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honneur à l'empereur, qu'on regarderoit comme l'auteur du retour du concile & de l'avantage qui AN.1547. en reviendroit à l'églife.

demande à

decrets du

Mais l'empereur qui ne vouloit pas s'en tenir LXXI. à des promeffes dont les conditions paroiffoient Le legat fi incertaines, dit que tout ce qu'on avançoit, l'empereur n'étoit que pour éviter l'affaire, bien-loin de la de faire revouloir executer; puifqu'il étoit évident que dans cevoir les la diete qu'on alloit tenir, on ne manqueroit pas concile. d'obftacles pour arrêter l'execution. D'un cô- Pallav.ubi té le legat oppofoit que c'étoit une indignité que fupra n. 4. de forcer le concile à retourner à Trente, feule- & s.. ment en faveur des Allemands qui le mépriferoient dans la fuite, la plûpart lui étant très-contraires, & tous voulant s'en abfenter, comme il étoit déja arrivé: & de l'autre côté l'empereur foûtenoit que quelque chofe qui pût arriver, il n'y avoit que ce feul moien pour juftifier la conduite du pape devant Dieu & devant les hommes. Sfondrate fit de nouvelles inftances pour engager l'empereur à faire recevoir en Allemagne les decrets du concile en faveur de la victoire qu'il venoit de gagner, puifqu'il avoit combattu & vaincu pour la caufe de Dieu : mais il n'eut point d'autre réponse de ce prince, finon qu'il voïoit bien qu'il étoit venu bien inftruit, & que pour lai tout ce qu'il avoit à lui dire, c'eft qu'il ne manqueroit pas à fon devoir dans tout ce qui pourroit contribuer à l'avantage de la religion, & qu'il fouhaitoit que les autres fiffent auffi bien le leur. Le legat dit que le pape étoit auffi dans fes mêmes fentimens, qu'il penfoit comme l'empereur pour le fond de l'affaire, & qu'ils ne differoient entr'eux que dans la maniere de l'exccuter le plus avantageufement; & qu'il efperoit que fa majefté y penferoit mûrement, puifque fon ambaffadeur fi habile dans les affaires, avoit confenti aux conditions qu'on lui avoit propofées. L'empereur repartit qu'il n'étoit pas furprenant que

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que Mendoza eut pû fe tromper, & que cela AN.1547 n'avoit pas befoin d'une longue meditation. Le legat peu fatisfait de ces réponfes, & voïant l'empereur inflexible, lui demanda fon congé, qu'il obtint.

de la die

On le blâma à Rome de l'avoir demandé fi promptement, & encore plus de n'avoir pû faire accepter par l'empereur des conditions que Mendoza avoit lui-même approuvées. Sfondrate fe juftifia fur ces deux chefs, & en racontant dans fa lettre la maniere dont la converfation s'étoit paffée avec le prince, il infinuoit qu'il ne convenoit pas d'arrêter les peres à Boulogne " parce que ne s'y trouvant que des évêques Italiens & très-peu d'étrangers, ce concile pafferoit pour provincial plûtôt que pour cecumenique ; que les peuples le regarderoient comme fufpect, parce que ceux qui le compofoient étoient fujets du pape, & affemblez dans fes états qu'enfin l'empereur l'aïant en averfion, il étoit à craindre qu'il ne produisît un fchifme. Il écrivit à Maffée fecretaire du pape le trente-uniéme de Juillet, & lui manda que l'empereur ne fe départiroit jamais de fes premiers fentimens pour rétablir le concile à Trente, quelques raifons contraires qu'on lui pût alleguer. Ce qui embaraffoit affez le pape qui ne vouloit point confentir à ce retour, & qui étoit bien aife que le concile fut affemblé dans une ville de fes états. Il fallut donc attendre un tems plus favorable pour regler l'affaire du concile.

:

LXXII. Cependant l'empereur fe rendit fur la fin du Ouverture mois d'Août avec toutes fes troupes à Ausbourg, te d'Aus- Pour y tenir la diete dont l'ouverture fe fit le bourg. premier de Septembre. Charles V. retint la granSlaidan in de églife & quelques autres endroits, laiffant le comment. I. refte au fenat & au peuple. Comme cette ville 9.p.681. faifoit une profeffion publique du Lutheranifme, on purifia les églifes, & l'empereur chargea Michel

De Thou

hift. lib. 4.

7.7.

Si

comment. l.

25.7 45.

