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de la guerre & à qui il en vouloit, & le fupplia AN.1546. de fouffrir qu'il fe rendit mediateur,

pour tra

vailler à la paix. Mais Charles V. lui fit répondre par Granvelle & Naves, qu'il ne lui étoit pas difficile de fçavoir l'un & l'autre, la caufe de la guerre & qui elle regardoit : & pour l'en éclaircir davantage, ces deux miniftres lui repeterent les raifons que l'empereur avoit déja alleguées. Le prince Palatin envoïa cette réponse à l'éle&teur de Saxe, au Lantgrave & au duc de Wirtemberg, leur expofa le danger qui menaçoit l'Allemagne, s'il y avoit guerre, & les exhorta de fe foumettre & d'obéir au moins en quelque chofe; pour preparer à une parfaite reconciliation. Il ajoûtoit: Que le meilleur moïen d'appaifer l'empereur, étoit de lui demander pardon, de corriger le mal qu'ils avoient fait, de reftituer ce qu'ils avoient pris; & qu'à ces conditions il promettoit de les fervir en tout ce qu'il pourroit. Mais l'électeur & le Lantgrave étoient trop fiers pour profiter de ces avis. Ils continuerent de lever des troupes; & s'étant affemblez pour déliberer fur leurs affaires, ils écrivirent le quatriéme de Juillet à l'empereur, une lettre où ils lui marquoient, qu'ils voïoient bien qu'il n'étoit pouffé à cette guerre que par l'antechrift Romain, & l'impie concile de Trente, afin d'opprimer la doctrine de l'évangile & la liberté de P'Allemagne, fans aucun autre fujet.

L'empereur ne leur fit aucune réponse; mais Lettre de le feptiéme de Juillet il fit écrire à l'archevêque l'empereur de Cologne, qu'il étoit obligé de prendre les aràl'archevê- mes pour le falut de l'Allemagne & pour rétablir que de Cologne. la tranquillité publique, le droit, la justice, la Sleidan bi dignité de fon état & la liberté de l'empire, que Jupra lib.17. quelques féditieux avoient attaquée, & étoient p. 598. & fur le point de ruiner entierement, fi l'on n'y $99. mettoit ordre, & fi on ne les faifoit rentrer au plûtôt dans leur devoir. Et parce qu'il étoit averti

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qu'ils n'oublioient rien pour l'attirer dans leur par-
ti, il lui mande de faire de feveres défenfes à AN1546.
tous fes fujets, de s'engager au service des rebel-
les, & de punir feverement ceux qui n'obéïront
pas. En un mot il l'exhorte à faire connoître
qu'il fouhaite le repos de l'Allemagne, pour fon
propre interêt, puifque s'il agit autrement, il
s'expofera à beaucoup de dangers, & à la perte
de tous fes biens. L'archevêque reçût ces lettres
avec beaucoup de foumiffion, les fit publier dans
tout fon électorat, & en ordonna l'execution.
Enfuite il fit faire des prieres publiques dans tou-
tes les églifes, pour prier Dieu de détourner les
malheurs qui menaçoient l'empire, & d'y réta
blir la paix entre les princes.

VI.

Lettres dea

Environ le même tems, les Proteftans envoïerent leurs ambaffadeurs aux deux rois de France Proteftans & d'Angleterre, pour les folliciter l'un & l'autre à au marquis les fecourir. Mais les réponfes qu'ils en reçurent de Brande leur firent comprendre qu'ils ne devoient pas réponse. bourg, & fa compter fur le fecours qu'ils demandoient. Le Sleidan quinziéme de Juillet ils écrivirent au marquis de ibid. ut fuBrandebourg, & le prierent qu'en confideration pra lib. 17. de fon alliance avec les Proteftans, dans la liguefag. 603. defquels il étoit entré, il ne prît point les armes contr'eux, & s'en tînt aux conditions de la li gue, qu'autrement ils apprendroient au public La lâche conduite & le violement de fes promeffes. Ce prince leur répondit qu'il étoit engagé avec l'empereur, comme officier de fes armées, & qu'il perfifteroit dans fon fervice, parce que ce prince avoit déclaré, & lui avoit même affuré pofitivement qu'il n'en vouloit point à la religion. Qu'il ne nioit pas qu'il ne fût de la ligue de Smalkalde, mais feulement par rapport à la confeffion d'Ausbourg: Que quant à l'alliance particuliere, l'empereur y étoit nommément excepté. C'est pourquoi, ajoûta-t-il, vous ne devez pas trouver mauvais que je ferve fous ce prince, ni Tome XXIX.

