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AN.1547.

qui, felon toutes les apparences ne penferoit pas comme les legats, & ne voudroit pas ruiner fon propre ouvrage.

à

XXVI. Le cardinal Cervin répondit en peu de mots Réponse des legats ces remontrances de Pacheco, que le rapport au cardinal des medecins étrangers étoit incontestable

Pacheco.

&

que leur fageffe & leur reputation le rendoit d'un Pallav. plus grand poids que celui des medecins du païs ; bid. 3 que le deffein qu'on s'étoit propofé en indiquant le concile à Trente, étoit d'y attirer les Allemands, mais que cette raifon ne fubfiftoit plus, depuis que les Proteftans avoient prononcé dans deux de leurs dietes, qu'ils ne regardoient point ce concile comme légitime, & qu'ils n'y vouloient point affifter; que les catholiques excufoient leur abfence, tantôt fur la guerre, tantôt fur la crainte des heretiques; & qu'il n'y avoit aucune efperance de les y voir, à prefent que la pefte faifoit de fi grands ravages en Allemagne. Le cardinal de Monté reprenant les chofes de plus haut, dit qu'il étoit inutile de s'informer des curez pour fçavoir le nombre des morts, qu'il n'y avoit qu'à jetter les yeux fur les cimetieres, ou l'on voïoit beaucoup de foffes nouvellement couvertes, que pour rendre les effets de la maladie moins publics, & ne point allarmer les peres, avoit défendu de fonner les cloches, & de faire les funerailles en plein jour. Qu'il n'y avoit aucune comparaifon à faire entre les medecins de la ville & Fracaftor le plus habile e de toute l'Italie; & que fi ceux-là n'avoient pas voulu figner la confultation, c'étoit pour ne point, allarmer les habitans qu'ils avoient interêt de Que quand on dit t que pour transferer un concile, il faut un confentement unanime des peres, on ne peut le prouver, ni par raifon, ni autorité, ni par aucune loi, fur tout quand il y a une neceffité veritable, comme dans la conjoncture prefente, où il n'eft pas jufte jufte d'expo

3

il

menager,

par

fer

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AN.1547.

XXVII.

tranflation

fer à la mort tous les membres d'un co
concile.
Cependant la plupart des évêques Espagnols
furent de l'avis de Pacheco: l'évêque de Badajos Les évê-
entr'autres s'efforça de montrer affez au long, ques Elpa-
qu'il étoit neceffaire de continuer le concile à gnols s'op-
Trente en faveur des Allemands, qu'on n'avoit polent à la
déja établi
i qu'un petit nombre de dogmes fur la du concile.
foi, qu'il y en avoit moins fur la reformation Pallav.
des moeurs. Il fit une longue énumeration de ceibid. n. 5.
qui reftoit à examiner, & montra que cette dif- Raynald.
cuffion ne pouvoit pas fe faire fi commodément fupra.
ailleurs. Enfin ceux qui étoient de fon avis pro-
tefterent que n'y aïant aucun fujet légitime de
quitter Trente, ils n'en fortiroient pas, & que
L'autorité du concile fubfifteroit toûjours & y de-
meureroit avec eux. Mais les legats autorisez du
bref par lequel le pape, leur donnoit le pouvoir
de transferer le concile dans le tems & de la ma-
niere qu'ils jugeroient à propos, perfifterent dans
leur fentiment.

On s'affembla donc le lendemain dixiéme de xXVIII.
Mars pour
délibérer dans quel lieu le concile feroit Congrega-
transferé, mais on
fut un peu

fe déterminer. On

tion pour

embarraffé pour déterminer

ble de faire choi avoit qu'il n'étoit pas pofil- la tranfla→→

I.

d'aucun lieu fans la permiffion tion.. du prince à qui il appartenoit, & l'on ne fca- Pallav,ub voit presque à qui le demander. Dans cet embar-fupra lib. 9. ras, on jugea qu'il étoit plus court & plus facile cap. 15, no d'aller 3t ce dans l'état ecclefiaftique, fut alors que les legats propoferent la ville de Boulogne, la Viqui qui fut aggree de tous fouhaitoient la tranflation, Il n'y eut que ceux du parti de Tempereur qui s'y oppoferent, & peu s'en fallut qu'ils ne fiffent leur proteftation. Mais on ne fit aucun cas de leur oppofition. Le cardinal de Monté fe chargea d'avoir l'agrément du pape; & quant à l'empereur & aux autres princes, il dit qu'en les nommant dans le decret, on fatisferoit au refpect qui leur étoit dû; il ajoûta même que

pour

pour contenter ceux qui n'approuvoient pas la AN.1547 tranflation, on mettroit quelque mot qui feroit efperer qu'on retourneroit à Trente. Avant que de finir cette congrégation, on dreffa le decret, dont on fit la lecture, & l'on indiqua la feffion pour le lendemain matin qui fut le onze de Mars, après avoir chargé Severole promoteur du concile, de s'informer encore plus exactement de la maladie contagieufe & de l'intemperie de l'air.

XXIX.

l'on ordon

concile.

ibidem.

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46.

