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AN.1548. Joachim II. électeur de Brandebourg, & Anne morte au berceau. Du fecond, Sigifmond furnommé augufte qui lui fucceda, enfuite Elifabeth mariée à Jean Zapol roi de Hongrie, Sophic qui fut époufe du duc de Brunfwik, Anne qui époufa Etienne Batori qui devint roi de Pologne, & Catherine mariée à Jean III, du nom roi de Suede.

LI.

France vs

dins la vûë

En France Henri II. pour mieux faire valoir Le roi de la negociation du cardinal de Lorraine auprès du en Piemont Pape, après avoir vifité vers la fin d'Avril les provinces de Picardie & de Champagne, & la Sad'engager voie, paffa en Piemont, mit de bonnes garnile pape à fons dans toutes les places, & les pourvût de une ligue. toutes fortes de munitions. Le cardinal affura De Thon même le pape, que le roi étoit déja aux portes lib.5.7.7. du Milanez, & qu'il n'entreprendroit rien qu'a

LII.

près avoir rétabli la maifon de Farnese à Parme & à Plaifance. Mais le pape faifant reflexion à fon grand âge, crut que ce feroit agir contre fon propre interêt auffi-bien que contre celui de l'églife, d'entreprendre la guerre contre Char les V. & jugea qu'il falloit s'accommoder au tems. Henri II, voiant donc qu'il ne concluoit rien & que fa prefence étoit inutile en Italie, repafla les monts, & s'en retourna en France, dans le deffein d'agir contre l'Angleterre & de recouvrer la ville de Boulogne en Picardie, que les Anglois lui avoient enlevée dans la derniere guerre, pendant la vie de François I. fon pere.

Pour fournir aux frais de cette guerre, il fut Souleve obligé de mettre fur fes fujets des impôts confiment en derables, & de les charger d'un grand nombre plufieurs provinces de fubfides. Mais fes peuples déja épuifez par les de France. guerres précedentes fe fouleverent en plufieurs Sleidan ubi endroits à l'occafion de la gabelle, & des vexaSupra lib.21.tions que commettoient ceux qui étoient char P. 247. gez de lever les deniers du fel. Les premieres fupra lib. 5. Provinces qui fe fouleverent furent l'Angoumois

Belcar, st

n. 16,

AN.1548.

& la Xaintonge, où plus de vingt mille paifans s'attrouperent, & élurent pour leurs chefs un bourgeois de Blanfac appellé Bois-menil, & qu'on furnommoit Balaffré, avec un gentilhomme appellé Puy-Moreau. Ces mutins ravagerent tout. le païs, Xaintes leur ouvrit fes portes. Le bruit de la revolte s'étant répandu dans le Perigord l'Agenois, le Limoufin, le Poitou & la Gascogne, en moins d'un mois il fe trouva plus de cinquante mille hommes portant les armes contre leur roi. Ces troupes feditieufes aïant été reçûës dans Bourdeaux par le peuple avec beaucoup de joie, chacun prit les armes dans toute la ville au fon du tocfin. On maffacra un grand nombre de commis & l'on pilla leurs maisons. Pour arrêter ces excés, Henri II. envoïa Anne de Montmorency connétable de France & François de Lorraine duc d'Aumale, avec mille hommes d'armes & dix mille fantaffins, & un ordre de châtier les féditieux, dont le procés aïant été inftruit le vingt-fixiéme d'Octobre, on rendit une fentence qui portoit que les Bourdelois dé- LIII. clarez atteints & convaincus du crime de fedi- Sentence tion, de rebellion & de leze majefté, feroient prononcée privez de leurs immunitez & privileges, jurif- Bourdelois diction, poffeffions communes, I dont les actes revoltez. feroient jettez au feu en préfence des principaux Belcar.ibid, bourgeois; que l'hôtel de ville feroit rafé, en la lib.15. n. place duquel on bâtiroit une chapelle où l'on fe- 17. 18. roit annuellement un fervice, & où l'on diroit ubi fupra. des meffes à perpetuité pour l'ame du feu ficur de Moneins, qui avoit été tué dans la fedition. Que toutes les cloches de la ville & des autres lieux qui s'étoient revoltez, feroient enlevées & portées dans les deux châteaux. Que les jurats avec fix vingt des plus notables bourgeois portant chacun une torche allumée, vêtus de deuil, & fuivis de tout le peuple, iroient en proceffion. dans l'églife des Carmes, & y prendroient le Y 3

corps

contre les

De Thom

corps du fieur de Moneins pour être porté dans AN.1548 Peglife cathedrale, où il feroit honorablement inhumé; & que là on lui feroit un fervice tous les ans. Que pour les frais de l'armée du roi, ils païeroient la fomme de deux cens mille livres. Que les deux châteaux feroient fortifiez & entretenus de vivres & de munitions aux dépens des habitans. Et qu'enfin la ville armeroit & entretiendroit deux vaiffeaux pour la garde du port, & que le parlement feroit interdit. Après cette fentence prononcée, le connêtable fit punir quelques-uns des coupables. Un nommé Guillon fut brûlé vif, un autre convaincu d'avoir fonné le beffroi fut pendu au marteau de la cloche. Les deux freres de Saux eurent la tête tranchée.

LIV.

