& l'autre retomberent fur une partie de ceux qui AN.1546. Le duc de Nortfolck, Gardiner évêque de Winchefter en fut difgra- XXXIV. cié, & le roi lui fit faire défenfe d'affifter au confeil; mais l'orage tomba principalement fur & le comte le duc de Nortfolck & le comte de Surrey fon de Surrey fils, qui furent mis à la tour de Londres fous font mis à prétexte qu'étant pour la religion catholique, illa cour. es ay avoit quelque lieu de craindre, qu'après la mort Mylord ; du roi, ils n'empêchaffent le prince Edouard de Herbert hift. monter fur le trône, & ne fiffent tomber la cou- ci vin. regn. Henrironne fur la princeffe Marie. Il y a apparence qu'on ne fut pas fâché de fe fervir de ce pretexte pour perdre deux princes qu'on voïoit avec peine, & pour colorer ce pretexte, dès qu'ils furent prifonniers, on fit fçavoir au public que ceux qui auroient à dire quelque chofe contre eux, feroient favorablement écoutez. On ne manqua pas de trouver des gens qui dépoferent que le duc & le comte avoient des deffeins pernicieux contre l'état, & qu'ils n'attendoient la mort du roi pour les faire éclater; que c'étoit la raifon pour laquelle le comte de Surrey devenu veuf, avoit refufé plufieurs grands partis dans le deffein d'époufer la princeffe Marie, & l'on fçut faire valoir ces accufations quand on crut qu'il en étoit tems. טון 1 1 que du roi Hea fion. Jufqu'alors Henri ne fembloit s'être familiari- XXXV. fé avec le crime, que pour faifir les occafions de Teftament punir fes propres enfans & leurs meres. En repu- ri vIII. diant Catherine d'Arragon, il avoit fait déclarer pour établir bâtarde la princeffe Marie fa fille; & en faifant la fucceftrancher la tête à Anne de Boulen, il avoit traité Elifabeth née de ce mariage, comme Marie, il les avoit même rendu incapables de fucceder à la couronne. Un teftament plus murement fait 100. & féq. rectifia ces effets de fa mauvaise humeur : & voici la maniere dont il regla la fucceffion felon le pou Tome XXIX. I voir Acts publics Anglet. tom. 15. voir qui lui en avoit été accordé par l'acte du AN.1546. parlement de 1543. Edouard fon fils & toute fa pofterité devoit lui fucceder immediatement : & en cas qu'il vint à mourir fans enfans, la princeffe Marie étoit nommée en fecond lieu, & fa pofterité, à condition qu'elle ne fe marieroit point fans l'avis & le confentement de ses executeurs teftamentaires, qui fe trouveroient alors en vie, fans quoi elle feroit déchuë de fon droit. En troifiéme lieu, la princeffe Elifabeth fous les mêmes conditions que Marie. En quatriéme lieu Françoife Brandon fille aînée de Marie fa foeur & du duc de Suffolck. En cinquiéme lieu, Eleonore Brandon, foeur cadette de Françoise. Enfin il ajoûtoit que s'il arrivoit que toutes les perfonnes ci-deffus nommées mouruffent fans pofteri. té; la couronne pafferoit à la plus proche héritiere. Par-là il ne pouvoit entendre que la jeune Marie reine d'Ecoffe petite-fille de Marguerite fa foeur aînée, qui, felon l'ordre de la nature, auroit dû préceder les enfans de Marie fœur cadette du roi. Ce teftament étoit datté du trentiémé Decembre 1546. & il y nommoit pour fes executeurs treize feigneurs dont la plûpart étoient membres de fon confeil privé, l'archevêque de Cantorberi, le grand chancelier, le comte d'Hartford & d'autres. XXXVI. que fit Hen ri vill. par Outre cet arrangement, il fit encore plufieurs Legs pieux autres difpofitions par ce teftament, il laiffa quatre mille cinq cens livres de rente à la ville de Lonfon tefta- dres pour fonder un hôpital fous le nom de J. C, ment. & joignit à ce don celui de l'églife des Cordeliers Burnet hift. proche de la porte neuve; il donna auffi dequoi de la ref. t. bâtir & dequoi renter le college de la Trinité dans liv. 3.P la ville de Cambridge. De plus Henri ordonnoit dans la re- à fes executeurs de païer toutes fes dettes; il fat. de San- faifoit le prince Edouard fon fils héritier de fes Le grand meubles, argenterie, joïaux, artillerie, &c. Il affense de donnoit à Marie & Elisabeth fes filles une pen 1. 479.6 der. n. 120. fion de trois mille livres fterling jufqu'à leur mariage, & à chacune une dot de dix mille. Il le- AN.1546. guoit à la reine fa femme trois mille livres fterling outre fon doüaire. Ban erus. tom. 2. pag. 233. tes commencent Gandie. Ce fut en cette année 1546. que les difciples xxxvII. d'Ignace de Loyola commencerent à enfeigner Les Jefui dans l'Europe, les humanitez & la philofophie; c'étoit fix ans après la confirmation de leur in- enfeigner ftitut. François de Borgia duc de Gandie qui dans l'Euavoit été viceroi de Catalogne, fut le premier rope qui leur ouvrit cette carriere. Ce prince aimoit ces nouveaux clercs ou religieux, & comme il. Orlandin. étoit veuf, il penfoit même à entrer parmi eux, satis lib. 7. in mft, fociece qu'il fit l'année fuivante: mais en attendant,n. sz. il fonda dans la ville de Gandie un college où ces peres puffent enfeigner, non feulement les humanitez, mais encore la philofophie, & même la theologie. Le pere le Fevre qui étoit alors à Valladolid, fe rendit par ordre de fon general auprès du duc pour