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marge la lecture de chaque difcours, comme on le fera dans la fuite. Le vuide auroit été trop remarquable, & on auroit pû l'attribuer à l'inaction de la Compagnie, ou à la médiocrité des Piéces. Cependant, celles même dont on n'a fait aucun usage, ne font pas à beaucoup près toutes dignes d'oubli. Mais les unes ne font que des ébauches ou des commencemens qui ont befoin de toute leur fuite avant que de pouvoir paroître. D'autres fe font trouvées trop femblables à celles qu'on avoit déjà destinées à l'impreffion. D'autres enfin, ont paru trop étrangères à l'objet principal

Tome I.

B

de l'Académie, foit que la Phyfique pût les disputer à la Littérature ordinaire,foit qu'elles appartinffent plutôt à la Jurifprudence ou à la Politique qu'à l'Hiftoire, foit enfin qu'el les fuffent plus du reffort de la Théologie que de la fimple Critique.

Telles font encore quantité de Poëfies Latines & Françoi fes, qui, après avoir agréable, ment rempli quelques Séan→ ces, & avoir fourni à des converfations, ou, ce qui eft à peu près la même chose dans une Académie, à des contestations fçavantes fur le tour & les idées Poëtiques, fur les termes & les phrafes, ont cepen

dant été nommément exclues de ce Recueil, dans la crainte que cette efpéce de travail dont le charme eft fi féduifant, ne prévalût un jour à un travail plus férieux & plus utile. Des perfonnes qui ont quelque connoiffance des Livres, & à qui cette connoiffance tient ordinairement lieu de toute autre étude, ne manqueront pas d'observer fastueusement qu'il y a dans ces Mé→ moires quelques fujets déjà traitez ailleurs, & d'en faire un crime à l'Académie. A peine voudront-ils bien convenir que c'eft quelque chofe que de tranfporter heureufement dans

notre Langue des matiéres in

téreffantes, & cependant inac ceffibles à la multitude par la feule différence du langage. Ils n'iront jamais jufqu'à dire que c'eft en quelque forte les créer une feconde fois, que de leur donner, en les tranfportant ainfi d'une Langue dans une autre, cet air de précifion & de méthode fi généralement inconnu aux Antiquaires des deux derniers fiécles.

Combien donc feroient-ils plus éloignez encore, d'examiner & de pouvoir sentir tout ce que l'on a joint à l'ordre & à la netteté que l'on désiroit dans les premiers Auteurs; les réflexions qui développent,

qui étendent ou qui réforment, qui confirment, qui détruifent ou qui concilient les notions différentes & fouvent oppofées qu'ils nous avoient laiffées fur un même point d'Hiftoire ou de Critique?

Si l'on ne devoit avoir que des Lecteurs de ce caractére, on écriroit peu, ou, ce qui feroit mieux encore, on n'écriroit point. Ils fçavent tout, & la preuve qu'ils en donnent, c'eft qu'ils n'approuvent rien.

Mais une Compagnie qui fe dévoue de bonne foi à l'avancement des Lettres, & qui ne mesure pas le fçavoir des hommes au ton qu'ils prennent, n'en va pas moins tranquille

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