Difcours

Sidoine grand vicaire de l'archevêque de Maïen- AN.1547. M ce, du foin de prêcher dans la cathedrale. Si- Heiff. hift. doine s'acquitta de cet emploi avec beaucoup de de l'emp. I. zele. Il fit plufieurs difcours fur le facrifice de la 3. P. 393. meffe, qui furent enfuite imprimez; mais com- Bekar. in me les peuples étoient toûjours prévenus en faveur de l'herefie, l'églife où il prêchoit étoit affez fouvent deferte. La diete fut très-nombreuse › tous les électeurs s'y trouverent, Adolphe archevêque de Cologne, le duc Maurice nouvel éle&teur de Saxe & les autres. On y vit auffi Ferdinand le jeune, avec le cardinal de Trente, Henri de Brunswick, le duc de Cleves & Marie four de Charles V. accompagnée de fa niéce la ducheffe de Lorraine. La princeffe Sibylle femme de Jean Frederic prifonnier, ne manqua pas de s'y rendre dans le deffein de voir le prince fon mari, & de lui procurer la liberté, s'il étoit poffible. Après que Maximilien d'Aûtriche eut parlé en LXXIII. peu de mots au nom de l'empereur, fa majesté de l'empefit expofer fes fentimens par un fecretaire. Ilreur à la rappella les dietes paffées tenues à Wormes & à diete. Ratisbonne, & fit fentir que fi elles n'avoient Sleidan eu aucun fuccés, on ne devoit s'en prendre qu'aux ibid.at fupra artifices de gens mal intentionnez, qui ne fe plai-582. fent que dans le trouble. Il ajoûta que Dieu aiant fupra. fait fi heureusement réuffir fes bons deffeins, il De Thou n'avoit pas differé de publier cette diete, afin bit.lib.4. d'examiner de leur commun avis & confentement Spend. hoc ce qui fera bon & utile à la republique; & parce que les differends fur la religion font, ajoûta-t'il, la caufe des troubles qui divifent l'Allemagne, & que la paix ne peut regner, fi on n'y établit la tranquillité, l'empereur, continua le fecretaire au nom de ce prince, prie l'affemblée de deliberer fur deux points de très-grande importance, pour lefquels la diete eft convoquée, & qui regardent directement le bien de l'empire. Le premier eft que chacun témoigne fon zele à cher

R 6

cher

Belcar.ubi

an. n. 12.

AN.1547.

cher & embraffer les moïens propres à rétablir la 'paix & l'union des efprits fi divifez fur le fait de la religion, pour laquelle il a fait affembler le concile à Trente: Divifions qui ont tant fait répandre de fang en deux guerres differentes, & ruiné tant d'états & de familles. L'autre point qui n'eft pas moins important, eft de travailler à rétablir le libre exercice de la juftice & l'autorité des loix, qui, l'une & l'autre, à la honte de la nation Allemande, fe trouvent finon entierement ruinées, du moins foulées aux pieds & méprifées de tous, quoiqu'elles foient la base fondamentale de l'empire.

Il ajoûta qu'il avoit été ordonné comment la chambre imperiale devoit être reglée; mais que des affaires furvenuës en avoient empêché l'execution. Qu'il y avoit des princes & des villes qui depuis peu avoient promis de fe foûmettre aux jugemens de cette chambre, & de contribuer aux frais. Qu'il les prioit donc tous de s'en rapporter à fes foins & à fon zele, n'aïant point d'autre intention que d'établir des juges habiles & integres. Et parce que par l'interruption de ce tribunal, les procez fe font beaucoup multipliez, & le nombre des caufes fort augmenté; il dit encore qu'il croïoit convenable d'ajoûter dix juges extraordinaires à ceux qui ordinairement compofent la chambre. Qu'à l'égard de ce qui concernoit les plaintes des ecclefiaftiques, à raifon de leur jurifdiction & des biens qu'on leur a enlevez, il s'en refervoit la connoiffance, & qu'il feroit tout ce qui dépendroit de lui pour ôter tout fujet de querelle & de difpute. Quant au fecours contre le Turc, qu'il jugeoit à propos de differer jufqu'à l'arrivée de fon frere Ferdinand, qui devoit apprendre quelles treves l'on a accor -dées, & ce qu'on devra faire dans la fuite. Enfin il dit toûjours au nom de l'empereur, qu'il n'approuvoit pas les délibérations particulieres de

quel

quelques-uns, qui empêchoient les expeditions publiques, & faifoient changer d'avis à plufieurs, AN1547. ce qui n'étoit ni honnête ni fupportable dans des affemblées de l'empire, où chacun devoit dire en toute liberté & en public ce qu'il penfe. Après ce difcours, il les pria de traiter incontinent de toutes ces chofes, & de déclarer là-deffus leur fentiment.

reur réta

bourg.

De Thou

Comme l'empereur avoit rétabli la religion LXXIV. catholique à Ausbourg, il remit dans fes fon- L'empections le cardinal Othon Truchfés de Waldpurg bit la reliévêque de cette ville; l'on y rebenit auffi les égli- gion cathofes, & le culte divin y fut obfervé comme avant lique à Ausl'herefie. Mais les propofitions de l'empereur tou chant la religion n'y furent pas également bien hift. lib.4. reçûës. Les électeurs ecclefiaftiques vouloient que .7. fur cet article on s'en rapportât entierement au concile de Trente. Les Proteftans ne le refufoient pas tout-à-fait, pourvû que ce concile fût libre, que le pape n'y préfidât pas, & que les évêques qui s'y trouveroient fuffent difpenfez du ferment de fidelité qu'ils lui avoient fait; de plus, que leurs théologiens y euffent voix déliberative, & que les decrets déja faits fuffent revûs & examinez de nouveau. D'autres vouloient que le concile fut continué, & que les Proteftans munis d'un fauf-conduit du pape & de l'empereur y fuffent reçûs & entendus, & qu'ils s'obligeaffent reciproquement d'obferver ce qui feroit décidé.

foumette an

concile.

L'empereur pour réunir cette diverfité d'opi- LXXV. nions donna fa réponse le vingtiéme d'Octobre, 11 veut & demanda que tous generalement fe foumif- qu'on fe fent au concile. Le duc Palatin qui craignoit, le duc Maurice qui fouhaitoit la liberté du Lantgrave, & d'autres par differens motifs abandonnerent tout à la volonté de l'empereur, enforte que le vingt-fixiéme d'Octobre, ils acquiefcerent à fes demandes par un acte public. Mais il y eut plus de difficulté à reduire les villes impe

riales

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