La huitiéme feffion fe tint le lendemain, feHuitiéme fon qu'elle avoit été indiquée. Les peres s'affemfeffion où blerent dans la falle de la grande églife, revêtus ne la tranf- de leurs habits pontificaux; & après les cérelation du monies & les prieres accoûtumées, le cardinal de Monté repeta en peu de mots ce qu'il avoit dit Pallav. la veille, & deux jours auparavant. Il confirma. Labbe col- que lui & fon collegue étoient affez difpofez à lect. concil. refter à Trente, ou à en fortir, felon le jugetom. 14. p. ment du conçile, quoiqu'ils euffent paru pan784&feq. chez pour ce dernier parti; mais il infifta enfuite Raynald. fi fortement fur la maladie contagieufe que l'on difoit regner rà Trente, fur le nombre des morts Extat in qu'elle avoit déja emportés, & fur le certificat decret, cont des deux medecins étrangers qui avoient declaré poft fell.7 in acis que tout étoit à craindre fi l'on demeuroit plus long-tems à Trente, il infifta, dis-je, fi fortement fur cet article, qu'il fut affé de juger qu'il panchoit encore pour le parti de la retraite, & que l'indifference qu'il affectoit de montrer n'avoit rien de réel; & en effet après avoir beaucoup parlé fur le fujet de la maladie, il fit lire, le procés verbal qui en avoit été dreffé, & la confultation des medecins. Après quoi il dit encore qu'après cela il n'y avoit pas d'autre parti à prendre, que de faire lecture du decret pour transferer le concile à Boulogne, qui avoit été approuvé par le plus grand nombre des évêques XXX. dans la derniere congrégation. Il étoit conçu en ces termes.„, Trouvez-vous bon fur ce qui vous

ar.klep. Aquens. Spond. hoc anno n. 4.

Decrer

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Labbe ut

i, a été expofé de la maladie qui court en ce lieu, AN.1547,,& fur ce qui en eft manifeftement & notoire- tranflation ment connu de tout le monde, d'ordonner & du concile déclarer que les prélats n'y pouvant demeurerà Boulogne. fans peril de leur vie, ils ne peuvent nine doi- Pallavicin. " vent y être retenus contre leur gré: & atten-ibid. n. 2. ", du auffi la retraite de plufieurs prélats depuis fupra p.785. ,, la derniere feffion, & les proteftations de plu,, fieurs autres dans les congrégations generales, qui voulant abfolument fe retirer auffi dans l'apprehenfion de cette maladie, ne peuvent être ,, retenus avec juftice; de maniere que par leur départ ou le concile feroit entierement diffous, ,, ou l'affemblée fe trouveroit reduite à un fi petit nombre de prélats, qu'il ne s'y pourroit rien », faire, eu égard enfin au peril évident de la vie, ,,& autres raifons notoirement veritables & legi,, times, alleguées par quelques-uns des peres dans lefdites congregations: Trouvez-vous bon ,, d'ordonner & de declarer pareillement, pour ,, le maintien & la confervation du concile, & ,,pour la sûreté de la vie des mêmes prelats qu'il eft neceffaire de transferer le concile pour », un tems en la ville de Boulogne, comme au lieu le plus en état, le plus fain & le plus pro», pre; & qu'il y foit dès à prefent transferé : Que la feffion déja affignée au vingt-uniéme ,, d'Avril y foit tenue & celebrée, & qu'on continue d'y examiner les matieres, jufqu'à ce qu'il foit jugé à propos par le très-faint pere & le faint concile, qu'il foit ou remis en ce », lieu ou transferé en quelqu'autre, après en avoir J communiqué avec l'invincible empereur, le roi très-chrétien, les autres rois & princes chrétiens. Ils répondirent, nous le trouvons bon. Placet.

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Ce decret fut approuvé par trente-cinq évê- XXXI. ques & trois generaux d'ordres. Mais le cardinal Oppofitions Pacheco à la tête de quinze évêques, fgavoir & des évêTa

de Pacheco,

cile de Trente

AN.1547. Tagliavia archevêque de Palerme, Viguier de ques Efps- Sinigaglia, Martel de Fiefole, Martiran de faint guols à ce Mare, de Heredia de Boffe, Fonfeque de Cadecret. ftellamare, de Salazar de Lanciano, de Bologne Fra-Paolo de Syracufe, Navarre de Badajos, Jacques de hift. du con- Alava d'Aftorgas, Auguftin d'Huefca en Arragon, le2.pag.250. Bernard Diaz de Calahorra, Antoine de la Croix des Canaries, Balthazar Limpo de Porto en Pallav. ubi Portugal, Galeas Florimond évêque d'Aquin, fupra lib. 9. cap.15.7.3.soppoferent au decret; & Pacheco dit que les témoins n'avoient pas été legitimement interrogez, le promoteur n'aïant reçû aucun ordre des peres du concile, dont plufieurs demandoient que ce foin fût commis à des évêques. De plus que ces témoins avoient affuré ce qu'ils ignoroient, puisque l'évidence convainquoit leurs dépofitions de fauffeté; qu'enfin les peres qui étoient du fentiment contraire, n'avoient point été appellez. Il ajoûta qu'on devoit avoir moins d'égard à la décifion de deux medecins étrangers, qu'au jugement des habitans; que le départ de plufieurs prelats venoit plûtôt d'ennui que de l'apprehenfion du danger, que le nombre des fuffrages pour la tranflation n'étoit pas fuffifant, n'allant p aux deux tiers, fuivant la décifion du concile de Conftance, parce que d'autres évêques s'étoient joints aux Efpagnols; & que quand il y auroit une vraie neceffité de fe tranfporter ailleurs, c'étoit une ville d'Allemagne qu'il falloit choifir, parce qu'il n'eft pas permis de paffer d'une province dans une autre. Qu'il étoit donc d'avis qu'on prorogeât la feffion, pour fournir aux peres un moien de fe délaffer & de fe délivrer de la vaine apprehenfion qu'ils avoient.

t pas

Les autres prelats Efpagnols confirmerent ce que venoit de dire Pacheco; & l'évêque de la Torre dit qu'il étoit dangereux pour la religion de transferer le concile dans un tems où les vitoires de l'empereur faifoient efperer de voir

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