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de Hereford, de Worchefter, de Briftol, de ChiAN.1548.chefter & de Landaff, outre quatre autres feigneurs, Morlay, Dacres, Windfor & Wharton. Le roi y donna enfuite fon confentement. Ainfi fous l'autorité d'un roi enfant, & d'un protecteur entêté de la nouvelle herefie, les prêtres furent déchargez de la continence, & les moines de tous leurs vœux; enforte que de feize mille ecclefiaftiques dont le clergé d'Angleterre étoit compofé, les trois quarts renoncerent à leur celibat fous le regne d'Edouard, qui ne dura pas

fix ans.

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L'édit du parlement étoit precedé d'une préface où l'on difoit :,, Qu'il vaudroit mieux que ,les prêtres & tous les autres miniftres de l'égli,, fe vêcuffent dans la chafteté hors de l'état du ,, mariage, que d'y entrer: Qu'ils s'acquitteroient beaucoup mieux alors des fonctions de leur mi,,niftere, parce que les foins du monde leur cauferoient moins de diftractions: Qu'il feroit à fouhaiter qu'il gardaffent le célibat: Que néanmoins puifque la neceffité du célibat les plongeoit dans toutes fortes d'impuretez, & caufoit tant d'inconveniens, il étoit plus à propos de leur permettre de fe marier que de le leur ,,interdire. Que dans cette vûë tous les reglemens & tous les canons faits contre le mariage des gens d'églifes, étoient revoquez: Qu'ainfi les ,,ecclefiaftiques, dans quelques dégrez qu'ils fuf,, fent, pourroient legitimement fe marier, pour», vû qu'ils le fiffent felon les conftitutions de l'é»glife d'Angleterre. On joignit à cette loi une claufe particuliere: Que comme depuis l'ordonnance des fix articles, les mariages de plufieurs prêtres avoient été invalides & declarez ,, nuls; & qu'apparemment les femmes feparées ,, s'étoient remariées ailleurs, ces divorces & les ,, fuites qu'ils auroient eues fubfifteroient dans leur force.,, L'affaire aiant été portée devant le clergé, paffa à la pluralité des voix.

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Le

firme la

Le deffein d'autorifer le nouvel office occupa AN.1548. enfuite les premiers foins du parlement. Le pro- LIA. jet de l'ordonnance qu'il falloit faire pour cela, fut Ordonnanprefenté aux communes le neuviéme de Decem-ce qui conbre, & le lendemain aux feigneurs. Mais ils ne nouvelle conclurent rien là-deffus que le quinziéme de liturgie. Janvier fuivant: encore le comte de Derby, les évêques de Londres, de Durham, de Norwich, de Carlisle, de Hereford, de Worchefter, de Weftmunster & de Chicefter; les mylords Dacres & Windfor protesterent contre la refolution de leur chambre. Dans cette ordonnance on établit pour fondement: Que comme il y avoit eu diverfes formes de fervices dans l'églife d'Angleterre; & que depuis peu l'adminiftration des facremens, auffi-bien que la celebration des autres parties du culte divin, ne fe faifoit pas d'une maniere uniforme, il étoit impoffible d'empêcher les peuples de s'écarter des coûtumes établies. Que le roi n'avoit pas puni ces novateurs, dans la penfée qu'ils agiffoient par un bon principe: mais qu'enfin l'archevêque de Cantorberi, & d'autres fçavans évêques ou theologiens nommez par le roi de l'avis du protecteur & du confeil, avoient eu ordre de dreffer une forme de fervice qui eut cours dans tout le roïaume. Qu'en cela le roi les avoit chargez de conferver la pureté de la doctrine de J. C. contenue dans la fainte écriture, & en même-tems d'avoir égard à la pratique de l'églife primitive. Que ces commiffaires en avoient heureufement achevé l'ouvrage d'un confentement unanime, & par l'affiftance du Saint-Efprit.

Sur quoi le parlement après avoir examiné le nouvel office, & les chofes qui y étoient ou retenues ou changées, remercioit très-humblement le roi de fes foins. Il le fupplioit auffi de pardonner à tous ceux de fes fujets qui s'étoient rendus coupables en cette rencontre, hormis às

ceux qui étoient dans les prifons de la tour. Il orAN.1548. donna qu'à compter du jour de la pentecôte fuivante, le fervice feroit celebré par tout fuivant le nouveau reglement : Que ceux des ecclefiaftiques qui ne s'y conformeroient pas, fouffriroient à la premiere faute une prifon de trois mois, & la confifcation d'une année du revenu de leurs benefices: Que pour la feconde, ils perdroient leurs benefices; & demeureroient un an en prifon: Et que le châtiment de la troifiéme feroit la prifon perpetuelle. A l'égard de ceux qui combattroient le nouvel office par écrit, ou dans des ouvrages publics, ou qui feroient des menaces aux ecclefiaftiques pour les empêcher d'obéir à l'ordonnance; le parlement veut qu'on les condamne à cent trente livres d'amende pour la premiere offense, au double pour la feconde, & à la confifcation de tous leurs biens pour la troifiéme, outre la prifon perpetuelle. Par un autre article de la même loi, il étoit permis de lire le fervice en latin ou en grec dans les univerfitez à la referve de l'office pour la communion. Enfin il étoit auffi déclaré que pourvû qu'on fe conformât à cette ordonnance, on pourroit ufer dans le même tems d'autres pfeaumes & d'autres prieres, à condition qu'elles feroient tirées de l'écriture. Cette permiffion avoit en vûë la coûtume nouvellement introduite de chanter ordinairement les pieaumes, depuis qu'ils avoient: été traduits en vers anglois. Le parlement aïant été ajourné du vingt-deuxième Decembre au deuxième jour de Janvier 1549. nous ne parlerons de fes autres reglemens , que dans l'année

LX.