H

pu

AN.1546. née, puifque je n'ai rien promis que par rapport publier que j'agis contre la foi que je vous ai donà la défenfe de la religion. Les Proteftans aïant reçû cette réponse, firent imprimer un écrit dans lequel ils refutoient les raifons du marquis de Brandebourg, & prouvoient par fes lettres mêmes qu'il étoit obligé de les fecourir eux & leurs alliez, fi la chofe l'exigeoit, & fi on leur décla roit principalement la guerre, comme faifoit l'empereur.

VII.

pape con

teftans.

De Thou. hift, liv. 2. #.7.

le

Pendant tous ces mouvemens le pape publia Bulle du à Rome le quinziéme de Juillet une bulle dans tre les Pro- laquelle après avoir parlé du foin qu'il avoit apporté pour procurer le falut de ceux qui s'éSleidan toient feparez de l'églife, du concile qu'on avoit ibid. p. 604. commencé, de l'opiniâtreté des heretiques, qui méprifoient toutes les loix, il exhorte les fidéles à recourir à Dieu par les jeûnes & par les prieres, par la reception des facremens, afin que Seigneur répande fes benedictions fur la guerre qu'on va entreprendre pour la défense de fon faint nom, l'extirpation des herefies, & la paix de l'églife. L'empereur voulut auffi faire un coup d'éclat, en faisant publier dans toutes les provin ces de fes états avec les ceremonies accoûtumées, qu'il avoit mis au ban de l'empire, comme traitres & rebelles, Jean Frideric électeur de Saxe, & Philippe Lantgrave de Heffe; qu'il les décla roit perturbateurs du repos public, violateurs de la foi qu'ils lui avoient jurée, rebelles aux loix inviolables de l'empire, ufurpateurs & raviffeurs des biens de l'églife & de provinces entieres ; qui pour mieux couvrir leurs fraudes, fe fervoient du prétexte de la religion, de la paix & de la Jiberté publique d'Allemagne pour féduire plu fieurs princes & états de l'empire, n'épargnant aucun artifice pour les tirer de l'obéiffance qu'ils devoient à l'empereur; ce qui faifoit connoître jufqu'où étoit allé leur perfidie, leur mechance

té,

té, & leur injufte rebellion contre l'églife & con-
tre l'état. Ce ban avoit été publié le vingtiéme
de Juillet. Mais les deux princes avoient prévenu
cette procedure.

AN.1546.

VIII.

Le Lant

grave met

Car quoique l'empereur eut fait tous fes efforts pour affembler fecretement fon armée, afin d'attaquer les alliez de Smalkalde avant qu'ils fuf- fes troupes fent en état de fe défendre; ils fe trouverent en campatoutefois fur leurs gardes : & dès le feiziéme degne. Juillet le Lantgrave mit fes troupes en campa- Sleidan ibid. Egne, après avoir envoïé à Strasbourg ville bien P. 604.

