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de du fchifme, & de faire les évêques de droit AN.1548-divin. Que l'on faifoit un pur Lutheranifme du facrement de la penitence, quand on disoit que l'homme croïant recevoir avec ce facrement ce que J. C. a promis, reçoit ce qu'il croit. Que quant au facrifice de la meffe, l'on en fupprimoit le principal qui eft de fervir d'expiation aux vivans & aux morts. Que de donner des femmes aux prêtres, & le calice aux feculiers, c'étoit renverser toute la foi catholique. Enfin tous les partifans de la cour de Rome crioient d'une même voix, qu'il s'agiffoit du capital de la religion. Que les fondemens de l'églife étoient ébranlez. Qu'il falloit appeller tous les princes & tous les évêques au fecours, & s'oppofer conjointement à cet attentat, qui feroit fuivi infailliblement non de la deftruction de l'églife Romaine, chofe impoffible, mais d'une horrible confufion.

XXVIII.
Les here-

tiques s'op

Sleidan in

21.p.737.

Les heretiques ne paroiffoient pas plus contens de l'Interim. Les principaux prédicans Lupofent auffi theriens protefterent qu'ils ne le recevroient pas. vigoureufe- Gafpar Aquila ministre de Salvenda en Thurinment à cet ge, le combattit par un écrit très-vif. Ce fut interim. Hebe qui lui en fournit Poccafion, en se vantant à fon retour, qu'on alloit voir renaître le comment. 1. fiecle d'or, & qu'Aquila même recevroit ce reDe Thom glement. Bucer miniftre de Strasbourg ne le vouin hift. lib. lut jamais recevoir, parce que, difoit-il, cet édit rétabliffoit la papauté. Les autres miniftres des principales villes proteftantes, comme Volfgang Mufculus d'Ausbourg, Brentius de Hall, Öfiander de Nuremberg, & quelques autres aimerent mieux abandonner leur chaire & leur emploi, & fe retirer ou en Pruffe ou chez les Suiffes, que de fouscrire à l'Interim. Le duc de Saxe Jean Frederic plus zelé Lutherien que tous les miniftres, s'opiniâtra à le refufer. Il y en eut même plufieurs, principalement dans la Saxe &

3.1.2.

dans

dans la Thuringe qui firent de fanglans écrits contre cette conftitution imperiale, auffi-bien que Calvin qui dominoit toûjours à Geneve. Jean Cochlée refuta ces libelles par une forte réponse qu'il publia pour l'empereur, comme firent auffi quelques autres fçavans hommes qui entreprirent fa défense.

AN.1548.

ceux de

Cependant l'empereur faifoit tout ce qu'il XXIX. pouvoit pour foutenir fon ouvrage; il agifloit L'empefeverement contre ceux qui refufoient de le rereur oblige connoître, & on le vit même févir pour cette Conftance raison contre les villes de Magdebourg & de Con- à recevoir ftance. Cette derniere laffée d'être regardée com- l'interim. me ennemie, envoïa fes députez à Ausbourg: Sleidan ubi mais leur aïant été propofé des conditions qu'ils fupra lib.21. jugerent trop rudes, ils en avertirent le confeil.733. de leur ville, qui écrivit à l'empereur le onzié-in hift. lib.5. me de Juillet, & le fupplia humblement de ne.5. point forcer leur confcience: Qu'ils ne meritoient pas d'être traitez plus rigoureufement que les autres: Que les fervices qu'ils avoient rendus à la maifon d'Autriche, étoient affez connus. Qu'ils le prioient de s'en reffouvenir, & d'agréer huit mille écus qu'ils lui offroient. Qu'ils demandoient

que jufqu'à ce qu'on tint le concile, il leur fût permis de vivre dans l'exercice de la religion dont ils faifoient profeflion. L'évêque d'Arras répondit en peu de mots, que puifqu'il ne paroif foit pas qu'ils fouhaitaffent beaucoup la paix, l'empereur prendroit une autre voie pour les ranger à la raifon. Ainfi les députez s'en retournerent fans rien faire. Plufieurs crurent que l'em

pereur n'étoit pas fâché que ceux de Constance ne vouluffent pas recevoir fon formulaire, parce qu'il avoit plus d'envie d'aflujettir par les ar mes cette ville à la maison d'Autriche, que d'y établir la religion catholique par un traité. En effet, il donna ordre à Alphonfe Vivés de le faifir de cette ville; mais ce capitaine n'aïant pû réuffir

De Thon

réuffir dans cette entreprife, & y aïant perdu AN-1548 la vie, l'empereur fe contenta de mettre les ha bitans au ban de l'empire; mais comme la divi- a fion fe mit parmi eux, ils crurent qu'il étoit plus à propos de prévenir une ruine prochaine par la in foumiffion qu'on leur demandoit; ainfi ils reçurent l'Interim, & le treiziéme d'Octobre on fig. E na les articles de la reconcilation.

XXX.

cite ceux

20.p.732.

