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AN.1546.

XL.

Le pape

ment à fes

fe d'opprobre & qu'à faire triompher les heretiques. Il fut donc refolu qu'on traiteroit de la doArine & de la reformation en même tems. Après cette deliberation les legats écrivirent au pape: & l'on chargea l'évêque de S. Marc de dreffer les lettres que le concile devoit envoïer à l'empereur, au roi des Romains, au roi de France, & aux autres rois catholiques, & de les faire voir dans la congregation prochaine.

Les legats ne manquerent pas d'informer le cardinal Farnefe de tout ce qui venoit de se pafécrit vive fer, & de faire valoir leur zele & leur attention legats con- pour la cour de Rome & le pape en particulier : tre cette re- mais on n'eut pas à Rome des idées fi avantafolution. geufes, & lorfqu'ils ne s'attendoient qu'à recePallav. ubi voir des louanges, les cardinaux Farnefe & MafJupral: 6 fée leur écrivirent de ne point executer le dernier 7.n.11.6 12. decret, leur marquant qu'il étoit impoffible de traiter ensemble deux points fi importans & d'une fi grande difcuffion; qu'il falloit s'attacher feulement au plus digne qui étoit celui de la foi & des dogmes, infinement au-deffus des vertus morales, & que telle avoit été la pratique des anciens conciles; qu'il ne falloit point se laiffer entraîner aux fantaifies de certains efprits turbulens, & qu'ils s'étoient conduits au hazard au lieu de fuivre exactement les ordres du pape. Mais la correction fut encore plus vive, quand

XLI.

le
pape lui-même eût été informé de leur der-
niere refolution. Il leur manda qu'il étoit fort
en colere qu'ils euffent confenti à l'examen de la
reformation; qu'ils devoient executer les pre-
miers ordres qu'il leur avoit donnez & qu'ab
folument il ne falloit pas permettre qu'on traitât
dans le concile d'autres matieres que de celles qui
concernent la foi, malgré la resolution qu'on ve-
noit de prendre dans la derniere congregation.

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Cette lettre affligea beaucoup les legats, & ce Remon qui les embarraffoit le plus, étoit l'ordre

trances des

que le

pape

AN.1546.

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pape leur donnoit de retracter ce qu'ils avoient fait, & d'expofer ainfi leur réputation. Pour fe legats au tirer de ce pas, ils écrivirent au cardinal Farne- cardinal. fe, qu'en fignifiant aux peres la volonté du pape, Farnefe. de ne traiter que de la foi dans le concile, la di- Pallav, ubi gnité pontificale feroit deshonorée, qu'eux-mê- fup. mes alloient devenir la rifée de tout le monde, & 16. & perdroient toute créance. Que ceux à qui ils avoient communiqué en particulier la revocation du decret, s'étoient déja récriez que le pape ne les joüeroit pas, comme Alexandre V. dans le concile de Pife, & Martin V. dans celui de Conftance, qui s'étoient moquez des peres, en finiffant ces conciles après l'examen des questions de foi, fans vouloir qu'on parlât de la reformation de l'églife, quoiqu'ils l'euffent promis. Que Bucer & fes partifans publioient déja qu'on alloit profcrire leur doctrine dans le concile, & laiffer fubfifter les vices de ceux qui la profcrivoient que tous les prelats étoient dans cette opinion, que les papes avoient toûjours differé d'affembler le concile, parce qu'ils apprehendoient la reformation. Qu'ils auroient commis l'autorité du pape, s'ils avoient abfolument refufé qu'on traitât de la reformation: que le decret auroit paffé malgré eux, & qu'il étoit de l'honneur du faint fiege de montrer que la cour de Rome n'y étoit point contraire; qu'on étoit par-là en droit d'empêcher qu'à la diete d'Allemagne on fit quelque entreprife fur ce fujet. Qu'au refte ils feroient toûjours les maîtres de differer l'exécution du decret autant qu'ils le voudroient; & que pour témoigner la foumiffion qu'ils avoient aux ordres du pape, ils en remettroient la publication dans une autre feffion, afin d'avoir là-deffus une réponse positive. Le cardinal Farnefe leur recrivit que le pape étoit appaifé; mais qu'il fouhaitoit qu'on differât de publier le decret auffi long-tems qu'ils le pourroient Tome XXIX. C

faire,

faire, & qu'on attendît fes ordres fur la maAN.1546. niere dont il devoit être dreffé, ce qui fit plaifir aux legats.

XLII.

L'empe

au concile

L'empereur aïant été informé de ce decret écrivit au cardinal Pacheco, & chargea Dandini reur écrit nonce du pape auprès de lui, de mander aux legats, qu'il falloit proceder lentement dans cette affaire, & ne prononcer aucun anathême contre contre les les Proteftans, dans la crainte qu'ils ne devinsheretiques. fent encore plus furieux.

d'agir len

tement

la lecture

1.02.

3232.p.112.