017

es,

606.

fortifiée, le prince Guillaume fon fils aîné âgé Belcar. in o de feize ans, pour être en fûreté. Ceux de la comment. 1. qui haute Allemagne aux environs d'Ausbourg fe 24.11. 22. mirent les premiers en marche, pour aller au-devant de l'armée du pape qui n'étoit pas éloignée. L'empereur de fon côté partit de Ratisbonne au la commencement d'Août après y avoir mis une q bonne garnifon, & alla camper entre l'armée des ennemis & Lanshut fur la rive droite de l'Ifer dans un pofte avantageux entre Munik & Ratisbonne. Là il attendit les troupes du Pape qui, m malgré la vigilance des Proteftans, le joignirent pole feptiéme d'Août au nombre de dix mille hommes, & de quinze cens chevaux. Peu de tems après il reçût les Efpagnols qu'il avoit fait venir de Hongrie, enforte que fon armée se trouvant forte de quarante-cinq mille hommes tous gens choifis, il fut en état de marcher & d'agir contre les conféderez.

100

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de

IX.

teftans fe

Ceux-ci commencerent par la prife de quelques places, qui fe trouverent fur leur route. Ils Les ProTe rendirent maîtres de Dillingen ville qui appar- rendent tenoit à l'évêque d'Ausbourg, le vingt-troifiéme maîtres de de Juillet, & de Donavert, dont les habitans Dillingen furent fommez de fe rendre; ce qu'ils ne firent

& Dona

vert.

qu'après qu'on eut commencé l'affaut. L'éle- Sleidan ibid.
teur de Saxe & le Lantgrave de Heffe com-
p. 605.
mandoient l'armée en chef, & ils avoient fous Belcar. n.

H 2

eux 22. & feq.

De Thoss

de Charles V.

pag.243.

AN.1546. eux pour generaux Jean Erneft frere de l'éle&teur de Saxe, Jean Frederic fils du même élehik.lib 2. &teur, Philippe duc de Brunfwik aves fes quaD. Antonio tre fils, François de Lunebourg, Wolfang prince de Vera hift d'Anhalt, Chriftophle d'Henneberg, Guillaume de Wirtemberg, Chriftophle d'Oldembourg, Hubert de Bichling, avec quelques autres. Un hiftorien de la vie de l'empereur décrit ainfi les devifes orgueilleufes de leurs étendarts. Celui du Lantgrave portoit ces mots: La coignée est déja à la racine de l'arbre, celui qui ne porte point de bon fruit, fera coupé & jetté au feu. Le duc de Saxe avoit fait mettre fur les fiens cette infcription plus modefte en apparence, mais plus fauffe: Sauvez vôtre nom, Seigneur, & le roi de Dannemark qui étoit du même parti, avoit pris pour fa devife: Tes liberateurs viendront du Septentrion. Ce qui parut exceffif même aux confederez. Les rebelles qui fçavoient la marche de l'empereur s'avancerent près de fix lieuës, & envoïerent un page & un trompette lui déclarer la guerre, avec une lettre attachée au bout d'une pique, comme c'étoit alors la coûtume d'Allemagne. Le duc d'Albe la reçut & leur dit que pour toute réponse il alloit les faire pendre. Mais Pempereur leur accorda la vie.

X.

armées

s'efcarmou

Les deux, Les troupes du pape & les Espagnoles aïant joint P'empereur, ce prince revint à Ratisbonne; & les appro- Proteftans, dans la perfuafion qu'il avoit deffein chent & de paffer dans la Mifnie & dans la Saxe, jettechent. rent deux ponts fur le Danube, pafferent ce fleuBelcarius ve, & s'étant un peu avancez, ils apprirent que mt fupra l'empereur avoit pris fa route vers Ingolftad; & 24.2. 23. qu'après avoir campé fur la rive du Danube à Antonio de Neuftat, il avoit fait traverser ce fleuve à fon Vera, hift, de armée fur deux ponts faits à la hâte de petites 246. & barques & de fafcines. De-là l'empereur s'appro247. cha d'Ingolftad, & le trentiéme d'Août les ennemis qui étoient redoutables par leur nombre s'é

Charles V.

De Thou

hift. lib. 2.

tant

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