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AN.1545.1

XVII.

contre les

heretiques.

toute la pâte, & que ces fectes pourroient tellement s'étendre & fe fortifier qu'il feroit trèsdifficile enfuite de les déraciner au préjudice de l'églife, de la foi catholique, & de la faculté de theologie, comme elle l'éprouve tous les jours. C'est pourquoi de l'avis du premier president Lizet & d'autres, elle lui écrit ces prefentes, pour le fupplier humblement d'arrêter ces perni cieufes fectes, & de les extirper entierement, d'ordonner à fes promoteurs, officiers & doïens ruraux, qu'ils veillent à la confervation du dépôt de la foi, qu'ils arrachent l'yvraïe du dio cefe, avant qu'elle étouffe le vrai plant de JESUS-CHRIST. Et la faculté offre fes foins & fon zele pour le fecours de fes officiers, affu rant qu'on la trouvera toûjours prête à les fervir. Dans la même année elle envoïa au parle ment de Rouen fa cenfure des propofitions qu'il lui avoit déferées, & le catalogue des livrest qu'elle avoit défendus.

engager

L'infatigable Cochlée continuoit de même à Ouvrares s'oppofer aux heretiques. Bucer avoit écrite trois de Cochléelivres en Allemand aux membres de la diéte de Wormes, pour les à demander un conCoch'aus in cile national plûtôt qu'un general, & avoit réat. fr. pandu dans cet ouvrage beaucoup de termes inLutheri. hoc jurieux contre le pape, & tout l'état ecclefiaftiannop.310, que, contres les édits de Wormes & d'Ausbourg,

contre les facremens & les ceremonies de l'Egli-
fe en s'offrant de prouver dans une difpute
tout ce qu'il avançoit. Cochlée indigné de voir
une fi grande temerité dans cet heretique, écri-
vit une lettre latine aux princes & aux deputez
des villes catholiques, & l'envoia d'Eichtet à
Wormes, par un meffager exprès. Il les
juroit de fe donner de garde des menfonges &
des impoftures de Bucer, & fe foumet à fouffrir
la peine du talion, s'il ne le convainc devant des

y con

ju

AN.1545

312.

juges integres, & de fes erreurs dans la foi, & de fa vie déreglée. Cette lettre aïant été lûë publiquement & par les catholiques & par les Proteftans : Bucer y fit auffi-tôt une reponse latine affez ample; & Cochlée ne manqua pas d'y repliquer dans la même langue, aïant tiré de fon livre dix-huit propofitions, fur lesquelles il demanda à difputer contre fon adverfaire devant des juges. Mais Bucer n'accepta pas ce parti. Dans la même année Cochlée publia en latin Cochas ubi fupra p. un recuëil d'œuvres mêlées, qui contenoit trente traitez, Nous avons parlé de plufieurs. Il compofa encore des confiderations fur le traité de la concorde contre deux écrits des Lutheriens : un effai contre les quatre conjectures d'André Ofiander fur la fin du monde; une replique à l'Anticochlée de Mufculus touchant le facerdoce & le facrifice de la nouvelle loi, avec une réponse à l'Antibole de Bullinger; & deux additions contre le traité que Bucer avoit publié contre Barthele mi Latomus: de plus un traité contre le hibou du nouvel évangile; un autre de la veneration des reliques contre Calvin; un écrit fur l'accord fait avec les Proteftans à Ratisbonne contre le même Calvin: & une défense en allemand, du facerdoce & du facrifice. Il dit que tous ces écrits serviroient à refuter une nouvelle herefie qui s'élevoit dans plufieurs villes de la Souabe, & qui renouvelloit en partie les erreurs des Manichéens.

XIX.

contre les

Luther fit auffi contre les trente-deux articles des théologiens de Louvain, un écrit allemand Ecrit de & latin en foixante-quinze propofitions, & le Luther répandit de tous côtez: Il y difoit en pre- 32. articles mier lieu que tout ce qui s'enfeigne dans l'é-de Louvain. glife indépendamment de la parole de Dieu, Cochlens cft impieté & menfonge, que fi on l'établit ahi fupra p. comme article de foi, c'eft encore une impie- 311. té, c'est une herefie; que celui qui y ajoûte

art.

317. in 4.

foi, eft un idolâtre, & honore le demon en la AN.1545. Beffect. hift place de Dieu. D'où il concluoit que les Lovanides variat, ftes étoient idolâtres & heretiques, en affurant 10. 1.4.6. qu'il y avoit fept facremens, fans être fondez 34 fur la parole de Dieu; que la doctrine de la fyRaynala nagogue des Lovanistes touchant le baptême, hoc anno n.doit être condamnée comme heretique: qu'il 64. faut rejetter leur opinion touchant l'ufage de l'euchariftie, étant pleine de profanation, d'herefie & d'idolâtrie. Qu'offrir la meffe pour les défunts, c'est être heretique, c'eft blafphemer, & que c'est un menfonge de dire que la messe ait été inftituée par JESUS-CHRIST. Il rejettoit encore le mariage comme facrement; il déclamoit contre l'églife qu'il appelle l'églife papale, qui ne tend qu'à ruiner l'églife de JESUS-CHRIST. Et comme ceux de Zurich avoient été attaquez chef de la nouvelle reforme, ceux-ci ne l'épargnerent pas dans leur réponse. Ils la firent en latin & en allemand.,, Les prophetes & les apô,, tres, difoient-ils, ne cherchoient que la gloire ,, de Dieu, & non pas la leur; ils n'étoient ni fuperbes, ni entêtez, ils n'avoient en vûë que », le falut des pecheurs. Mais Luther ne penfe ,, qu'à fes interêts, il eft opiniâtre, il eft infolent à outrance, & livre auffi-tôt à fatan tous ceux qui ne foufcrivent pas à fes fentimens. Dans tous fes avertiffemens & fes corrections on re,, marque un efprit malin, & non pas un cara&tere d'ami & de pere.

