Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN.1548,

écoutez

dans une

II.2.2

De Thou

1.S.M. T.

1.3.

derent à être entendus. Les peres après en avoir déliberé, renvoïerent l'affaire au legat de Monté, qui ne voulant pas s'expofer par un refus ni congrega- à la colere de l'empereur ni au mécontentement tion. du pape, jugea à propos d'admettre les deux enPallav. ut voïez à l'audience. Ils entrerent donc, & prefupra cap. fenterent au fecretaire du concile les ordres de Sleidan in l'empereur, dans lefquels ce prince difoit, que omment. 1. fe voiant obligé de protefter pour la défense de 19.p.697. l'églife & de la religion contre certaines perfonnes qui fe difoient legats apoftoliques, & contre Fra-Paolo une certaine affemblée de prelats à Boulogne, qui prenoit le nom de concile; & ne pouvant faire fes proteftations lui-même, parce qu'il étoit trop éloigné, il avoit nommé fes deux procureurs pour la faire en fon nom. Il faut remar quer que la lettre de l'empereur étoit adrefféé Conventui Patrum Bononia, à l'affemblée des peres de Boulogne. Vargas qui portoit la parole, demanda enfuite qu'on admit leurs notaires & les témoins. Les peres firent fortir les deux dépu tez pour déliberer entr'eux; & il y cut alors par tage de fentimens. Les uns opinant pour l'affirmative; d'autres ne voulant pas qu'on reçût les notaires & témoins qui étoient étrangers, pour fuivre l'exemple des confiftoires de Rome, où P'on obfervoit exactement cette regle, & infiftant fur la dignité du concile que l'empereur combattoit par le titre de fa lettre. On statua de prendre un délai de deux jours pour répondre précisément aux deputez, parce qu'alors l'affemblée feroit plus nombreufe; & on leur fit fçavoir cette déliberation par les évêques de Matera, & de Naxe ou Naxos; Mais les procureurs firent inftance pour être admis dans ce jour; & on le leur accorda: ils furent donc reçûs avec deux notaires & cinq témoins, à condition que ce qu'ils diroient ne feroit point infcrit dans les

actes.

[ocr errors]

avant que

reur.

n. 4.

La précaution que prirent les peres avant que AN.1548. d'entendre les deux procureurs, fut de faire lire IV. par le fecretaire, que quoiqu'on ne pût contrain- Précaution dre par aucun droit le concile à leur donner au- des peres dience, étant envoïez par l'empereur à une cer- d'entendre taine affemblée d'évêques nullement légitime, les deputez & non pas au vrai concile de Boulogne; néan- de l'empemoins ils vouloient bien les entendre, en proteftant qu'on n'en pourroit tirer aucun avantage Pallav.lib. contre eux, & que leur complaifance ne leur 1.cap. 11. porteroit aucun préjudice à l'avenir; de plus, steidan nhi qu'il feroit permis aux prelats de continuer le con-fupra. cile déja commencé, & d'ordonner contre ceux De Thom qui ne voudroient pas reconnoître fon autorité, hift. ibid. les peines qui font prefcrites par les faints canons fuivant la rigueur des loix. Vargas demanda que cette protestation des peres fut mife dana les actes publics, avant qu'on l'entendit; enfuite il leur dit que puifqu'ils avoient vû les lettres de l'empereur fon maître, il ne lui reftoit plus qu'à remplir fa commiffion.,, Nous comparoiffons donc ,,à prefent devant vous, ajoûta-t-il, pour trai,,ter une matiere des plus importantes; & non ,, pas nous feuls, mais toute la republique chrétienne vous fupplie & vous demande avec inftance, que vous procediez équitablement: vû ,, que perfiftant dans une refolution prife un peu trop legerement, il eft à craindre que la fuite foit très-funefte pour le bien public; au lieu que fi vous vous rendez aux juftes defirs de ,, Pempereur, il y a lieu d'efperer que tout fe paffera heureufement: Et afin de vous faire mieux comprendre ce que je dois vous dire, je re„, prendrai la chofe dès fon commencement. Il n'y aura perfonne, comme je l'efpere, qui ne voie clairement le fâcheux état dans lequel vous vous engagez, fi vous ne prenez d'autres refolutions, & fi vous n'entrez pas dans les fentimens ,, de l'empereur qui ne veut que le bien: je n'ajoûterai rien à fes inftructions.

[ocr errors]

"

"

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

"

ne

"

T 4

Var

V.

AN.1548 paroles: Nous nous prefentons ici comme legitimes Vargas n'eut pas plûtôt fini fon difcours par ces Protefta- procureurs de fe majefté imperiale; que le cardinal tion de de Monté l'interrompit en difant.,, C'est moi l'empereur contre le » qui fuis ici pareillement le vrai legat du vericoncile de », table & indubitable pontife, ces prélats font Boulogne.,, de même les peres du concile legitime & ocuPallavicin.,, menique affemblé & transferé legitimement fupra cit. pour la gloire de Dieu & le bien de l'églife. Il fupra. ajoûta qu'il étoit legat de Paul III. pour conExtat inter tinuer ce concile dans cette ville, & que tous ala concil. prioient l'empereur de changer lui-même d'avis Bonon. Ant & de reprimer les perturbateurs; fa majefté fçaMaffarelli. chant que ceux qui troublent les faints conciles, de Raynald. quelque rang & de quelque dignité qu'ils foient, ad hunc an. encourent les peines les plus rigoureufes portées par les canons.,, Car quelques menaces qu'on

Sleidan bi

P.45.

