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AN.1546.

LIX.

des livres

Pallav.

jhid. n. 5.

les livres de l'écriture fainte en deux claffes, & mettre dans l'une ceux qui concernoient les mœurs, qui fervoient à exciter la pieté des fidéles, & qui pour cela font reçûs par l'église comme bons, tels que font les livres des Proverbes & de la Sageffe, dont S. Jerôme, S. Augustin & d'autres anciens auteurs ont fouvent fait mention dans leurs écrits. L'autre claffe devoit être des livres dogmatiques fur lefquels la foi étoit appuïée; mais cette divifion ne fut point approuvée des peres, & ne trouva aucun partisan.

On ne s'arrêta donc qu'aux deux premiers arOn exami- ticles; on convint d'abord unanimement qu'il ne le canon falloit approuver tous les livres de l'écriture fainde l'écritu- te. Marcel Cervin un des legats parla long-tems re fainte. là-deffus & dans une congregation particuliere, & dans une generale qui fut tenue le vingt-deuxiéme de Fevrier. Il dit qu'il y avoit quelques livres de la Bible revoquez en doute non-feulement par les heretiques; mais encore par des auteurs catholiques; qu'il ne paroiffoit pas d'où pouvoient venir ces doutes; mais qu'il étoit vraifemblable, qu'on les puifoit dans l'herefie qui s'étudie à rejetter des témoignages légitimes lorfqu'ils fervent à réfuter fes erreurs. Que les peres étoient donc invitez à approuver en termes exprès les livres declarez canoniques dans le canon des Apôtres, dans le concile in Trullo, où la plûpart font rapportez, dans celui de Laodicée, dans le troifiéme de Carthage qui met au nombre des livres divins Judith, Tobie & l'Apocalypfe; que le même catalogue avoit été dreffé par S. Athanafe, S. Gregoire de Nazianze, le quatriéme concile de Tolede, les papes Innocent I. & Gelafe, & en dernier lieu le concile de Florence, qui les reconnoiffoit tous pour livres facrez. Ce qui fut conclu tout d'une voix, quoiqu'on cut formé quelques difficultez fur le livre de Baruch qui ne fe trouvoit point dans le

ca

canon du concile de Carthage. A quoi Cervin répondit, que ce concile aiant regardé Baruch comme le fecretaire de Jeremie, l'avoit compris fous le nom de ce prophete: que l'églife reconnoiffoit ce livre pour canonique, puifqu'elle s'en fert dans l'office du famedi faint & de la veille de la Pentecôte. 900

AN.1546

LX.

fans aucun

examen.

Le fecond article fouffrit plus de difficultez. Il s'agiffoit de fçavoir fi l'on feroit un nouvel examen des livres faints les cardinaux de Monté & Pacheco étoient pour la négative. Les trois autres, Cervin, Polus, & Madrucce vouloient au contraire qu'on examinât ces livres, & qu'on fatisfit aux objections des adverfaires. Les premiers affuroient que la coûtume conftante de l'églife avoit toujours été de ne point examiner de nouveau les anciens decrets des conciles & des peres, ils rapporterent l'ordonnance des papes ConteftaGelafe & faint Leon, de ne point difcuter ce qui tion fi l'on avoit été une fois décidé, l'édit de l'empereur approuvera Marcien qui faifoit la même défenfe; ils ajoû-le canon terent que ce feroit bleffer l'autorité des anciens conciles, qui avoient mûrement examiné ces Pallav. matieres; que les heretiques là-deffus avoient été ibid. n. 6. amplement refutez par le cardinal Fifeher, Co- Raynald. chlée, Pighius, Eckius & d'autres fçavans au- ad hunc an. teurs.,, Car de quel ufage, difoient-ils, feroit un nouvel examen? Eft-ce pour faire paroître que le concile a douté de l'autorité légitime des écritures fur lesquelles l'églife fe fonde pour combattre les heretiques, & pour appuier les pre,, miers principes de notre foi? Est-ce pour donner occafion aux Lutheriens de fe glorifier d'a ,, voir rendu par leurs fubtilitez, les définitions des ,, anciens conciles fufpectes de fauffété. La difpute ne doit être établie que pour chercher & connoître la verité : il eft donc inutile d'y avoir recours, quand cette verité eft connuë.

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Mais ceux qui étoient du fentiment qu'on de

8.18. 19.

voit proceder à un nouvel examen, infistoient AN.1546. fur ce que la difcuffion ne fervoit pas feulement à découvrir la verité, qu'on l'emploïoit enco re pour la confirmer que les peres ne devoient pas feulement fe nourrir eux-mêmes de la doarine célefte qu'ils étoient pasteurs & les chefs des pafteurs, que. par confequent c'étoit leur devoir de rendre les autres propres à inftruire, capables d'exhorter felon la faine doctrine, & de convaincre ceux qui s'y oppofent. Que le dernier concile de Latran enjoint aux Catholiques de réfoudre tous les argumens contraires aux myfteres de la foi. Ils citerent l'opinion de faint Thomas dans la fomme contra gentes. Ils rapporterent les difputes de faint Athanafe avec Arius, celles de S. Jerôme avec les Luciferiens, celles de faint Auguftin avec les Donatiftes & d'autres, en concluant que cette foumiffion qu'on fe vantoit d'avoir pour la venerable antiquité à laquelle il falloit déferer fans examen, n'étoit qu'un prétexte pour couvrir ou fa pareffe ou fon ignorance. Ce dernier avis de Michel Cervin prévalut dans une congregation particuliere; ce qui fut caufe qu'on ne prit aucune réfolution dans la generale qui fuivit; les fentimens y furent fi partagez, & il y eut tant de confufion, que le promoteur fut contraint d'ordonner que chacun ne parleroit qu'en fon rang, & qu'on l'interrogeroit. Ainfi l'on ne recueillit les fuffrages, que touchant la reception des livres de l'écriture, & tous en convinrent. Il n'y eut de divifion que fur l'anathême que quelques uns vouloient que le concile prononçât contre ceux qui ne recevroient pas ces livres, pour reprimer la hardieffe de certains catholiques parmi lefquels on nommoit le cardinal. Cajetan. Les legats étoient de cet avis & avoient pour eux vingt prelats, l'autre parti à la tête duquel étoit le cardinal de Trente n'avoit que quinze partifans. Ainfi l'on ne décida rien, &