Cependant le roi modera cette sentence en retranchant l'article de la démolition de l'hôtel de ville, à l'exception du bâtiment où étoit la cloche qui avoit fervi à fonner le tocfin & qui fut abbatu. L'amende pecuniaire fut auffi remife à fa volonté; mais l'interdit du parlement fubfifta, pour n'avoir pas fait fon devoir dans cette occafion. Sa majefté nomma des commiffaires d'autres parlemens pour y exercer la juftice: mais cet interdit fut levé à l'entrée de l'an 1550. & la ville fut rétablie dans fes immunitez & privileges: on accorda une amniftie generale du paffé pour toute la province de Guienne, en exceptant feulement ceux qui auroient mis la main fur les magiftrats & officiers roïaux, Les provinces de Poitou, Xaintonge, Angoumois, Limoufin & Perigord, traiterent dans la même année avec le roi, pour l'extinction de la gabelle, moïennant la fomme de quatre-vingt mille livres tous les ans, & deux cens mille écus que ces peuples fourniroient comptant pour être emploïez fuivant les befoins de l'état

En Angleterre la religion étoit extrêmement Affaires troublée depuis qu'Edouard comte d'Herford, &

de la reli

on

& que

AN.1548.

oncle maternel du jeune roi, qu'on nommoit le duc de Sommerfet, s'étoit fait déclarer protecteur,gion en s'étant acquis un grand crédit fur l'efprit Angleterdu prince, & beaucoup d'autorité fur les fei- re. gneurs, il favorisoit les Proteftans de concert avec Burnet bift. Thomas Cranmer archevêque de Cantorberi. de la refor Après avoir jetté quelques fondemens de leur mation Lv. doctrine, fur-tout parmi la nobleffe, par le 82. in 4. & moïen de quelques-uns de leurs docteurs, Pierre pag. 102 &

1. to. 2. P.

Martyr & Ökin dont on a déja parlé, & Mar- Sander.hift. tin Bucer qui fe rendit cette année à Londres, du fahism. Edouard affembla le parlement, qui abolit la lib. 2. pag. meffe par un decret public, mais on n'en vint 255. là que par degrez.

L'archevêque de Cantorberi dès le mois de Fevrier commença par le renversement des images, qui caufoient, difoit-il, tous les jours beaucoup de difputes, & qui ne fervoient qu'à entretenir la fuperftition. Durant l'hyver un certain nombre d'évêques & de théologiens fut choifi pour examiner & pour corriger les offices de l'églife. Le facrement de l'euchariftie occupa les premieres déliberations, de même que la communion. On décida que ceux qui fe confefferoient à un prêtre ne devoient pas cenfurer ceux qui s'en tiendroient à une confeffion generale faite devant Dieu & en présence de l'églife; que de même ces derniers ne devoient point condamner l'ufage de la confeffion auriculaire. On abolit entierement les indulgences. Cranmer compofa un catechifme, pour donner aux jeunes gens, difoit-il, une teinture des fondemens principaux de la religion chrétienne, qui, felon lui, étoit la même que la proteftante, à l'exception qu'il y reconnoiffoit une puiffance de reconcilier les hommes à Dieu, & que l'institution des évêques & des prêtres étoit de droit divin. Cet ouvrage eft dédié au roi. On ordonna la communion fous les deux efpeces, & l'office en langue vul

Y 4

AN.1548. vulgaire, afin, difoit-on, que le peuple entendit ce qui fe chantoit dans l'églife. Enfin l'on reforma entierement l'office, & l'on fit une nouvelle liturgie, où l'on rejetta la confecration, ou plûtôt la benediction de l'eau, du fel, du pain, de l'encens, des cierges, du feu, des cloches, des églifes, des images, des autels, des croix, des vaiffeaux, des habits facerdotaux, des rameaux. Voici l'ordre qu'on garda dans cette nouvelle liturgie qui fut imprimée fous le regne d'Edouard.

LV.

On commença l'office par les prieres du matin On publie & du foir, & on leur donna la même forme

une nou

veile litur- qu'elles ont encore aujourd'hui, finon que la congie en An- feffion des pechez ni l'abfolution n'y étoient pas gleterre. prononcées à la tête du fervice, comme à pre

fent. On fe contentoit de le commencer par l'oraifon dominicale. On ne difoit pas non plus les commandemens de Dieu dans le fervice de la communion, ainfi qu'on le fait prefentement.. Mais à cela près, l'office qui fut publié alors, & celui que les Anglois ont aujourd'hui fous le titre de liturgie ou livres des prieres publiques, font affez femblables. On Y infera dès-lors pour la communion, tout ce qui avoit été établi dans un reglement fait auparavant fur cette matiere. L'offertoire devoit être de pain & de vin mêlé d'eau. On difoit enfuite la priere generale pour la profperité de l'églife univerfelle, où entr'autres circonstances, on témoignoit fa reconnoif fance à Dieu de la grace extraordinaire qu'il avoit communiquée à fes Saints, à la bienheureuse Vierge, aux patriarches, aux prophetes, aux apôtres & aux martyrs. On y recommandoit encore à fa bonté infinie les fidéles trépaffez, afin que ceux qui prioient & ceux pour qui ils prioient, puffent tous ensemble s'affeoir à la droite de J. C. au grand jour de la refurrection.

La priere dont on fe fert maintenant dans la confecration de l'euchariftic, étoit jointe à cette

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