Pallav.ubi Il y eut une autre congregation le vingt-neuJup. n. 17. viéme de Janvier, où l'on fit lecture des lettres XLIII. que l'évêque de S. Marc avoit été chargé d'écriCongre- re aux princes : & il y fut refolu qu'on écriroit gation fur auffi au pape pour le remercier de la convocation des lettres & de l'ouverture du concile, & le fupplier d'ex& le cachet horter les princes chrétiens à vivre en paix endu concile. tr'eux, & à envoïer leurs évêques & leurs amPallav.ubi baffadeurs à Trente. L'archevêque de Matera fup.c.8.. avertit avec l'approbation du concile, qu'en Raynald. écrivant au pape, il ne falloit pas tant le prier x MS. cx d'envoïer des évêques Italiens à Trente, que Arch. vatic. d'autres des païs éloignez fur lefquels s'étendoit fign. n. fon autorité. L'évêque de Caftellamare vouloit ex diario que tous les prelats, ou du moins quelques-uns, Conc. Trid. fignaffent les lettres. Mais le cardinal de Monté p.68. ad lui répondit qu'il envioit les prérogatives des legats. L'on contefta encore s'il falloit nommer le roi de France avant le roi des Romains; celuici, difoient quelques-uns, n'étant roi qu'en efperance & non pas en effet: mais les évêques Allemands prirent fa défence, pour le mettre de niveau avec l'empereur. Enfin toutes ces lettres firent naître des conteftations fur le cachet qu'on devoit y appofer, pour fçavoir fi ce feroit un cachet particulier du concile qui representeroit le Saint-Esprit en forme de colombe avec le nom du concile. Mais les legats remontrerent adroitement qu'il n'y avoit point de graveur à Tren

hunc ann. n. 18.

te

te, qu'il faudroit envoïer à Venife, que cela feroit long, & qu'il valoit mieux pour le prefent N1546. fe fervir du cachet du premier legat; & par cet expedient qui fut approuvé, les lettres ne furent pas envoïées à l'empereur ni aux princes au nom du concile, mais au nom des legats.

Dans la même congregation les legats propo- XLIV. ferent de divifer tous les prelats du concile en On divife trois claffes qui s'affembleroient dans le logis de du concile les évêques chacun des mêmes legats, avant que de porter en trois

Cliberations à la congregation generale, claffes.

afin qu'elles y fuffent reçues plus facilement & Pallav.ubi avec moins de bruit. Le prétexte dont ils fefup.c.8.ny fervirent, étoit que les queftions feroient plus 5. promptement examinées, & avec plus de liberté en trois lieux differens, qu'il y auroit beaucoup moins de confufion, qu'on ne peut pref que jamais éviter dans le grand nombre, & que chacun y parleroit comme il le jugeroit à propos ou en latin, ou dans fa

les legats, felon Pallavicine naturelle. Mais

plus fecretes, ils envifageoient trois avantages.
qu'ils en devoient tirer. Le premier étoit la fa-
cilité qu'ils trouveroient à conduire les peres, le
grand nombre étant ainfi partagé. Le fecond,
que par ce partage, on arrêteroit les brigues &
les cabales dans lefquelles les peres pourroient fe
laiffer entraîner par les artifices de quelque per-
fonne d'autorité. Le troifiéme, que par-là on
empêcheroit que les prelats d'un efprit turbulent
ou capables d'impofer par leur éloquence, n'en-
gageaffent l'affemblée à prendre quelque refolu-
tion fâcheufe. On proceda enfuite au choix des
peres qui devoient compofer ces trois claffes, &
l'on convint que
les cardinaux Madrucce & Pa-
checo y auroient leurs députez.

Suivant ce projet, on commença à tenir les XLV. affemblées particulieres le deuxième de Février Ony prodans le logis des legats; & quelques peres aïant pofe le dé

C

de

lai du de

cret & le

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demandé qu'on differât le decret qui regardoit AN.1546. l'examen du dogme & de la reformation; les lefymbole. gats reprefenterent que cette demande étoit bien Pallav. ubi fondée, parce qu'on attendoit plufieurs évêques Jupra n. 6. & princes d'Allemagne qui devoient arriver inceffamment; que l'évêque de Padouë ambassadeur du roi des Romains s'étoit déja mis en chemin; qu'on attendoit au premier jour celui du roi de France avec douze évêques & plufieurs theologiens, que l'empereur avoit fait partir d'Efpagne huit prelats, & avoit nommé pour fon ambaffadeur François de Tolede en la place de Mendoza malade de la fievre quarte; qu'enfin le pape preffoit les évêques d'Italie de partir, qu'ainfi il étoit jufte d'avoir égard aux abfens, & d'attendre leur arrivée, qui donneroit plus de poids & d'autorité aux decrets du concile. L'archevêque d'Aix reprefenta qu'il ne convenoit pas de tenir une feffion fans y faire aucun decret & l'évêque de Caftellamare fut de fon avis: d'autres vouloient qu'on attendît les abfens. Pierre Bertan theologien de l'ordre des freres prêcheurs, évêque de Fano, remontra que fi dans les précedens conciles on avoit coûtume de reciter publiquement le fymbole de la foi, comme il fe chante dans le facrifice de la meffe, on devoit, faire la même chofe dans la prochaine feffion. Seripand étonné que les legats vouluffent qu'on differât la publication du decret, & n'en fçachant pas la raifon, opina comme l'évêque de Fano, & confirma fon avis par l'exemple des conciles de Tolede, dans lefquels l'acceptation du fymbole avoit toûjours précedé tout autre statut ou decret.

XLVI.

reciter

Quelques évêques entre lefquels on nomme Quelques celui de Bitonte, & celui de Chiozza, reprefenévêques s'oppolent terent que de tenir une feffion pour y à la publi- un fymbole qui avoit douze cens ans, & aucation du quel on n'avoit jamais contredit, ce feroit apfymbole.

prêter

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