Imágenes de páginas
PDF
EPUB

CVIL

Ennius Philonardi, étoit né à Bucca ville de AN.1549-P'Abruzze dans le roiaume de Naples, d'une faMort du mille affez obfcure, enforte qu'il ne dût fon élecardinal vation qu'à fon merite. Après avoir été élevé & Philonardi. fait fes études à Rome avec quelques progrez, principalement dans le droit, il fe fit connoître ibid. t. 3. a la cour du pape Innocent VIII. 'qui occupoit Aubery ve alors le fiege de S. Pierre. Sa reputation s'étant des cardin. accrue, Alexandre VI. lui donna l'évêché de Ve

[ocr errors]

Ciacon.

2.60%.

[ocr errors]

ruli dans la campagne de Rome. Jules II. le fit abbé de Cafemare, vicelegat de Boulogne & gouverneur d'Imola. Leon X. l'envoïa nonce en Suif

[ocr errors]

& il y fervit le faint fiege avec tant de zele pour le maintien de l'autorité pontificale, qu'il fut continué dans le même emploi fous Adrien VI. & Clement VII. Enfin Paul III. recompenfa fes fervices, en le faifant gouverneur du château faint Ange, & lui donnant le chapeau de cardinal le vingtiéme Decembre 1536. avec le titre de faint Ange. Il fut enfuite évêque d'Albano, & gouver na l'églife de Monte-Feltro pendant dix ans, après lefquels il la remit à fon neveu avec l'agrément du fouverain pontife. Il fut auffi nommé par le même pape legat de l'armée du faint fiege pour reprendre le duché de Camerino fur le duc d'Urbin, & on l'emploïa dans les legations de Parme, de Plaifance & d'autres, après lefquelles étant retourné à Rome, il mourut dans le château faint Ange un jeudi dix-neuviéme de Decembre 1549. âgé de quatre-vingt-trois ans. Et comme on tenoit alors le conclave pour donner un fucceffeur à Paul III. qui étoit mort trois femaines auparavant, comme on dira bien-tôt, les deux neveux de Philonardi, Antoine évêque de Veruli & Saturnin, profiterent de ce tems-là pour faire tranfporter le corps de leur oncle à Bucca fa patrie, où l'on voit encore aujourd'hui fon tombeau & fon épitaphe.

Dans le même mois de Decembre, le vingt

CVIII.

Le Maire

clefiaf.t. 14.

cinquième, jour de Noël, mourut encore un auteur ecclefiaftique qui s'eft rendu recommandable AN.1549. par fes ouvrages fur l'écriture fainte. C'eft Jean Mort de de Gaigny, ou Gagnée Parifien, neveu d'un pre-Jean de mier préfident du parlement de Paris du même Gaigny, ou Gagnée. nom, qui fut ensuite chancelier de France. Gaig- Du Boulay ny étudia les langues fous le celebre Pierre Da-bit, univ. nez, & la theologie au college de Navarre, & Paris t. 6. aïant été élû recteur de l'univerfité en 1531. il.951. prit alors le bonnet de docteur, & dès-lors s'ap- de fcriptor. pliqua beaucoup à l'étude de l'écriture fainteali. xvI. dont il fit des explications publiques. Le roi Fran- Dupin bibl. çois I. le choifit pour fon lecteur & fon prédi- des ant. ec cateur, & peu de tems après le fit fon premier in 4. p. 182. aumônier, emploi qu'il ne crut pas incompati- &fiv. ble avec la dignité de chancelier de l'églife de Paris qu'il accepta en 1546. & qu'il conferva jufqu'à fa mort. Outre les langues & la theologie aufquelles il s'étoit adonné, il compofoit affez bien en vers latin, dans lefquels il mit les pfeaumes. On a de cet auteur. 1. Des notes fur tout le nouveau teftament affez courtes, mais juftes & d'un grand ufage pour ceux qui veulent entendre le texte : il fuit le grec, & avec cet ouvrage on peut fe paffer de plus longs commentaires, parce qu'on y trouve une critique exacte & le fens litteral expliqué par une efpece de paraphrafe. 2. Ses fcholies fur les évangiles, les actes des apôtres & les épîtres de faint Paul. Il commença par ces dernieres qu'il dédia au cardinal de Lorraine qui l'avoit engagé à ce travail, & qu'il fit imprimer à Paris en 1539. Il en donna en 1543. une nouvelle édition plus ample qui contient auffi des fcholies fur les épîtres canoniques & l'apocalypfe; mais les fcholies fur les évangiles & fur les actes ne furent imprimées qu'après fa mort en 1552. par les foins de François Aleaume. Il s'y attache fur tout aux auteurs Grecs, quoiqu'il ne neglige pas S. Jerôme, & les peres

[ocr errors]

La

Latins. Il y maltraite Cajetan & loüe beaucoup AN.1549.Catharin & Pighius, dont il fuit les fentimens fur la grace & la prédestination: & reprend quelquefois Erafme & le Févre d'Etaples.

CIX.

Les pfeaumes de David qu'il a donnez, font compofez de differentes fortes de vers lyriques qu'il a mis à côté du texte de la vulgate, éclairci par les differences de l'hebreu. On a encore de lui une traduction des commentaires de Primafius fur les épîtres de S. Paul, qu'il mit en nôtre langue par ordre du roi François I. & qu'il publia Paris en 1540. Il y a encore de cet auteur une

autre traduction des fermons de Gueric abbé d'Igny, qui fut imprimée à Lyon en 1543. & des fermons françois fur les dernieres paroles de J.C. attaché à la croix, avec un hendecafyllabe fur le facrement de l'eucharistie. Enfin il publia les poëfies d'Alcimus Avitus & de Marius Vi&tor, & les trois livres de l'hiftoire de la prife de Jerufalem, écrite par Apollonius Collectius prétre de Navarre, qui furent auffi imprimez à Paris en 1540. Il avoit expliqué le livre des fentences de Pierre Lombard dans le college de Navar re en 1529.& fes écrits font connoître qu'il fçavoit les langues & qu'il avoit affez d'érudition, un efprit net, & un jugement folide, avec beaucoup de pieté & de religion.