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En effet, on ne peut rien voir de plus furieux & de plus emporté que ce que Luther écrivit contre les docteurs de Louvain & contre les Sacramentaires, dans cette année, & fes difciples ne peuvent voir fan's honte les prodigieux égaremens de fon efprit. En écrivant contre les premiers, tantôt il fait le bouffon, mais de la maniere du mende la plus baffe, il remplit toutes

fes

fes théfes de ces miferables équivoques, vaccultas au lieu de facultas, cacolyca ecclefia, au lieu de catholica, parce qu'il trouve dans ces deux mots vaccultas & cacolyca, une froide allufion avec les méchans & les loups. Pour fe moquer de la coûtume d'appeller les docteurs nos maîtres, il appelle toûjours ceux de Louvain, noftrolli magifirolli, bruta magiftrollia croïant les rendre fort odieux & fort méprifables par ces ridicules diminutifs qu'il invente. C'eft ainfi qu'il oublioit toute pudeur, & qu'il ne fe foucioit pas de s'expofer luimême à la rifée publique, pourvû qu'il pouflät tout à l'extremité contre fes adverfaires.

Les Zuingliens quoique fes fectaires en partie, ne furent pas mieux traitez. Il publia une explication fur la Genese, où il mit Zuingle & Oecolampade avec Arius, avec Muncer & les Anabaptiftes, avec les idolâtres qui fe faifoient une idole de leurs penfées, & les adoroient au mépris de la parole de Dicu. Dans fa petite confeflion de foi qu'il publia enfuite, il les traita d'infenfez, de blafphêmateurs, de gens de néant, de damnez, pour qui il n'étoit plus permis de prier, & protefta qu'il ne vouloit plus avoir avec eux aucun commerce ni par lettres, ni par paroles, ni par ceuvres, s'ils ne confeffoient que le pain de l'euchariftie étoit le vrai corps naturel de Notre-Seigneur, que les impies & même le traître Judas ne recevoient pas moins par la bouche que faint Pierre & les autres vrais fidéles. Par-là il crut mettre fin aux scandaleufes interpretations des Sacramentaires, qui tournoient tout à leur fens ; & il déclara qu'il tenoit pour fanatiques ceux qui refuseroient de foufcrire à cette derniere confeffion de foi.

AN.1545.

XX.

Calvin écrivit à peu près du même ftile con- Calvin écrie tre deux faux devots, libertins réels, qui, fous à la reine prétexte de spiritualité, s'étoient infinuez dans de Navar

l'ef.re.

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Bezem vi

l'efprit de la reine de Navarre & l'avoient infatuée AN.1545 de leurs vifions. Un ftile plus moderé & des raita Calvini fonnemens plus folides euffent peut-être confonadan.1544 du les deux vifionaires & ramené la reine : mais

las Calzini

epift. 62.

Inter epifo-les emportemens de Calvin n'inftruifirent perfonne & ne firent qu'irriter cette princeffe. Elle lui en fit faire des plaintes, & lui écrivit elle-même une lettre où elle n'oppofe prefque que de la douceur & de la moderation aux vivacitez & aux emportemens de fon adverfaire. Elle y tâche de justifier fa conduite & de montrer qu'elle n'avoit pas eu tort de donner fa confiance aux deux perfonnes qui avoient fi fort échauffé la bile de Calvin. Mais cette princesse avoit été abusée, & elle ne s'étoit point apperçûë que ces deux prétendus docteurs n'étoient que des hypocrites. Sa lettre eft du vingtiéme d'Avril 1545.

cement des

P.99.

XXI. En France, les difciples de Calvin quoique caCommen- chez, ne laiffoient pas de répandre leurs erreurs églifes re- & de faire quelque progrès. Ils commencerent formées en cette année une espece d'église à Paris qui s'accrut France. avec le tems. Un certain gentilhomme du Maine, Beze in hift. nommé de la Ferriere, homme très-ignorant, & ecc. lib. 2. à qui un zele outré pour les nouvelles opinions tenoit lieu de science, croïant pouvoir éviter à Paris les recherches que l'on faifoit dans fon païs contre les nouveaux fectaires, fe retira dans cette ville. Sa femme qu'il avoit amenée avec lui y étant accouchée, il ne voulut jamais que fon enfant reçût le baptême par les mains des Catholiques, ni avec les ceremonies ufitées de tout tems par l'églife. Il s'emportoit avec fureur contre ces ceremonies, & les traitoit d'impies, fans pouvoir dire en quoi confiftoit leur impieté. Cependant ne voulant pas laiffer mourir fon enfant fans baptême, il envoïa prier quelque nouveau fectaire de venir le lui adminiftrer. On fit de grandes difficultez d'abord, il fit des inftances

en

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