1.7.

,, nous faffe, nous fommes tous réfolus de défen

[ocr errors]

dre la liberté de l'églife, l'honneur du concile ,, & chacun le nôtre en particulier.,, Enfuite le préfident & le fecretaire réitererent les mêmes précautions qu'ils avoient déja prifes. Vargas donna à Maffarel les ordres de l'empereur pour en faire la lecture & fon collegue Martin de Velafco lut la proteftation qui étoit affez longue, & qui contenoit ce qui fuit en fubftance.

L'on y difoit que la religion étant ébranlée, les mœurs corrompuës, & l'Allemagne feparée de l'églife, l'empereur avoit inftamment de mande un concile aux papes Leon X. Adrien VI. & Clement VII. Qu'après beaucoup de dif. ficultez qu'on avoit furmontées avec peine, il l'avoit enfin obtenu de Paul III. premierement à Mantoue, enfuite à Vicenze, & enfin à Trentc, afin que les Allemands pour lefquels il fe tenoit particulierement, puffent y venir avec plus de commodité & de sûreté. Qu'il avoit emploïé tous fes foins envers les princes d'Allemagne & les villes imperiales, pour les engager à fe fou

met

mettre aux decrets de ce concile, qu'il avoit fait affembler à leurs prieres, enforte qu'il y avoit AN-1548. lieu d'efperer que les Proteftans y affifteroient, après l'avoir fi opiniâtrement refufé jufqu'à prefent: Que néanmoins les legats, fans en avoir aucun ordre du pape & même à fon infçû, fans -avoir confulté l'empereur, avoient pour des caufes legeres & frivoles transferé précipitamment ce concile à Boulogne contre l'attente de tout le monde. A quoi quelques évêques aïant voulu. s'oppofer en proteftant qu'ils ne partiroient point de Trente; ces mêmes legats avec un petit nombre d'Italiens avoient ordonné la translation & étoient partis le jour fuivant pour fe rendre à Boulogne.

On ajoûtoit, que l'empereur en aiant été aversti après la fignalée victoire qu'il avoit remportée fur les Proteftans, n'avoit rien oublié pour engager le pape à rétablir le concile à Trente, lui remontrant le fcandale & les maux qui en arriveroient, fi le concile ne fe continuoit pas dans V cette ville; & que pendant ce tems-là, il avoit obtenu dans la diéte d'Ausbourg, que les Allemands fe foumettroient aux décifions du même concile. Que fa majefté avoit envoié le cardinal Madrucce, pour en donner avis au fouverain pontife, & le porter à confentir au retour des évêques à Trente. Que D. Jacques de Mendoza fon ambaffadeur avoit redoublé les mêmes inftances, fur lefquelles fa fainteté avoit demandé du tems pour en communiquer avec les peres du concile, qui avoient fait une réponse vaine, captieufe pleine de tromperie, & qui merite toute condamnation; d'ou le pape en avoit fait une autre de même nature aux ambaffadeurs de l'empire, qui n'étoit remplie que de tergiverfations & de délais, qui montroient le peu de foin qu'il prenoit des affaires de la religion; donnant à l'affemblée de Boulogne qui eft illegitime, le nom de con

AN.1548.

cile general, & lui attribuant une autorité entie-
re. Que les caufes qu'on alleguoit de la tranfla-
tion, comme quelques petites fiévres, un peu
de mauvais air, n'étoient fondées que fur les ar-
tifices de quelques medecins qu'on avoit gagnez
par argent, quoiqu'il n'y eut pas d'apparence de
maladie, comme l'évenement Pa fait affez voir:
& quand il y auroit eu une vraye neceffité de
changer de lieu, on ne devoit pas le faire fans
en avoir auparavant traité avec le pape & l'em-
pereur qui eft le protecteur des conciles; au lieu
que les peres font allez fi vite,
îte, qu'ils ne fe font
pas feulement donné le tems de confulter avec
'cux-mêmes.

L'on difoit encore, qu'on ne pouvoit en au-
cune maniere juftifier le choix de Boulogne, où
l'on étoit certain que les Allemands ne viendroient
pas, cette ville leur paroiffant fufpecte, parce
qu'elle eft dans les états de l'églife & fous la do-
mination du pape, que chacun par confequent
pouvoit refufer: ce qui conduifoit évidemment
à la diffolution du concile. Que pour
ces raifons
l'empereur qui a le droit de proteger l'églife &
les conciles generaux,
voulant terminer les dif-
ferends de Allemagne, & rétablir la difcipline
ecclefiaftique en Efpagne & dans les autres roïau-
mes, par une entière reformation des mœurs,
demandoit que les évêques retournaffent à Tren-
te; ce qu'ils ne pouvoient pas refufer, aïant
promis de le faire, quand la crainte de la
pefte auroit ceffé: Qu'autrement ils protestoient
& declaroient par un ordre exprés de l'empereur,
cette tranflation pour nulle & illegitime, de mê-
me que tout ce qui s'y étoit déja fait, & s'y fe-
roit à l'avenir; l'autorité des prétendus legats &
des évêques préfens dans cette ville, n'étant past
affez grande pour donner la loi à toute la chré-
tienté fur le fait de la religion & de la reforma
tion des mœurs, & principalement à des peuples
SIT dont

« AnteriorContinuar »