travailler à ce nouvel établiffement, & auffi-tôt que tout fut prêt, on y envoia de profeffeurs. Afin que ce college devint plus celebre, le duc obtint du pape & de l'empereur qu'on l'érigeroit en univerfité, & que les écoliers qui y prendroient des degrez, auroient tous les privileges dont jouïffoient les graduez d'Alcala & de Salamanque. Saint Ignace fit luimême des reglemens pour ce college. Ils s'enga noncer aux Ce general voulant bannir toute ambition de XXXVIII. fa focieté l'avenir comme pour le prefent, pour obtint du pape une exclufion perpetuelle de tous gent à re les benefices, évêchez, abbaïes & autres pouré vêchez. tous fes difciples, & ceux qui leur fuccederoient. Ce qui lui donna occafion de faire cette demande au pape, fut le choix que Ferdinand', roi des Romains & frere de l'empereur venoit de faire du pere le Jay pour remplir l'évêché de Triefte. Ce pere étoit alors à Trente, & ce fut là qu'il reçut des lettres du prince qui lui man I 2 doit doit le choix qu'il avoit fait de lui; mais FerdiAN.1546 nand n'aïant pú obtenir fon confentement, pria le pape de lui ordonner lui-même d'accepter cette dignité, & ordonna à fon ambaffadeur de pourfuivre vivement cette affaire. Ignace informé de tout, en écrivit à Ferdinand qui après le avoir reçû cette lettre, ne penfa plus au pere Jay, & chargea fon ambafladeur de le dire au pape. Mais comme d'autres pouvoient y penfer à l'avenir, Ignace follicita l'exclufion dont nous venons de parler, & l'obtint. fa XXXIX. compa gouverne in vita B. Ignatii l. 3. la l'efti per Le defintereffement d'Ignace augmenta Saint Igna- me que l'on avoit pour lui, & il eut des Y ce délivre fonnes, mêmes de l'autre fexe, qui voulurent gnie du fe foumettre à fa difcipline. Ifabelle Rozella fa bienfaictrice, eut tant d'envie de le revoir, qu'el ment des le alla d'Efpagne à Rome pour se mettre fous fa religieufes direction. Elle fe joignit avec deux dames RoRibadeneira maines, & toutes trois obtinrent du pape permiffion de faire les mêmes vœux que les Jefui.14.p.236.tes. Ignace ne s'y oppofa pas d'abord, quoiqu'il Bouhours connut bien que ces fortes de directions ne convie de faint venoient gueres à fon inftitut; fa reconnoiffance Igna e. 1. 4.& le petit nombre de ces religieufes l'y détermi$4.292. nerent; mais il ne fut pas long-tems fans s'en repentir, bien-tôt il avoua que gouvernement de trois devotes lui donnoit plus de peine que toute fa compagnie. On ne finiffoit jamais avec dles, il falloit à toute heure refoudre leurs queAtions, guerir leurs fcrupules, écouter leurs plaintes, terminer leurs differends, & il éprouva qu'outre le tems que perdent les perfonnes de ce Caractere, elles en font encore beaucoup perdre à ceux qui les conduifent, fans en devenir ni plus tranquilles, ni fouvent plus reglées. C'eft ce lui dece qui Pengagea de recourir au pape pour mander de le décharger de ce fardeau, lui & fa compagnie. Sur fes raifons, le pape fit expedier des lettres apoftoliques par lefquelles il exemta les le Fe Jefuites du gouvernement des femmes qui voudroient vivre en communauté, ou feules, AN1546. ear l'obéiffance de la compagnie. fous Guillaume fé. Dans l'année precedente ou en 1544. Ignace XL. acquit pour fa compagnie un fujet qu'il fut bien- Poftel entot après obligé de renvoier. C'étoit Guillaume tre dans la per Poftel né d'une famille affez pauvre à Baranton focieté, & dire village du diocefe d'Avranches dans la baffe Nor- en est chaf pamandie, le vingt-cinquième de Mars 1510. fetlon l'opinion la plus füre. Aïant perdu fes parens ft. fecist. de bonne heure, il fortit de fon païs & vint âgé eft. 1.5. alt de treize ans à Say village près de Pontoife dans le n. 3. ad ann. es Vexin, où il trouva moïen, malgré fa grande '545% Orlandin Boxbours Memoires de litteratu tom.1.8.22. jeuneffe, de fe faire maître d'école. Après y avoir uhi fupra l. amaffé quelque argent, il vint à Paris pour con- 4. p. 260. tinuer fes études, mais il eut le malheur de tom. & suiv. ber entre les mains de quelques fripons qui lui entporterent la nuit pendant qu'il dormoit, le peu re de Sa'end'argent qu'il avoit & tous fes habits, enforte gr 1715. qu'ils le laifferent dans une très-grande difette. Le froid qu'il eut à fouffrir dans l'état où cet accident l'avoit reduit, lui caufa une diffenterie qui le conduifit à l'hôpital, où il demeura plus de deux ans pour se rétablir. A peine eut-il commencé à reprendre fes forces, que la cherté des vivres qui étoit extraordinaire à Paris dans cette année-là, le força de quitter cette ville, & de s'en aller en Beauffe dans le tems de la moiffon pour y glaner. Son industrie & fon travail lui procurerent de quoi acheter un habit, & fournir aux frais du voiage qu'il fit à Paris dans le mois d'Octobre fuivant. Sitôt qu'il y fut arrivé, il fe mit en fervice dans le college de fainte Barbe, où il commença à étudier avec une grande application. Aiant appris qu'il y avoit encore des Juifs, & qu'ils fe fervoient des caracteres hebraïques, il fit tant qu'il trouva un alphabet hebreu, qu'il fçut bien-tôt par cœur, & aïant ensuite acheté une 1 3 gram |