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nuire; attendu qu'il faut regarder à ce que le AN-1547. fidéle reçoit, & non pas celui qui le donne, Mais cela importe aux Catholiques, qui, comme il eft vrai, attribuent au facrement l'efficacité pour donner la grace à tous ceux qui n'y mettent point d'obftacle, puifqu'il arrive rare. ment que la grace s'obtienne par un autre moïen; comme en effet les enfans & les gens fimples n'arrivent au falut que par cette voie, & les hommes ordinaires ont de fi foibles difpofitions; qu'elles ne fuffiroient jamais fans le facrement; de forte qu'il importe aux chrétiens de fçavoir s'ils reçoivent un vrai & efficace facrement. Car fi un prêtre qui a la charge de quatre ou cinq mille ames eft incredule, mais bon hipocrite; & fi dans l'abfolution de fes penitens, dans l'administration du baptême, & dans la confecration de l'euchariftie, il a une intention fecrete de ne point faire ce que l'églife fait, il faudra dire que tous les enfans de cette paroiffe font damnez, les pénitens non abfous, & tous les communians auffi vuides que s'ils n'avoient rien reçû.

tous

Et il faut pas dire que la foi y fupplée. Car pour les enfans, il eft certain que non: & quant aux autres, felon la doctrine catholique, la foi ne fçauroit faire l'effet du facrement, & fi elle le fait une fois, pourquoi ne le peut-elle pas faire toûjours? Or de donner tant de pouvoir à la foi, ce feroit ôter toute vertu aux facremens, & donner dans l'herefie de Luther. D'ailleurs quelle affliction feroit-ce à un bon pere, fi veiant fon enfant moribond, il venoit à douter de l'intention du prêtre qui l'auroit baptifé ? Quelle peine d'efprit auroit un homme qui n'aïant qu'une difpofition imparfaite en recevant le baptême, ne fçauroit fi le prêtre auroit l'intention de le baptifer, & craindroit que ce ne fut un faux chrétien qui en fit le femblant? Doute qu'on pourroit pareillement avoir dans la confeffion &

dans

dans la communion. Mais, dira quelqu'un, ces cas font rares. Plût à Dieu qu'il fut vrai, & que ce fiecle corrompu ne donnât pas fujet de croire qu'ils font très-frequens. Et quand mêmecela n'arriveroit qu'une fois, ne fe peut-il pas faire qu'un prêtre impie adminiftre le baptême, fansen avoir l'intention, à un enfant qui devienne évêque d'une grande ville, tienne long-tems le fiege, & ordonne beaucoup de prêtres? Or cet évêque comme n'aïant point été baptifé, ne feroit pas non plus ordonné, ni par confequent ceux qu'il auroit promûs: de forte que cette ville-là feroit fans l'euchariftie & la confeffion, qui ne fçauroient être fans le vrai facrement de l'ordre, & de l'ordre même qui ne fe peut conferer que par un veritable évêque. C'est ainfi que la feule action d'un miniftre impie feroit un million de nullitez dans les facremens..

Qu'on ne dife point que Dieu par fà toutepuiffance & par des remedes extraordinaires, fuppléeroit chaque jour aux befoins de ce peuple; car il eft plus sûr de croire que fa providence a mis fi bon ordre à tout, qu'il ne peut arriver de tels accidens. Dieu y a donc pourvû en ordonnant que le facrement qui feroit adminiftré avec les ceremonies qu'il a inftituées, feroit fon effet, quoique le miniftre eut une autre intention. Et cela ne repugne point à la doctrine commune des théologiens ni à la détermination du concile de Florence, qui dit que l'intention eft neceffaire. Ce qui ne fe doit pas entendre de Pintention interieure, mais de l'exterieure, ou plûtôt de celle que l'action exterieure montre, quoiqu'interieurement il y en ait une contraire.. Par où ceffent tous les inconveniens, qui autrement feroient infinis. Et là-deffus Catarin cita l'affaire qui arriva à Alexandrie, où des enfans joiiant fur le bord de la mer, fe mirent à imiter les miniftres de l'églife; & Athanafe qu'ils avoient

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AN1547.

AN.1547.

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articles fur

9.

choifi pour leur évêque en baptifa quelques-uns d'entr'eux qui n'avoient pas encore reçû le bap tême. Alexandre évêque l'aïant appris, fe fit amener tous les enfans qui avoient été du jeu, leur demanda ce qu'Athanafe leur avoit fait & dit, & fur leur rapport approuva ces baptêmes, comme faits dans toutes les formes de l'églife: preuve, continua Catarin, que cette action exterieure fuffit fans l'intention interieure du miniftre. Le concile ne condamna point cette opinion.

Enfin le quatorziéme article fur les facremens en general, où l'on difoit que les facremens n'avoient été inftituez que pour nourrir la foi, fut condamné fans difficulté eu égard à ce qui avoit été dit fur les autres.