Le Lutheranifine

fuivante.

En Pologne Sigifmond Augufte aïant fuccedé à fon pere cette année 1548. n'eut pas le même zele pour la confervation de la religion caPologne tholique, & fouffrit que le Lutheranifme s'infipeu dans fon roïaume. Comme il

établi en

Lubien.bift. ecclef. Polan,

lib.5.

nuât peu å

avoit

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avoit peu de capacité pour les affaires, & beaucoup d'averfion pour s'y appliquer, les hereti- AN.1548. ques en fçurent profiter. Sa paffion pour Barbe Radzivil fille de George caftelan de Vilna, & veuve de Gastold palatin de Lithuanie, les enhardit beaucoup; car ce prince aïant voulu l'époufer malgré prefque toute la noblesse de fon roïaume, il ne trouva d'appui que dans ceux qui étoient de la religion prétendue reformée, ou qui la favorifoient, & en reconnoiffance, il leur permit d'envoïer leurs enfans dans les univerfitez heretiques de l'Allemagne.

LXI.

Quelques

Le nombre de ceux qui embraffoient la nouvelle reforme s'augmentoit auffi en Italie. Dès uns veulent l'année 1546. quarante perfonnes des plus diftin- établir l'heguées par leurs rangs, leurs emplois & leurs ta- refie en Italens, avoient établi une efpece d'academieà Vilie. cence ville de l'état Venitien, pour y conferer Lubieniski enfemble fur les matieres de la religion, & par-clef. &ol. hift. ref. coticulierement fur celles qui faifoient alors plus de Bibliet. bruit. Rien ne les retenant dans les bornes de Antitrinitala foi & du refpect dû à l'églife, ils prirent la li-riorum p.18. berté de revoquer en doute une bonne partie des articles de nôtre créance. Ils nioient la divinité du fils de Dieu, qu'ils reconnoiffoient feulement pour un homme au deffus des autres né d'une vierge par l'operation du Saint-Esprit, mort par l'ordre de Dieu pour nous procurer la remiffion des pechez, reffufcité par la puiffance du pere, & glorieux dans le ciel. Ils reconnoiffoient que ceux qui étoient-foumis à ce Jefus, étoient juftifiez de la part de Dieu, que ceux qui avoient de la pieté en lui, recevoient en lui l'immortalité, qu'ils avoient perdue dans Adam; qu'il étoit lui feul le feigneur & le chef du peuple qui lui étoit foumis, le juge des vivans & qu'il reviendroit à la confommation des fiécles. Ces feuls points faifoient toute leur religion: ils regardoient tout le refte comme des points de la philofophie

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des

LXII.

renouvellé

nitiens.

De Thou

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des Grecs, qui n'appartenoit point à la foi. AN.1548. Ces affemblées ne purent être fi fecretes, qu'uDecret ne republique auffi policée & auffi vigilante que contre les celle de Venife, n'en fut informée; & appreheretiques, hendant les fuites fâcheufes infeparables des noupar les Ve- veautez en matiere de religion, elle fit decreter contre ceux qui fe trouyoient à ces affemblées & ordonna de s'en faifir. Deux furent pris & exebist. lib. 5. cutez à mort, Jules Trevifan & François de Rugo; on les étouffa. Okin, Lelio, Socin Pazula, Gentilis, Jacques de Chiari, Alciat, l'abbé Leonard & d'autres fe fauverent, les uns en Suiffe, les autres. en Turquie ou ailleurs. La republique fe trouva obligée de renouveller le vingtiéme de Juillet de cette année, l'ordonnance qu'elle avoit déja faite en 1521. lorfqu'on fit une auffi rigoureufe recherche dans le territoire de Breffe, de ceux qui étoient fufpects d'herefie, que s'ils euffent été des empoisonneurs. Cette ordonnance enjoignoit à tous ceux qui avoient des livres heretiques, de les porter dans huit jours à des perfonnes qui feroient députées pour les recevoir qu'autrement on en feroit une exacte perquifition, & que les coupables feroient punis avec toute forte de feverité. Et afin de les découvrir plus facilement, il étoit dit par la même ordonnance, que les accufateurs non feulement ne feroient jamais revelez, mais qu'ils feroient encore largement récompenfez. La république fit cet édit fur les remontrances du nonce du pape mais elle у mit cette restriction, que les évêques ni les inquifiteurs ne pourroient pas juger feuls de ce crime; & qu'ils feroient obligez d'appeller à ce jugement les gouverneurs & les juges des lieux, pour examiner les témoins, & prendre garde que fous prétexe de religion, on ne fît aucun tort à fes fujets.

LXIII.

:

Les Venitiens ne firent pas paroître moins de Zele des zele à l'égard de Pierre-Paul Vergerio évêque de

Venitiens

Ju

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