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te de la premiere injuftice, conçut d'abord le AN4547 deffein de ne point obéir: mais comme il n'étoit pas le plus fort, il fuivit le confeil plus fage que lui donnerent le duc Maurice & l'électeur de Brandebourg, de prendre patience & de fe fou mettre encore à ce nouvel ordre. Ils lui promirent d'emploïer leur crédit le faire revoquer, & de ne point quitter la cour qu'on ne lui eut rendu la liberté. Ils allerent donc avec Pempereur à Naümbourg, continuant leurs follicitations. Mais trois jours après ce prince leur fit faire défenfe de paffer outre, avec menaces que s'ils venoient davantage lui parler de cette affaire, il feroit conduire le Lantgrave prifonnier en Espagne. Le duc Maurice & Pélecteur chagrins de fe voir ainfi rebutés, & ne fçachant plus comment vaincre l'opiniâtreté de l'empereur, firent fçavoir au Lantgrave la mauvaise iffuë de leurs démarches & de leurs follicitations, & le prierent de les excufer, s'ils ne fuivoient pas davantage l'empereur à caufe des ordres qu'ils ve noient de recevoir. Ils firent ajoûter pour tem perer en quelque forte la douleur que fa trifte fituation lui devoit caufer, que la colere de Charles ne les empêcheroit pas de fe trouver à la diete d'Ausbourg dans le mois de Septembre, & d'emploiïer tous leurs foins en fa faveur. Qu'ils eroïoient cependant que s'il faifoit païer les cent cinquante mille écus ftipulez par le traité, & sil donnoit sûreté de faire executer les autres articles, cela pourroit beaucoup contribuer à fa berté. Le Lantgrave voulant à quelque prix que ce fut acheter cette liberté dont on le privoit, fuivit l'ouverture que les mediateurs lui donnoient, & executa tout ce qu'ils venoient de lui propofer. Mais quoique fes places fuffent démolies, l'argent compté & le canon délivré, il ne laiffa pas de demeurer toûjours prifonnier.

Cette conduite de l'empereur aïant un peu déconcerté

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diete à

comment. l.

677.

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concerté la faction des Proteftans, ce prince convoqua le troifiéme de Juillet une diete des prin- LXVI. AN.1547. ces de l'empire à Ausbourg, & l'affigna pour le L'empepremier de Septembre. Dans for mandement il reur afdifoit que les guerres l'avoient empêché de tenir figne une cette diete au premier jour de Février paffé, Ausbourg. comme il avoit été réfolu à Ratisbonne; que Sleidan in maintenant ces troubles étant appaifez, & leurs auteurs entre fes mains, il n'avoit pas voulu dif. ferer davantage, afin de pourvoir à la guerifon des plaies que la republique en avoit reçûë. Qu'on y délibereroit fur les matieres qui devoient être traitées l'année derniere à Wormes & à Ratisbonne. Que cette diete devoit fe tenir à Ulm mais que la pefte avoit obligé de changer le lieu. Après cette convocation l'empereur vint de Bamberg à Nuremberg, où il ne voulut pas que l'é lecteur de Saxe & le Lantgrave entraffent avec lui, dans la crainte qu'il n'y arrivât quelque dé fordre, parce que ces princes y étoient fort aimez. C'eft pourquoi il ordonna aux Efpagnols, de les garder foigneufement hors de cette ville où les députez de Hambourg vinrent trouver P'empereur pour fe remettre fous fon obéiffance, & l'affurer qu'ils étoient prêt de renoncer à la ligue. L'empereur les reçut en grace moïennant la fomme de cent mille écus qu'ils fournirent pour les frais de la guerre. Il publia le fixtéme de Juillet un édit pour déclarer ce qui s'étoit paffé entre lui & le Lantgrave; & pour défendre qu'on fit aucun tort à fes biens & à fes fujets. Dans le mê- LXVII. me tems le duc Maurice reçut à Leipfik avec Reception beaucoup de bonté les theologiens de Wirtem- que fait le berg, Melanchton, Pomeran, & d'autres qu'il rice aux y avoit fait venir. Après les avoir long-tems en- theologiens tretenus fur fon attachement fincere à la religion, il leur recommanda de continuer leur foins pour le bon gouvernement des églifes & des écoles, il les exhorta de poursuivre comme ils avoient com-p. 678.

R 3

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mencé,

duc Mau

de Wirtem

berg.

Sleidan ubi Supra lib.19.

rend à dif

ann. 1556.

mencé, il leur afligna des appointemens, & après AN.1547 leur avoir fait quelques prefens il les renvoïa. LXVIII. Ceux de Boheme voïant que tout plioit fous Prague fe les armes de l'empereur, députerent auffi quelcretion au ques-uns d'entr'eux pour feliciter ce prince de roi des Ro- fes victoires, & la ville de Prague fe rendit à mains. discretion au roi des Romains qui y fit fon enDe Thon trée au commencement de Juillet, & le fixiéme ibid, ut fu- du même mois cinq cens bourgeois vinrent au pra. château, fe mirent à genoux devant le prince & Sleidan lib. 19.p.662. lui demanderent avec larmes qu'il ufât de cle663.672. mence à leur égard. Ferdinand leur répondit en 676.edit fouriant que leurs larmes venoient trop tard, & qu'ils devoient les répandre lorfqu'ils voulurent prendre les armes. Cependant à la priere de l'archiduc Ferdinand fon fils, du duc Augufte de Saxe frere de Maurice, & des autres feigneurs qui l'accompagnoient, il fit grace du crime à chacun en particulier; & commanda que tous ceux qui étoient prefens fuffent gardez dans le château, jusqu'à ce qu'il eut pris fes refolutions. Quatre jours après le dixiéme de Juillet il leur fit dire à quoi ils étoient condamnez, fçavoir: Qu'en la premiere affemblée des états ils renonceroient à la ligue & en romproient tous les fceaux. Qu'ils apporteroient toutes les patentes de leurs privileges que le roi pourroit revoquer, ou leur accorder de nouveau, comme il le jugeroit à propos. Qu'ils lui remettroient toutes les lettres touchant les droits des quartiers & des compagnies; ce qui avoit donné occafion aux troubles. Qu'ils rendroient toutes les places qu'ils occupoient, & renonceroient aux droits de jurifdiction & d'impôts. Qu'ils livreroient l'écrit de l'alliance faite avec le duc de Saxe. Que l'impôt mis fur la bierre, qu'ils avoient promis de païer durant trois ans, feroit perpetuel. Qu'ils feroient conduire au château toute leur artillerie & leurs munitions de guerre. Qu'ils mettroient dans la maifon de ville

