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AN.1546.

s'en alla à Strasbourg, & trouva mieux fon compte avec Bucer qui étoit d'une humeur plus douce & plus pliante. Celui-ci trouvant dans ce dif ciple de grandes difpofitions pour être un des plus célebres partifans de la réforme, l'obtint du confeil de cette ville pour aller avec lui au colloque de Ratisbonne. Diaz n'y fut pas plûtôt arrivé dans le mois de Decembre, qu'il alla trouver Malvenda qu'il avoit connu à Paris. Ce compatriote effraïé des erreurs & des fentimens de ce jeune homme, emploïa les raifons les plus fortes & les exhortations les plus vives pour le faire rentrer dans l'églife. Mais rien ne fit impreffion fur l'efprit de Diaz, qui perfevera toujours dans fon opiniâtreté, & ne vit plus Malvenda.

Al.

Il vint enfuite à Neubourg pour corriger un livre de Bucer que l'on imprimoit, & il y vit arriver avec furprise un de fes freres nommé Alfonfe, qui étoit avocat en cour de Rome, & qui aïant appris fon apoftafie s'étoit mis auffitôt en chemin, pour tâcher de le ramener. fonfe ne fut pas plus heureux que Malvenda: mais au lieu de gemir fur l'endurciffement de fon frere, & d'adorer les jugemens de Dieu, qui ouvre ou ferme les yeux à qui il lui plaît, il entreprit fur la vie corporelle de celui pour qui feu lement il devoit demander la vie fpirituelle. Il feignit de s'en retourner, & s'en alla en effet juf qu'à Ausbourg: mais dès le lendemain, il reprit le chemin de Neubourg accompagné d'un gui de, & arriva en cette ville le vingt-feptiéme de Mars au point du jour. La premiere perfonne qu'il y chercha fut fon frere, il alla droit à fon logis avec fon compagnon qui étoit déguisé en meffager, & demeurant au bas de l'efcalier pendant que l'autre montoit à la chambre de Diaz à qui il feignoit d'avoir des lettres à rendre de la part de fon frere; on reveille Diaz, le prétendu

mefla

meffager lui rend fes lettres, & pendant que l'Ef pagnol les lit, le faux meffager lui décharge un AN.1546. coup de hache fur la tête, le tue & fe fauve promptement avec Alphonfe. Cet affaffinat aïant fait beaucoup de bruit à Ausbourg & ailleurs, on poursuivit vivement les meurtriers qui furent arrêtez, & mis en prifon à Infpruck. Le prince Otton. Henri informé du fait, y envoïa deux de fes confeillers pour y folliciter le procès. Mais Pempereur arrêta toutes les procedures, fous pré1 texte qu'il vouloit connoître lui-même de cette affaire à la diete avec le roi des Romains; eni forte que l'électeur Palatin & Otton Henri aïant requis le confeil d'Infpruck de leur envoïer les prifonniers fous caution à Neubourg, où le meurtre avoit été commis on leur oppofa aufsi-tôt les ordres contraires de l'empereur.

1

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grave vient

trouver

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La diete avoit été indiquée par l'empereur à LXXXIX. Ratisbonne pour le mois de Mai fuivant: elle Le Lantfut pourtant ouverte que le fixiéme de Juin; & jufqu'à ce tems-là, il y eut plufieurs entrevûësl'empereur. entre l'empereur & le Lantgrave. Naves avoit leidaníbid. fait avertir ce dernier de voir l'empereur lorfqu'il Iferoit en chemin pour fe rendre à Ratisbonne, lib. 17. pag. & Granvelle lui avoit dit la même chofe, afin De Thou 569.& seq. • d'effacer par ce moïen les foupçons & les défian-bif. lib. 2. ces fondées fur les rapports qu'on avoit faits de adhunc an. part & d'autre. Suivant cet avis le Lantgrave fe rendit le vingt-huitiéme de Mars à Spire où l'emI pereur étoit déja arrivé. L'électeur Palatin s'y trouva auffi, & Guillaume Maffenbach ambafladeur du Duc de Wirtemberg. Le Lantgrave eut une audience particuliere, dans laquelle il fit d'abord des excufes de ce qui s'étoit paffé à Francfort. Enfuite il parla à l'empereur des bruits qu'on répandoit de tous côtez, qu'à la follicitation du pape il avoit conçû le deffein de faire la guerre aux princes Proteftans d'Allemagne; fur quoi il lui dit qu'il croïoit plus à propos que les

E 2

die

divifions touchant la religion fuffent terminées AN.1046. dans un concile national, comme ils l'avoient toûjours efperé; & il lui demanda, qu'en attendant, la paix qu'il leur avoit promife dans la diete de Spire, fût inviolablement maintenuë, fans que perfonne fut inquieté pour la confeffion d'Ausbourg. Il lui parla auffi des poursuites qu'on faifoit contre l'archevêque de Cologne, & de quelques autres affaires dans lesquelles il s'efforça d'intereffer l'empereur en faveur des princes pro

XC.

teftans.

Ce prince fit répondre par Naves au LantgraRéponse ve, qu'on avoit accufé auprès de lui les Protede l'empe- ftans de machiner contre l'empire; mais qu'il Lantgrave, n'en croïoit rien, & qu'à prefent il y ajoûtoit & la repli- encore moins de foi. Qu'il avoit conclu une tré

reur au

que.

Sleidan 848.570. &feq. De Thon

ibidem.