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Le vingt-huitiéme de Juin, Granvelle suivant On folli- les ordres de l'empereur appella les députez de de Stras- Strasbourg, à la tête defquels étoit Jacques Sturbourg à re-mius, & leur fit dire par Henri Hafius, que fur cevoir l'in- leur requête par laquelle ils prioient ce prince de t terim. regler leur conduite fur la religion jufques au conSleidan. in cile, on avoit compofé un formulaire, qui avoit comment. l. 'été approuvé par les princes, à l'exception d'un De Thon très-petit nombre, & par les villes principales; in hift. lib. qu'on étoit furpris qu'ils n'euffent pas encore déclaré ce qu'ils en penfoient, & qu'on vouloit fçavoir quel étoit leur fentiment. Les députez s'étant excufez fur leur filence, prefenterent une lettre écrite à l'empereur par l'avis du confeil de leur ville, dans laquelle on lui marquoit qu'on a n'avoit pas de plus grand défir que de fe foumettre à fes ordres; mais que leurs citoïens étoient fi bien perfuadez qu'en recevant l'Interim, ils blefferoient leur confcience, qu'ils le fupplioient au nom de J. C, que dans une chofe fi importante qui concerne le falut de leurs ames & la vie éternelle, il les laiffât fuivre la confeffion d'Ausbourg, & qu'il ne les forçât point à confeffer de bouche, ce qu'ils ne croioient pas dans le cœur. Que de leur part ils s'appliqueront à entretenir la paix & le bon ordre dans leur ville, à en éloigner toute mauvaise doctrine, & à ne donner aucun fujet de plainte à leurs voisins. Qu'au refte ils ne demandòient que ce qui avoit été accordé à beaucoup d'autres. Granvelle aïant lû cette lettre, leur fit dire que l'empereur avoit

toûjours

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toûjours penfé avantageufement de leur ville, &
que prefque tous aïant approuvé & ratifié le de- AN.1548.
cret, ils ne devoient pas s'en croire exemts.

Fin de la

diete

Sleidan lib.

21. p. 736.

Les députez infistant cependant fur le refus du XXXI. formulaire, Granvelle ufa de menaces, & tâcha, de les intimider, fans toutefois ébranler leur fer-d'Ausmeté; enforte que l'empereur mit fin à la diete bourg. le dernier jour de Juin, après qu'il y eut été ar- De Those rêté qu'on travailleroit à faire continuer le con- ibid. lib. 5. cile à Trente, & qu'on eût publié une feconde, fois l'Interim, avec un commandement exprés de le recevoir fans aucune restriction. En congediant la diete, il pria les états & les princes de vouloir envoïer leurs députez au concile, dès que les obftacles que le pape y apportoit, cefferoient: Il y invita de même tous les ecclefiaftiques, & les alliez de la confeffion d'Ausbourg à y venir fous le fauf-conduit qu'il leur donneroit, d'autant plus que les affaires s'y traiteroient felon les regles de la prudence chrétienne, & que les définitions feroient fondées fur l'écriture fainte & la doctrine des faints peres, fans aucunes vûës humaines : Qu'enfin on leur accorderoit une audience favorable, comme la raifon l'exigeoit.

Le troifiéme du mois d'Août, l'empereur aïant fait venir les confuls d'Ausbourg avec quelquesuns des principaux citoïens, Helde leur dit au nom de ce prince que leur republique étoit agitée de grands troubles depuis plufieurs années, parce que ceux qui étoient dans le gouverne ment, étoient des gens fans experience & de mediocre condition: Que l'empereur en étoit touché, & que pour y remedier il les dépofoit, & en nommoit d'autres en leur place. La nomi-. nation faite, l'empereur fit prêter ferment à ceux qui avoient été choifis, & les exhorta à fe comporter en gens de probité dans l'administration de leur charge, & à obéir au decret de la religion, & à lui rendre toute obéiffance. Il abolit Tome XXIX, X

les

AN.1548.

reuf.

Sleidan

les

les corps de métier, dont il fe fit apporter privileges qu'il mit entre les mains de ce nouveau fenat, & défendit fur peine de la vie, de faire à l'avenir aucune affemblée de citoïens. Tous ces reglemens furent publiez à fon de trompe, les portes de la ville étant fermées, avec une bonne garnifon de foldats poftez en differens endroits. Le confeil remercia l'empereur de fon attention au bien de leur ville & lui promit toute obéïssance. XXXII. Ceux de Strasbourg ne marquerent pas tant Lettre de de docilité & de foumiflion. Ils avoient écrit en ceux de Strasbourg françois à l'empereur qui aimoit fort cette lanà l'empe gue, qu'aïant fait examiner le decret de la religion par les theologiens de leur ville, & tous aïant reconnu qu'il contenoit certains articles conibid. lib. 21. traires à la fainte écriture, & expofez de telle P.741. maniere qu'ils avoient befoin d'une plus ample declaration, ils ne pouvoient l'accepter fans offenfer Dieu & fans bleffer leur confcience, avant qu'on l'eût examiné de nouveau & qu'on eût en tendu leurs theologiens. Que c'étoit une coûtu me pratiquée dès le commencement de l'églife, de déterminer les queftions douteufes dans des affemblées legitimes. C'eft pourquoi ils deman, doient avec inftance, qu'il leur fût permis de vivre dans leur religion, jufqu'à ce que l'autorité du concile en eût décidé; n'y aïant pas d'autre. voie ni meilleure ni plus utile pour établir une paix durable. Mais l'empereur leur répondit de même que la premiere fois, qu'il étoit inutile de faire de nouvelles queftions, qu'il falloit fe fou. mettre, qu'on ne pouvoit faire à present d'au tres loix là-deffus, qu'ils feroient entendus dans le concile; & qu'enfin ils euffent à fe declarer dans l'efpace d'un mois pour tout délai. Sur cette réponse qui étonna fort les fenateurs, on affembla le grand confeil, qui ne se tient que pour affaires de grande importance, & qui eft compofé de trois cens bourgeois tirez, de chaque corps

les

de

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