tou

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12

P

toutes les armes des particuliers, pour être em-
ploïées au fervice du public.

On retint dans le château tous ces bourgeois,
jufqu'à l'entiere execution de ces articles; & l'af-
faire fut rapportée au peuple qui ratifia le tout
après que Ferdinand en eut feulement relâché
cinquante. Pour les autres, quelques-uns furent
condamnez à mort, & plufieurs à une prifon
perpetuelle. Beaucoup de gentilshommes furent
auffi citez en justice, & quelques-uns d'entr'eux
furent condamnez par défaut comme traîtres &
rebelles. Gafpar Phlug que les conjurez avoient
élû
pour chef, fut condamné comme coupable
du crime de leze-majefté, l'on mit fa tête à
prix, & l'on promit cinq mille écus d'or de re-
compenfe à celui qui l'apporteroit.

pa

AN.1547.

Le cardinal Sfon

reur.

hift. conc.

Trid. lib.10.

L'empereur étoit encore à Bamberg en Fran- LXIX. conie, lorfque le cardinal Sfondrate legat du pe, vint le feliciter de la part de Paul III. fur fa drate legat victoire, il en fut reçû fort honorablement; & auprès de l'on efperoit que cette legation alloit appaifer l'empe toutes les difcordes, parce que ce legat étoit chargé de convenir avec l'empereur des conditions Pallavie. propofées par Mendoza. Mais le fuccés fut bien different. Sfondrate après fon compliment vou-cap. 3. lut entrer en matiere, & lui parla du deffein de faire la guerre à l'Angleterre, quoique l'empereur eut déja rejetté cette propofition qui lui avoit été faite par le nonce au nom du pape & par un envoïé du cardinal Polus. Le legat lui dit que quoiqu'il fut occupé à la guerre d'Allemagne contre les Proteftans, le pape n'avoit pas laiffé de le charger de lui propofer une fi bonne ceuvre, parce qu'il efperoit qu'avant fon arrivée, l'Allemagne feroit reduite, & que le prince feroit libre pour tirer vengeance des infultes faites à la dignité imperiale par les Anglois, & que rien ne pourroit empêcher le fuccés d'une fi glorieuse entreprife. L'empereur lui repliqua qu'il avoit affez

R 4

d'oc

d'occupations en Allemagne pour ne fe point AN.1547 embaraffer d'autres affaires, qu'il lui falloit du tems pour recueillir le fruit de fes victoires, & qu'il étoit trop fatigué de la guerre pour vouloir en entreprendre d'autres. Le legat voiant qu'il ne goûtoit pas ce projet, ne lui en parla pas davantage.

LXX.

L'empe

ferent en

concile à

Trente.

Pallav.

ibidem cap 3.1.2.6 3.

le

Il lui propofa enfuite les avantages qui reviendroient à l'églife, fi tous les peres étoient reünis reur & le dans le concile, & qu'il n'y eut plus de divifion, legat con- & lui dit que le moïen d'y réüffir étoit de metfemble fur tre en pratique les temperamens que Mendoza le retour du fon ambaffadeur avoit approuvez à Rome. L'empereur repliqua qu'il n'avoit entrepris la guerre par aucune vûë humaine, n'aïant eu d'autre deffein que de foutenir la caufe de Dieu : que ciel l'avoit protegé, & que fes intentions étant entierement pures & défintereffées, avoient été amplement recompenfées par des progrez aufquels il ne s'attendoit pas. Qu'on ne pouvoit regler les affaires de la religion en Allemagne, qu'en rétabliffant le concile à Trente. Que cela dépendoit entierement du pape, s'il étoit vrai, comme il l'affuroit, que ce concile eut été transferé à fon infçû; puifque deflors il n'avoit aucune raifon de foutenir cette tranflation, le prétexte du mal contagieux dont on s'étoit fervi ne fubfiftant plus. Que fi on s'obstinoit à ne le pas faire, il prévoïoit de grands malheurs qui retomberoient fur celui qui en étoit l'auteur. Le legat re partit qu'il ne convenoit pas, & qu'il étoit même impoffible que le concile retournât à Trente où les peres demeuroient malgré eux, à moins qu'il n'en revînt un grand avantage à la religion qui rendit ce retour plus honnête & plus facile, Qu'on devoit fuivre ce dont on étoit convenu avec Mendoza, fçavoir qu'auparavant les Allemands fe foumiffent aux decrets déja faits & à ceux qu'on feroit dans la fuite; ce qui feroit

hon

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