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Famille; & ne pouvant plus lui faire d'autre bien que de s'employer luimême à diminuer le chagrin qu'elle devoit avoir de le perdre, il fut occupé dans les derniers momens de fa vie, ou à lui dire tout ce que l'on peut imaginer de plus confolant fur cette séparation nécessaire, ou à lui en cacher les approches. La veille même de fa mort, écrivant à M. de Bafville fon Frere, il fe contenta de lui marquer en ces termes l'état où il fe voyoit: Vous fçaurez dans peu ma destinée. Et la derniére fois qu'il parla à Madame de Lamoignon, après l'avoir remerciée de tous les foins qu'elle avoit eûs de lui pendant sa maladie, il se tourna vers fon Confeffeur, & prononça ces paroles: Dilecta uxor, æternùm Vale; affectant de parler en latin, & de porter fes regards d'un autre côté, pour ne Tom. I. *

la pas accabler de douleur par ce dernier adieu. Enfin, il n'a jamais fait voir plus de fermeté, plus de grandeur d'ame, que dans ces triftes inftans où les vertus d'emprunt difparoiffent, & où la plupart des hommes fe dégradent eux-mêmes.

CATALOGUE DES OUVRAGES imprimez de M. DE LAMOIGNON.

1o. Plufieurs Harangues prononcées aux ouvertures du Parlement, lorfqu'il étoit Avocat Général, & imprimées dans les Recueils du tems; outre plufieurs de fes Plaidoyers, dont on trouve les Extraits dans les Journaux des Audiences & du Palais.

2o. Lettre fur la mort du P. Bourdaloue, imprimée à la fin du troifiéme Volume de fes Sermons pour le Carême.

ELOGE

ELOGE

DE M. CORNEILLE.

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HOMAS CORNEILLE na- 1710. quit à Rouen, le 20. d'Août Affemblée 1625. de Pierre Corneille, Avocat d'après Pâ du Roi à la Table de Marbre, & de Marthe le Pefant, fille d'un Maître des Comptes, de qui font auffi defcendus Meffieurs le Pefant de Boisguilbert, dont l'un eft Confeil ler en la Grand'-Chambre du Parlement de Roüen, l'autre Lieutenant Général, & Président au. Préfidial de la même Ville.

Le jeune M. Corneille fit fes claffes aux Jéfuites; & il y a apparence qu'il les fit bien. Ce que l'on en fçait de plus particulier, c'eft qu'étant Tome I.

L

en Rhétorique il compofa en Vers latins une Piéce que fon Régent trouva fi fort à fon gré, qu'il l'adopta, & la fubftitua à celle qu'il devoit faire représenter par ses Ecoliers pour la diftribution des Prix de l'année. Quand il eût fini fes études, il vint à Paris, où l'exemple de Pierre Corneille fon aîné le tourna du côté du Théatre; exemple, qui pour être fuivi, demandoit une affinité de génie que les liaisons du fang ne donnent point, & que l'on ne compte guéres entre les titres de famille.

Son début fut heureux;&Timocrate, une de fes premiéres Tragédies, eut un fi grand fuccès, qu'on la joüa de fuite pendant fix mois.LeRoi vint exprès au Marais pour en voir la représentation:& le zéle de quelques amis de M. Corneille alla jufqu'à lui vouloir perfuader d'en refter là, comme

s'il n'y avoit eû rien à ajouter à la gloire qu'il avoit acquife, ou qu'il eût beaucoup rifqué à la vouloir foûtenir par de nouvelles productions. Mais Laodice, Camma, Darius, Annibal, & Stilicon qu'il donna enfuite, ne reçûrent pas moins d'applaudiffemens que Timocrate, & ce fut fans doute avec justice, puifque Pierre Corneille lui-même disoit qu'il auroit voulu les avoir faites. Il n'y avoit alors que M.Corneille dont nous parlons,qui pût mériter la jalousie de fon Frere,& il n'y avoit peut-être que ce Frere qui fut affez généreux pour l'avoüer.

De ce Tragique fublime, M. Corneille paffa à des caractéres, qui plus naturels ou plus à la portée de nos mœurs, quoique toujours héroïques, n'avoient cependant pas encore été placez fur la Scéne Françoise. Aria

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