се

ve avec les Turcs, afin que pendant qu'elle du-
reroit on prêt des mefures pour leur refifter s'ils
recommençoient la guerre, & pour accorder les
differends de la religion. Que le concile, que les
Proteftans demandoient depuis tant d'années,
étant prefentement affemblé, il les prioit de s'y
foumettre. Qu'il avoit traité jufqu'à present l'ar-
chevêque de Cologne avec bonté; mais que ce
prélat avoit trop précipité ce qu'il avoit envie de
faire. A l'égard des bruits qui avoient courus
d'une prochaine guerre de fa part contre les Pro-
teftans, il dit au Lantgrave: Vous pouvez vor
ce qui en eft, je n'ai avec moi que ceux de ma
fuite & je ne penfe aucunement à lever des
troupes. Enfuite il le pria de lui dire de quelle
maniere on pourroit pacifier les troubles de la
religion, & faire confentir fes alliez à quelque
accommodement. A quoi le Lantgrave répon-
dit, qu'il n'épargneroit aucun foin pour le falut
de l'Allemagne & pour entretenir la paix dans
l'empire; qu'il n'étoit venu trouver l'empereur
dans ce deffein; qu'il eut fort fouhaité
Les alliez euffent été prefens, mais que cela avoit

que

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que

été

été impoffible; l'électeur de Saxe étant trop éloigné, & Jacques Sturmius fe trouvant malade. AN.1546. Qu'on n'avoit pris aucun deffein contre la tranquillité de l'empire à Francfort ; & que toutes les mefures qu'on y avoit prifes étoient de chericher les moiens de conferver leur religion, & de fe défendre fi on les attaquoit.

grave re

de Trente.

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Quant au concile, le Lantgrave ajoûta qu'il xe. étoit vrai que les Proteftans l'avoient demandé; Le Lant mais qu'ils s'étoient attendu qu'il feroit faint, fufe de fo libre & tenu en Allemagne ; qu'ils avoient fait foumettre voir à Wormes les raifons qui les empêchoient au concile de recevoir celui qui étoit affemblé à Trente; qu'ils en étoient exclus, & qu'on n'y admettoit Sleidan que les évêques & autres perfonnes dévouées au Supra pag. pape, même par ferment, pour y avoir voix dé- De Thom liberative. Comment recevoir un concile où per- loco sitatë, fonne ne pourra dire librement ce qu'il penfe, & où il fera très-dangereux d'y parler contre le pape. Il ajoûta qu'il n'y avoit donc aucune efperance à fonder fur ce concile; qu'une affemblée de toute la nation en Allemagne feroit plus propre à pacifier les differends de la religion, d'autant plus que les autres nations étoient trop oppofées à leurs fentimens ; & que comme la fituation des affaires étoit telle qu'on n'y pouvoit rien changer, le meilleur moien étoit de laiffer toute la liberté à la religion, enforte qu'un chacun vêcût en paix. Que la diete indiquée à Ra- tisbonne venoit d'une bonne intention; mais qu'il y avoit des moines turbulens qui n'aimoient que la difpute, qui rappelloient les articles accordez dans les diétes precedentes, & dont la vie étoit fi déreglée, qu'il n'y avoit rien de bon à efperer d'eux. Que l'archevêque de Cologne étoit bon, que tout ce qu'il faifoit n'étoit que pour remplir fes devoirs, vu que le decret de Ratisbonne le chargeoit de reformer l'églife; ce qu'il avoit fait avec toute la moderation poffible

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ôtant ce qu'il falloit neceffairement fupprimer, AN.1546. & ne faifant prefque aucun changement dans les biens ecclefiaftiques. Que le livre qu'il avoit publié s'accordoit avec la fainte écriture, & le témoignage des anciens peres. Que fi, pour cette raifon on lui avoit fait violence, c'étoit un avertiffement pour les autres de fe tenir fur leurs gardes, eux qui pourroient avoir beaucoup plus de changemens à faire.

XCII.

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L'empereur repliqua qu'il oublioit tout ce qui Replique s'étoit paffé à Francfort, & qu'il n'avoit ajoûté de l'empe- aucune foi à tout ce qu'on lui en avoit rapLantgrave. porté, d'autant plus qu'il ne croyoit pas avoir

reur au

donné occafion aux princes de vouloir lui faire de la peine, & qu'à present il étoit fatisfait de leurs difpofitions. Qu'il avoit follicité le concile pour le bien public & afin que les percs qui le compofoient fe reformaffent eux-mêmes que quand il s'y feroit quelque ordonnance, il ne confentiroit pas qu'on s'en fervît pour tourmenter ceux de la confeffion d'Ausbourg: Que c'étoit dans ce deffein qu'il avoit indiqué une diéte à Ratisbonne, dont les commencemens promettoient un heureux fuccés, fi on l'eût continuée. Que l'archevêque de Cologne aprés avoir promis de furfeoir les affaires, & de ne point agir contre la religion, n'avoit pas laiffé de paffer outre, & de contraindre même fes fujets à fuivre ses mauvais deffeins. Qu'il étoit vrai que le decret de Ratisbonne portoit, que les évêques travailleroient à la reformation de leurs églifes, mais qu'il ne leur permettoit pas d'introduire une nouvelle religion dans leurs diocéfes. Qu'au contraire il étoit expreffément marqué, qu'ils feroient un projet de reforme pour être prefenté dans une diéte imperiale & y être examiné. Que l'archevêque de Cologne bien loin d'executer ces ordres, avoit dépofé les pafteurs ordinaires, en avoit établi de nouveaux, & empêché les chanoines de jouir de

leur

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