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connu par quelques piéces de théatre. Le manuscrit s'égara entre fes mains; & comme c'étoit un Joueur de profeffion, M. Vaillant s'en confola, en difant qu'il avoit acquis le droit de tout perdre.

La nouvelle qualité de Médecin couvrit pour quelque tems la marche de M. Vaillant dans le fentier des Lettres. L'utilité publique emportoit un fi grand nombre d'heures, qu'il ne lui reftoit que des moments, mais des moments tranquilles pour l'étude de la bonne Antiquité; & rien ne prouve mieux qu'il les employoit à cet ufage, que les Differtations qu'il a données depuis en différents tems à l'Académie, où il entra au mois de Juin 1702.

A la premiére Afsemblée publile nouvelAcadémicien justifia

que,

le choix de la Compagnie par un difcours trés-fingulier. La Médaille d'un Roi peu connu dans l'ancienne Hiftoire en fit le fujet. Elle repréfentoit Achée Prince Syrien, qui avoit acquis de fi bonne heure le titre de grand Capitaine, qu'il le jus gea, à la fleur de fon âge, un titre ingrat, s'il ne lui ouvroit le chemin à l'indépendance. Il fe fit procla mer Roi dans les Provinces dont Antiochus le Grand lui avoit confié la garde; & il paroiffoit déja affermi fur le trône par des alliances, & par des conquêtes importantes, lorfqu'il périt par la trahison d'un nommé Bolis, dont il ne fembloit pouvoir raisonnablement se défier que parce qu'il étoit Crétois.

M. Vaillant joignit à la décou

verte & à l'explication du Monument d'Achée, une histoire si dé

taillée de sa vie, que l'on eût dit que Polybe & Strabon, qu'il citoit fur certains faits, lui avoient laiffé cette hiftoire entiére.

Dans une autre Affemblée publique, il expliqua le revers d'une Médaille de Septime Sévére, qui ne demandoit ni moins de fagacité, ni moins de jufteffe. Le type, qui paroiffoit d'abord une énigme impénétrable, devint infenfiblement entre fes mains un tableau parlant de la premiére victoire de Sévére fur Pefcennius Niger. Le lieu du combat défigné par le cours des fleuves; les trophées élevez fur le champ de bataille; les Chefs сарtifs; les ftatuës érigées en l'honneur du vainqueur; tout fe développa dans une ordonnance fi naturelle & fi pompeufe, que s'il refta encore quelque doute à de médiocres con

noiffeurs, ce fut de fçavoir fi la Médaille n'avoit point été faite pour l'explication.

Le talent de M. Vaillant n'étoit

cependant pas borné à ces éclairciffements particuliers. Il entroit avec la même facilité dans de grands deffeins; & ce qu'il nous a leu d'un Traité fur les Voeux des Anciens, perfuade qu'il avoit naturellement l'efprit de fyftême, si nécessaire à ceux qui entreprennent des ouvrages de quelque étenduë. Il achevoit ce Traité, lorfque nous perdîmes M. Vaillant fon pere.

Cet homme rare, que l'Académie regrettera toûjours, nous avoit promis, peu de tems avant sa mort, une nouvelle explication de certains mots abrégez, ou des lettres initiales qui fe trouvent à l'exergue de pref que toutes les Médailles d'or du bas

Empire, au moins depuis les enfants du Grand Conftantin jufqu'à Léon Ifaurien. M. Vaillant le fils regarda cette promeffe comme la premiére dette de fa fucceffion. Il se rappella ce qui étoit quelquefois échappé à fon pere fur cette matiére, & il fournît de fon propre fonds toutes les preuves du fentiment de fon pere.En attendant que le Public ait décidé à qui,dans ces cas finguliers,appartient la gloire d'un ouvrage, il ne désapprouvera pas que nous l'abandonnions également à deux perfonnes qui ne se la feroient jamais disputée.

Au refte, quoique M. Vaillant ait furvécu fon pere de deux ans entiers, il femble que nous les ayons perdus l'un & l'autre presque en même tems, parce qu'il a mené, pendant ces deux années-là, une vie trés-languiffante, & peu favorable aux exer

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