Cette même année mourut Marguerite d'OrMort de leans ou de Valois, ducheffe d'Alençon, puis Marguerite reine de reine de Navarre, & fœur du roi François I. Navarre. Elle étoit née à Angoulême le onzième d'Avril De Then 1492. & avoit été élevée à la cour de Louis XII. ibid. lib. 6. fon oncle. Devenuë veuve de Charles dernier duc Brantôme d'Alençon que François I. avoit fait reconnoître dames illa premier prince du fang, & qu'il avoit honoré de fires p. 319. la charge de connêtable; ce monarque la maria & 320. en 1527. à Henri d'Albret roi de Navarre & prince de Bearn ; & de ce mariage elle cut Jeanne d'Albret qui épousa Antoine de Bourbon

memoire des

perc

pere du roi Henri IV. Cette reine avoit beau-
coup de connoiffance des belles lettres, compo-
foit très-bien en vers & en profe, & avoit fur
tout une facilité admirable à faire des devifes.
Comme elle avoit beaucoup de penchant pour la
nouvelle doctrine, elle protegea toûjours ceux
qu'on perfecutoit en France à cette occafion; &
elle reçut à Nerac dans le duché d'Albret le fa-
meux Jacques le Févre & Gerard Rouffel here-
tiques, qui lui communiquerent leurs fentimens.
Elle fit un livre qui fut cenfuré par la faculté de
theologie de Paris; il étoit intitulé: Le miroir
de l'ame pechereffe, & fut imprimé en 1533. Elle
avoit pris de mesures qui l'euffent peut-être por-
tée à favorifer ouvertement les Proteftans, fi
l'infolence de quelques étourdis qui afficherent
des placards en 1534. contre le facrement de
l'euchariftie, n'eut porté le roi fon frere à deve-
nir un des plus zelez perfecuteurs de l'herefie. Ce
qui obligea cette princeffe à fe conduire d'une
maniére que les heretiques condamnoient hau-
tement, parce qu'elle n'agiffoit plus felon leurs
vûës, & què les Catholiques ont interpretée en
bonne part, en publiant qu'elle étoit parfaite-
ment revenuë de fes erreurs. On a écrit
que fur
la fin de fa vie, elle frequentoit fouvent les fa-
cremens de penitence & d'euchariftie. Elle mou-
rut le vingt-uniéme de Decembre, dans le châ-
teau d'Odos en Bigorre, & elle fut inhumée à
Pau dans le Bearn. Charles de Sainte-Marthe
lieutenant general d'Alençon fit fon oraison fune-
bre, & l'on a un volume entier d'épitaphes qu'on
fit
pour elle. On l'a crû auteur d'un livre intitu-
lé Les meditations pieufes de l'ame chrétienne,
qui fut traduit en Anglois par la reine Elifabeth,
& imprimé à Londres.

AN.1549.

CX.

Ce fut dans cette année que la nouvelle do&trine des reformez acquit un nouveau profeffeur Theodore à Lauzanne, dans la perfonne de Theodore de fait profef

Beze,

de Beze eft

feur à Lau

2.9.& feq.

Beze, qui devint un des principaux pilliers de AN-1549 Pherefie, & comme un fecond Calvin dans ce zanne. païs-là, ce fut le premier emploi qu'il eut dans Ant. de la la réforme. Il étoit né à Vezelay ville du duché Faie de vita de Bourgogne d'une famille noble, le vingt-quaobitn triéme de Juin 1519. Son pere s'appelloit PierTheed. Beza re de Beze, & fa mere Marie Bourdelot ; & il dit lui-même dans l'épître dédicatoire de fa confeffion de foi qu'il adreffa à Wolmar, que fes ancêtres étoient riches depuis plufieurs generations, & qu'ils avoient laiffé beaucoup de bien à l'églife. Il n'avoit pas deux ans que Nicolas de Beze fon oncle confeiller au parlement de Paris, le fit venir dans cette ville, & prit foin de fon éducation. Il étoit dans fa dixième année lorsque cet oncle l'envoïa à Orleans auprès de Melchior Wolmar Allemand, qui avoit de grands talens pour élever la jeuneffe. Il paffa fept ans chez lui, où il fit des progrés extraordinaires dans les humanitez, mais il prit du goût pour la nouvelle doctrine que lui infpira Wolmar qui en étoit infecté.

Sa principale occupation étoit de lire les auteurs grecs & latins & de faire des vers. Il avoit de bonnes qualitez; il fçavoit fe concilier l'amitié de tous les hommes de lettres qui le connoiffoient, autant par fa politeffe que par fon efprit, & plufieurs poêtes de fon fiecle ont parlé de lui avec éloge dans leurs ouvrages. Après avoir achevé fon cours de droit à Orleans, & reçû le bonnet de docteur à l'âge de vingt ans, il fuivit le penchant qu'il avoit pour la poëfie, & compofa des épigrammes & d'autres pieces de vers latins, qui lui acquirent le renom de bon poëte. Il en donna des preuves dans fes Juvenilia, qui parurent en 1548. Il dédia ces poëfies à Melchior Wolmar fon profeffeur. Elles confiftent en filves, élegies, épitaphes, tableaux, & épigrammes. Elles font écrites avec délicateffe. Mais il en a parmi de fort obscenes.

y

Ses

« AnteriorContinuar »