L'on examina enfuite les articles qui concer On exa. noient les deux baptêmes. Les deux premiers mine les furent cenfurez fans difficulté. Sur le troifiéme, le baptême. on convint que le baptême conferé par les herePallav, bi tiques eft bon, quand ils y appliquent la matiere -Supra lib. & la forme, & Pintention fuivant le concile de ap. 7. .7. Florence. La plûpart furent d'avis d'omettre le quatriéme article, qui porte que le baptême eft pénitence; parce que les évangeliftes difent que S. Jean a prêché le baptême de penitence, que S. Paul appelle le baptême du nom de péniten ce, & que plufieurs peres ont parlé de même; enforte que fi l'on condamnoit cet article, ce ne pouvoit être que dans le fens, que le baptême eft le facrement de pénitence. Les cinq, fix fept & huitiéme furent auffi cenfarez. Les neuf & dixiéme qui parloient du baptême de S. Jean fouffrirent quelques difficultez; mais ils furent condamnez en ce que les heretiques fembloient égaler ce baptême avec celui de J. C, quoique la difference paroiffe dans les propres paroles de Matt. 111. ce faint précurfeur, lorfqu'il dit: Je vous baptife dans l'eau, mais celui qui viendra après moi,

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vous baptifera dans le Saint-Efprit & dans le feu; comme s'il avoit voulu dire: Le baptême qu'il AN-1547 vous donnera, ne fera pas feulement comme le mien, une céremonie exterieure faite fur vos corps; mais il vous donnera le Saint-Esprit, qui, comme un feu, pénetrera jufqu'au fond de vos ames, & les purifiera de leurs fouillures. On apporta plufieurs explications des faints peres pour montrer que le baptême de S. Jean n'étoit que dans l'efperance de la remiffion des pechez, qui ne devoit être obtenuë que par celui de J. C. dont le premier préparoit la voïe. Ainfi la propofition étoit digne de cenfure, en ce que les heretiques égalant ces deux baptêmes, inferoient que comme celui de S. Jean ne donnoit pas la grace, mais n'en étoit qu'un figne, celui de J. C. ne la donne pas non plus.

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Sur l'onziéme article qui parloit des céremonies, quelques-uns vouloient qu'on diftinguat les effentielles des accidentelles, difant qu'il n'y avoit que les premieres qu'on ne pouvoit omettre, fans peché. D'autres foutenoient qu'excepté le cas d'une neceffité preffante, on ne peut en omettre aucune, puifque l'églife qui eft regie par le SaintEfprit, aïant inftitué les unes & les autres, les font toutes neceffaires à caufe du précepte quoiqu'elles ne foient pas de la fubftance du baptême. Ils alleguerent plufieurs decrets, des papes & des conciles qui parlent de quelques-unes de ces céremonies, qui feroient inutiles, fi chacun avoit la liberté de les changer. Et quoique l'immérfion fut la figure la plus expreffe de la mort, de la fepulture & de la refurrection de J. C, l'endroit de l'article qui en parle, ne laiffa pas d'être condamné de tous les théologiens, feulement parce que l'afperfion & Pinfufion de l'eau dont parlent les prophetes, fe devoit entendre litteralement du baptême. Les trois articles fuivans douze, treize & quatorziéme qui traitoient

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du baptême des enfans, éprouverent la même AN.1547 condamnation, auffi-bien que le quinziéme, conformément à une cenfure de l'univerfité de Paris qui condamna Erafme là-deffus. Le feiziéme aïant beaucoup de connexion avec le quatriéme, fut cenfuré de même, comme détruifant la pénitence un des fept facremens. Enfin le dixfeptiéme étoit contraire au propre miniftere du baptême, au commencement duquel le catechu mene eft averti, que s'il veut aller au ciel, il faut qu'il obferve tous les commandemens.

CXVIII

des articles

du facre

ment de

tion.

ibid. lib. 9.

On pourfuivit de même les articles du facreExamen ment de confirmation, qui n'étoient qu'au nombre de quatre; & les trois premiers ne fouffrirent point de difficulté. On cenfura le premier confirma- qui nioit qu'elle fut un facrement, & le fecond, qui difoit qu'elle ne contenoit aucune promeffe Palav. de la grace. Quant au troifiéme, où l'on difoit sap. 7.8.10.qu'autrefois ce n'étoit qu'un compte que les enfans rendoient de leur foi en préfence de l'églife, on cita plufieurs paffages des conciles & des anciens auteurs qui parlent de crême & d'onction, noms qui ne conviennent point à ce compte ni à Pinftruction, & l'on dit que fi cette ceremonie s'étoit pratiquée quelquefois, elle ne faifoit pas Peffence de ce facrement. Ainfi l'on condamna Lather lib. Popinion de Luther, qui reprend l'églife d'avoir de captiv fait de l'impofition des mains un facrement, en Babylonica. difant, qu'on peut faire un même facrement du pain, parce que Pécriture dit qu'il fortifie. Pour nous, dit-il, nous cherchons des facremens d'inAtitution divine, ce que n'a point la confirmation, qui n'eft qu'un rite ecclefiaftique & une ce remonie facramentale, femblable aux ceremonies de la benediction de l'eau & d'autres chofes. Calvin lib. De même Calvin qui enfeigne que c'étoit autre4. inflitat. fois une coûtume établie dans Féglife, de precap.19.§.4· Ïenter à l'évêque les adultes pour promettre d'ac

complir les mêmes devoirs qu'on exigeoit de

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