ELOGE DE DOM MABILLON. OM JEAN MABILLON nâquit Die de Novembre 1632. à 1708. Affemblée d'après På le 23. Saint Pierremont, lieu fitué fur les publique frontiéres de Champagne, à une éga- ques le distance de Mouzon & de la Chartreufe du Mont-Dieu. Ses parens l'envoyérent de bonne heure au Collège de l'Univerfité de Reims pour y faire fes études; & ils apprirent avec plaisir que la justesse & la vivacité de fon efprit le rendoient cher à fes maîtres. Ces qualités jointes à beaucoup de modeftie & de piété, lui firent avoir une place dans le Séminaire de l'Eglife Métropolitaine, où l'on éleve des jeunes gens que l'on veut attacher au fervice du Diocéfe. Il y demeura trois ans, & n'en fortit que pour se confacrer à Dieu par des vœux folemnels dans l'Abbaye des Bénédictins de faint Remy, où la Réforme étoit déja établie. Il y prit l'habit en 1653. & fit profeffion au mois de Septembre de l'année suivante. On le regarda d'abord comme un fujet propre à remplir les plus hautes espérances de fon Ordre. Ses talens & fa ferveur en étoient de bons garants: mais de violens maux de tête, qu'aucun reméde ne pouvoit dompter, changérent tout à coup la destination du jeune Profès. Il devint incapable du moindre travail; & né pour faire d'importantes découvertes dans tous les genres de littérature il fe trouva prefque réduit à n'ofer penfer. Il fallut fufpendre fes études, & lui interdire tout ce qui demandoit quelque application. Ses Supérieurs embarrassez l'ens voyérent à un Monaftére de la campagne appellé Nogent-fous-Coucy; & il n'y fut chargé que des fonctions où l'efprit femble avoir le moins de part. Du Monaftére de Nogent il paffa à celui de Corbie: Là, un Prieur touché de son état, n'oublia rien de ce qui pouvoit rétablir fa fanté; & perfuadé qu'un peu d'exercice & de diffipation y contribüeroit plus qu'une vie entiérement défoccupée, il le fit nommer Dépofitaire, & enfuite Cellerier, offices confidérables par rapport aux grandes dépendances de l'Abbaye de Corbie! Les difcuffions d'intérêt attachées à de tels poftes, furent feules capa bles de rebuter un homme dont la patience étoit la premiére vertu elles augmentérent fon goût pour la retraite, & la nature fit en même tems un effort pour le rendre aux Lettres. Il ne fut cependant déchargé qu'avec peine d'un emploi, dont il ne laiffoit pas de fe bien acquiter, malgré toute fa répugnance. On l'envoya à Saint Denis, & il y passa une année entiére à montrer le Tréfor de l'Abbaye & les Tombeaux de nos Rois. Dom Luc Dachery, un des fçavans hommes de l'Ordre, travailloit alors à ce recueil de piéces choifies que nous avons fous le titre de Spicilége. Il demanda quelqu'un qui pût l'aider dans fes recherches. On jetta les yeux fur Dom Mabillon, qui le fervit très-utilement, & qui par ce premier effai, fit juger qu'il iroit plus loin que ceux qui le mettoient en peuvre. Une nouvelle matiére s'offrit bientôt. La Congrégation de faint Maur avoit formé le deffein de donner de nouvelles éditions des ouvrages des Peres, revûs fur les Manufcrits, dont les Bibliothéques de l'Ordre de faint Benoît, comme les plus anciennes, sont aussi les plus fournies. Dom Mabillon fut chargé de travailler fur faint Bernard; il en prépara l'édition avec une diligence extrême, & ce fut le fuccès qui rendit la promptitude remarquable. de En effet, il ne fe contenta pas 'divifer les œuvres de faint Bernard par la nature des matiéres, de les fous-divifer entr'elles par l'ordre de la chronologie, & de corriger dans le texte un grand nombre de fautes échapées à l'exactitude de tous ceux qui l'avoient précédé ; il sépara avec une merveilleuse fagacité les piéces 2 |