l'avoit été M. Perrault, fut de même chargé de fe trouver aux Affemblées pour en écrire les délibérations, & devint par là le cinquiéme Académicien. Bientôt M. de Louvois y en ajoûta deux autres, dont il jugea le fecours très néceffaire à l'Académie pour l'Hiftoire du Roi. C'étoient MM. Racine & Defpréaux. Il en vint enfin un huitiéme, M. Rainffant, homme versé dans la connoiffance des Médailles, & qui étoit Directeur du Cabinet des Antiques de Sa Majesté.

Sous ce nouveau Miniftére on reprit avec ardeur le travail des Médailles de l'Hiftoire du Roi,qui avoit été interrompu dans les derniéres années de M. Colbert. On en frappa plufieurs de différentes grandeurs, mais prefque toutes plus grandes que celles qu'on a frappées

depuis, ce qui fait qu'on les ap pelle encore aujourd'hui au balancier Médailles de la grande Hiftoire. La Compagnie commença aussi à faire des Devises pour les Jettons de l'Ordinaire & de l'Extraordinaire des Guerres, fur lefquels elle n'avoit pas encore été confultée.

M. Quinault mourut au mois 'd'Octobre 1688. & M. Rainffant se promenant dans le Parc de Verfailles, le long de la pièce d'eau qu'on appelle la Piéce des Suiffes, y tomba malheureusement & s'y noya le feptiéme de Juin 1689. ces deux places ne furent remplies qu'en 1691. après la mort de M. le Marquis de Louvois.

La Charge de Sur-Intendant des Bâtimens fut donnée à M. de Villacerf, mais le Roi en fépara le foin des Académies. Sa Majefté en

chargea M. de Pontchartrain, alors Controlleur Général, & Sécretaire d'Etat ayant le département de la Maison du Roi, & depuis Chancelier de France.

M. de Pontchartrain, né avec beaucoup d'efprit, & avec un goût pour les Lettres qu'aucun Emploi n'avoit pû rallentir, donna une attention particuliére à la petite Académie, qui devint plus connue fous le nom d'Académie Royale des Inf criptions & Médailles. Il voulut que M. le Comte de Pontchartrain fon fils fe rendit fouvent aux Affemblées, qu'il fixa exprès au Mardi & au Samedi. Enfin, il donna l'infpection de cette Compagnie à M. l'Abbé Bignon fon neveu, dont le génie & les talens étoient déjà universellement reconnus.

Les places vacantes par la mort

&

par

de M. Rainffant & de M. Quinault furent remplies par M. de Tourreil M. l'Abbé Renaudot. Toutes les Médailles dont on avoit arrêté les deffeins du tems de M. de Louvois, celles même qui étoient déjà faites & gravées, furent revûes avec foin. On en réforma plufieurs; on en ajoûta un grand nombre; on les réduifit toutes à une même grandeur; & l'Hiftoire du Roi fut ainfi pouffée jufqu'à l'avénement de Monfeigneur le Duc d'Anjou fon petit-fils à la Couronne d'Espagne.

M. Coypel, devenu depuis Premier Peintre du Roi, exécuta avec un fuccès digne de toute la réputation qu'il s'eft acquife, les différens deffeins de Médailles que l'Académie avoit imaginez. On employa les plus habiles Graveurs de l'Europe

l'Europe pour les coins d'acier, & pour les gravûres en taille-douce. Les Académiciens partagérent entr'eux & revirent ensemble la Def cription des événements marqueż fur les Médailles ; & pour en rendre l'impreffion plus belle, on grava de nouveaux caractéres, & chaque Médaille avec fon explication, fut enfermée dans un cartouche d'une beauté finguliére.

Pendant le cours de cè travail, l'Académie perdit trois Académiciens, M. de la Chapelle * qui te- *Ed16946 noit la plume, M. Félibien * & *En 1695+ M. Racine.

*

M. de la Chapelle fut remplacé par M. de la Loubére, & M. l'Abbé Tallemant lui fuccéda dans l'emploi de Sécretaire. M. Dacier fut nommé à la place de M. Félibien; celle de M. Racine fut donnée à Tome 1.

* En 1699