l'on

LXL

l'on remit l'affaire à une autre congregation. AÑ.1546. Des livres de l'écriture fainte, on paffà à la tradition, c'est-à-dire, à la doctrine de J. C. & des Apôtres, qui n'eft pas marquée dans les livres tions diffe canoniques, & qui eft venue jufqu'à nous par fuc- rentes pour ceffion, qu'on trouve dans les ouvrages des peres examiner la & dans l'histoire ecclefiaftique. Il y eut fur cette tradition. queftion beaucoup de congregations particulie-Palla. whi Supra c. 11. res, aufquelles affiftoient deux prelats, un theo-.8. Og logien & un canonifte, pour dreffer les decrets touchant les livres canoniques & la tradition. De ce nombre furent Sauveur Alepius archevêque de Torre ou de Saffary, les archevêques de Matara & d'Armach, les évêques de Caftellamare, de Belcaftro & de Feltre. On y lut les endroits de l'écriture & des faints docteurs qui favorifoient la tradition. Claude le Jay de la compagnie de Jesus, & procureur du cardinal d'Ausbourg, fit voir qu'il y avoit deux fortes de traditions, l'une qui appartenoit à la foi, l'autre aux moeurs & aux rites; qu'il falloit recevoir les premieres fans exception, & qu'entre les dernieres, il ne falloit admettre que celles qui étoient fondées fur la pratique de l'églife. Ce qui fut appuïé du cardinal Cervin, qui emploïa l'autorité de S. Bafile pour montrer qu'il ne falloit recevoir que les traditions qui s'étoient tranfmifes depuis les Apôtres jufqu'à nous. Toutes ces chofes furent agitées dans une congregation generale qui fut affemblée le vingt-fixiéme de Fevrier; & quoique tous les theologiens y fuffent d'accord, que la doctrine do l'églife étoit fondée en partie dans l'écriture, & en partie dans la tradition, les avis ne laifferent pas d'être fort partagez quant à la maniere de traiter cette question.

LXII.

Differentes

Les uns vouloient qu'on marquât expreffément les traditions qu'on devoit recevoir, d'au- difputes an tres au nombre defquels étoient l'archevêque de fujet des Torre, prétendoient au contraire, qu'on devoit traditions,

ad

admettre toutes les traditions en general, fans AN.1546. leur donner la qualité d'apoftoliques, afin qu'il ne Pallav.ubi parût pas qu'on rejettât les autres qui regardent Supra c. 9. les rites & qui ne viennent pas des Apôtres. L'é

10. 11.

LXIII. Sentimens

Lunelle cordelier.

Fra-Paolo Sarpi hift.

du conc de Trente 1. 2. P. 188.

vêque de Chiozza foutenoit qu'il ne falloit nullement recevoir ces dernieres, parce qu'elles étoient. infinies & trop onereuses. Les évêques de Fiezole & d'Aftorga fe plaignoient qu'étant affemblez pour traiter conjointement des dogmes de la foi & de la reformation de la difcipline, l'on perdoit fon tems à parler de toute autre chofe. Un certain Thomas Cafelius Dominicain & l'évêque de Bertinove dans la Romagne, dit qu'il étoit fort furpris que deux ou trois prelats fuffent fans ceffe oppofez à un concile general, comme fi l'on n'étoit pas convenu d'un consentement unanime, qu'on traiteroit des livres canoniques, de la tradition, & enfuite des abus de l'un & de l'autre. Et le cardinal Polus quoiqu'assez moderé, ne pût se dispenser de s'addresfer à ces deux évêques & de leur faire des reproches de leur envie de contredire, mais l'occafion où ce legat fit paroître plus de zele, fut au fujet des deux fiftemes de Vincent Lunelle cordelier, & d'Antoine Marinier carme, contre les traditions.

Le premier dit, que comme l'écriture fainte de Vincent & la tradition devoient être pofées pour fondemens de la foi, il falloit traiter auparavant de l'églife qui en eft le fondement principal, l'écri ture recevant d'elle toute fon autorité, felon ce que dit S. Auguftin, qu'il ne croiroit pas à l'évangile, fans le motif de l'autorité de l'églife, & les traditions n'étant en ufage que par l'autorité de l'églife, à qui il appartient de décider ce qu'on doit recevoir comme tradition; l'on pouvoit fûrement bâtir fur ce principe, que tous les chrétiens font obligez de croire à l'églife. Il ajoûta qu'il falloit fuivre l'exemple de tous ceux qui

Dupin. bibl. des ant. to.

15.in 4. p. 11. 12.

avoient

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