avril, en préfence des deputés.

tamment

Luther y fut introduit, & le jurifconfulte
Vée, fecretaire du marquis de Bade lui dit qu'il
n'avoit pas été appellé pour difputer, mais
& l'avertir des
Pour agir avec lui en ami
chofes qui regardoient fa perfonne; que l'em-

;

pereur leur avoit accordé la permiffion de lui 52 1. parler encore, & de l'exhorter à rentrer dans fon devoir, à ne pas méprifer les conciles, comme il avoit fait que s'il étoit vrai que ces faintes affemblées euffent ordonné des chofes differentes, l'Efprit de Dieu n'avoit pas permis qu'il leur fût rien échappé de contraire; qu'il n'étoit pas permis à des particuliersde révoquer leur doctrine en doute; que fes ouvrages exciteroient de grands troubles, fi l'on n'y remedioit promptement; & que celui qu'il avoit compofe touchant la liberté chré-tienne, ne donnoit que trop d'occafions aux libertins de dire, qu'il n'y avoit aucune certitude dans les articles que l'églife propofoit à croire; qu'encore qu'il y eut de bonnes chofes dans fes livres, elles étoient mêlées d'un fi grand nombre de mauvaises, que la charité chrétienne défendoit d'en permettre indifferemment la lecture, & qu'il falloit laiffer les Allemands vivre dans ce qu'ils avoient toujours crû depuis qu'ils avoient reçn les lumie-res de l'évangile.

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in comment.

dit

Luther, après avoir remercié ces princes de' Réponse de la bonne volonté qu'ils lui témoignoient, Luther aux qu'il n'avoit pas rejetté tous les conciles, mais députés de feulement celui de Conftance, & qu'il en ala diette. voit apporté la raison à l'archevêque de Tré-Sleidan. ves; fçavoir, que ce concile condainnoit cette ib.3. p. 69. propofition de Jean Huss que l'églife n'eft compofée que de prédeftinés; que les peres de ce concile en condamnant cet article, avoient en même tems condamné celui par lequel on croit une églife fainte; que l'écriture Penfeignoit en termes formels, & que ni les fupplices, ni la mort même ne pouvoient difpenfer les vrais Chrétiens de le croire; que pour lui il étoit prêt de fouffrir tout plûtôt que de ré

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