mettoit leur foi à cette épreuve. Comme il s'attendoit à l'exil, il re- JUSTINIEN. doubla fes inftructions à son peuple An. 565.& compofa un ouvrage qu'il devoit lui laiffer, comme un préservatif contre le venin de l'héréfie.

Tout l'Occident fe déclara contre

LXXI.. Sa mort..

40. & l.

Chr. Alex.

70.

5.co.

l'édit de l'Empereur. Saint Nicet Theoph. pag. évêque de Trêves, fit ufage en cette 203. occafion, de l'autorité que lui don- Evag. l. 4. c.. noient fes vertus & quarante années 1. d'épiscopat. Il écrivit à Juftinien Cedr. p. 388.. pour l'exhorter à reconnoître fon éga- Viết. Tun rement; il lui reprochoit avec une 1. 17. c. 31. Niceph. Call liberté apoftolique, les violences exer- 33. cées contre de faints évêques, & lui Zon. T. 2. p. déclaroit que l'Italie, l'Afrique, l'Ef- Anaft. p. 67.. pagne & la Gaule retentiffoient d'a- Hift. Mifc. L. nathêmes contre fa doctrine. Il pa- Novel. 19. roît que cette vive remontrance fut Nicetas chron.. apud Banduris prévenue par la mort de Juftinien, Imp. Orient. qui arriva le 14 Novembre de cette T. 1. p. 107. Coripp. 1. 2. année 565. Il étoit âgé de 83 ans, & en avoit régné 38, 3 mois & 14 Trevor. ob Serv. Apol. c.. jours. Quelques Auteurs prolongent fon régne jufqu'à l'année fuivante. Du Cange Bélifaire étoit mort dès le mois de fam. By Pê· Mars de la même année, & comme Aleman...in..

16.

7.

96.

'Anecd. Proc.

P. 142. 166.

89.

clef. 1. 34.

il ne laiffoit point d'héritiers, fes JUSTINIEN biens étoient revenus à l'Empereur. An. 565. Il eft fort incertain fi Juftinien recommut fon erreur avant fa mort. Aleman. Bib. Evagre hiftorien contemporain s'exOr. T. 2. pag. prime en ces termes: Juftinien après Pagi ad Bar. avoir rempli tout l'Empire de trouFleury hift. ec-ble & de défordre, alla recevoir fon art.7. jugement dans les enfers. Quoique le zele de l'orthodoxie emporte cet Hiftorien bien loin au-delà des bornes il est évident qu'une cenfure fi violente exclut toute idée d'une converfion connue. L'autorité de cet Auteur n'eft pas détruite par celle de Nicéphore Callifte, qui efpere, dit-il, fans ofer l'affirmer, que Dieu aura fait miféricorde à ce Prince en faveur de fes vertus, de fa dévotion, & de la conftruction de l'églife de fainte Sophie. Il ajoûte qu'étant prêt de mourir, il enjoignit à Juftin fon fucceffeur, de rappeller le patriarche Eutychius : Ce qui n'a nulle vraisemblance, puifque Juftin laiffa ce Prélat en exil pendant douze ans, & qu'il ne le rappella qu'après la mort de Jean le Scholaftique. La plus forte preuve du re

tour de Juftinien aux fentimens Ca

An. 565.

tholiques, fe tire des éloges qui lui JUSTINIEN. font donnés par de faints Prélats. Le pape Agathon dans une lettre fignée de cent vingt-cinq évêques, loue la foi de Juftinien, & dit que fa mémoire eft en vénération à tous les peuples on peut croire que quatre-vingts ans d'orthodoxie avoient fait oublier une éclipfe d'une année d'ailleurs le pape n'avoit alors devant les yeux que l'héréfie des Monothélites, & la foi de Juftinien n'avoit jamais été fufpecte fur cet article. Les titres de pieux & de faint, dont le nom de ce Prince eft accompagné dans quelques Conciles, ne prouvent rien en faveur de fa converfion : ce ne font que des qualifications de ftyle, dont faint Denys d'Alexandrie a honoré des Empereurs payens, & que des Conciles n'ont pas refufées à l'Impératrice Théodora, ni même à Théodoric roi des Goths, quoiqu'il fût Arien. Le Ménologue des Grecs fait une mention honorable de Juftinien: ce fut Jean Chalcédonius patriarche de

Conftantinople, qui s'avifa fix cents JUSTINIEN. ans après la mort de ce Prince, d'en An. 565. faire mention à la meffe comme d'un

LXXIT.

Saint. On fent affez de quel poids peut être l'autorité de ce Prélat fchif matique, qui plaçoit fans doute Juftinien dans le ciel en récompenfe des prérogatives que ce Prince avoit attribuées à l'églife de Conftantinople. Nicetas Choniate rapporte que lorfque les Latins faccagerent cette grande ville, comme ils fouilloient jufque dans les tombeaux, le corps de Juftinien fut trouvé en fon enrier, fans qu'une durée de plus de fix cents ans en eût altéré aucune partie. Tout le monde fçait aujour d'hui, qu'en fuppofant la vérité du fait, on n'en pourroit rien conclure en faveur de la fainteté du perfonnage. Laiffons donc la prétendue converfion de cet Empereur dans le fecret de la juftice & de la miféricorde divine.

Juftinien en mourant défigna pour Ses funérail- fon fucceffeur Juftin fils de fa four, & conféra le titre de patrice à Callinique commandant de la garde du

les.

An. 565.

Palais, qu'il honoroit de sa confiance la plus intime. Il chargea cet offi- JUSTINIEN. cier d'ordres fecrets pour élever Juftin à l'Empire. Lorfqu'il eut expiré, fon corps fut expofé au milieu du veftibule du palais dans un cercueil élevé, fur lequel on mit fon diadême & fa robe de pourpre. Tout le contour étoit illuminé d'un nombre infini de cierges; on brûloit quantité d'encens & d'autres parfums; tous les officiers de fa maifon l'environnoient. Juftin & fa femme Sophie s'approcherent du cercueil, & fondant en larmes, lui di-rent les derniers adieux. Sophie couvrit fon corps d'une étoffe où étoient représentés en broderie les évenemens les plus glorieux de fon régne.. Le convoi fut fuivi de Juftin & de toute la ville, les diacres & les religieufes chantant des pfeaumes felon l'ordre qu'il avoit lui-mêmeétabli pour les funérailles. Il fut porté à l'églife des faints Apôtres, & dépofé dans un tombeau de marbre précieux, revêtu au-dedans de lames d'or, qu'il s'étoit préparé de