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Un an avant la mort de Justinien; JUSTIN II. un phénomene étonnant avoit allarAn. 565. mé l'Italie. On vit tout-à-coup fur

V.

Pefte en Ita

lie.

Paul diac. 1.

2. C. 4.

Greg. Tur. da gloria Conf. c. 79. Greg. dial. 1.4. 6. 26.

les murailles & fur les portes des mai-
fons, fur les vases, fur les vêtemens
paroître des taches livides, & plus
on les lavoit, plus ces taches deve-
noient fenfibles. C'étoit l'annon-
ce d'une contagion cruelle, qui fe
déclara l'année fuivante. Des char-
bons enflammés, accompagnés d'une
fievre ardente, faifoient périr les
hommes en trois jours. Les pré-
cautions de Narsès, auffi actif dans
la paix que dans la guerre, ne pu-
rent arrêter le cours de cette peste
meurtriere. Tout le pays n'étoit rem-
pli que
de morts & de mourans; &
les campagnes furent tellement dé-
folées, qu'il ne refta pas affez d'ha-
bitans pour faire ni la moiffon ni
la vendange. L'hiver étant venu, on
croyoit jour & nuit entendre dans
l'air le bruit d'une armée qui mar-
choit au fon des trompettes. Ce fut
à Rome & en Ligurie que la ma-
ladie fit de plus grands ravages;
elle fe renferma dans les bornes de

l'Italie, & ne paffa ni en Allemani en Baviere.

gne

Dès que Juftin fut fur le trône, il envoya, felon la coutume, un ambaffadeur au roi de Perfe, pour

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JUSTIN II.
An. 565.

VI.
Ambaffade
de Juftin â
Chofroës.

lui notifier fon avenement à la cou- Menand. pag. ronne, & lui demander fon amitié, 103. 148. Jean fils de Domentiole, chargé de cette commiffion, avoit ordre de redemander la Suanie, qui faisant partie du royaume de Lazique rendu depuis peu aux Romains devoit revenir à l'Empire: ce que Pierre avec toute fon adreffe n'avoit pu obtenir. Jean beaucoup moins habile, ne devoit pas être plus heureux. Chofroës pour fe mettre en droit de ne lui rien accorder, le prévint, en demandant lui-même ce qu'il n'efpéroit pas obtenir. Il fit de nouvelles inftances en faveur d'Ambrus chef des Sarrazins attachés au service de la Perfe, & demanda pour ce Prince la penfion annuelle que Juftinien avoit refusée. Jean lui fit la même réponse que Pierre avoit faite, & déclara hautement que l'Empereur réfolu de foutenir la majesté

JUSTIN II.

de l'Empire, croiroit la deshonorer en gratifiant fes ennemis. Il expofa An. 565. enfuite fa demande au fujet de la Suanie; & felon les ordres qu'il avoit reçùs, il offrit d'entrer en négociation fi le roi vouloit vendre cette province. Chofroës après avoir fait valoir fes titres de poffeffion ajouta, qu'après-tout il permettoit à Jean de fonder la difpofition des Suanes ; qu'il ne vouloit pas les retenir malgré eux; mais que s'ils redoutoient le joug des Romains, il ne les abandonneroit pas. Il étoit bien inftruit que les Suanes, partie par averfion pour les Romains, partie par crainte de la puiffance des Perfes, ne confentiroient pas à changer de maître. Jean donna dans le piége; il envoya au roi des Suanes, qui répondit conformément aux intentions. de Chofroës. L'ambaffadeur fe retira donc fans avoir rien fait, & fut fort mal reçu de Juftin, qui le blâma d'avoir paffé fes ordres. L'Empereur piqué du refus de Chofroës, reçut avec arrogance l'ambaffade que le roi de Perfe lui envoyoit à fon

JUSTIN II.

tour. Il s'étoit mis dans l'efprit que relever la dignité de l'Empire, An. 565. pour il falloit traiter avec fierté les nations étrangeres. Mais comme fes actions foutenoient mal ce ton de fupériorité, il ne fit qu'irriter ceux qu'il prétendoit intimider; & cette hauteur empruntée ne lui attira que le mépris. Mébodès, un des plus grands feigneurs de la Perfe, fut le jouet de la cour de Conftantinople: l'Empereur prit toutes les occafions de l'humilier; il refufa d'admettre à fon audience les princes Sarafins, dont il étoit accompagné, & le renvoya fort mécontent. Les Sarafins de Perfe fe vengerent en faifant des courfes fur les terres de leurs compatriotes alliés de l'Empire; & Chofroës garda dans fon cœur un profond reffentiment, qu'il fit éclater quelques années après. L'Empereur, qui prit le confulat l'année fuivante, ne traita pas moins Année 566. fierement les députés des Abares, Ambaffades lorfqu'ils vinrent lui demander les des Abares. préfens, dont Juftinien avoit établi Coripp. 1. 3. l'ufage. Ils prétendoient même en 101.110.

XI.

Menand.pag.

An. 566.

hift. Franc. 1.

4. C. 39.

mériter encore de plus grands, parce JUSTIN II. qu'ils fervoient de barriere contre les autres barbares. Ils faifoient enGreg. Tur., tendre affez clairement, que la libéralité des Empereurs, feroit la mefure des égards qu'ils auroient pour l'Empire. Juftin fe fit un honneur de les infulter: Oui, leur dit-il, je ferai pour vous plus que n'a fait mon pere; c'eft ainfi qu'il nommoit Juftinien; je vous donnerai une leçon plus utile que tous les préfens : je vous apprendrai à vous connoître : retirez-vous: l'Empire n'a pas befoin de vos armes; c'eft à vous à refpecter fes frontieres; nous fçaurons bien les défendre. Les gratifications de mon pere, que vous ofez apparemment regarder comme un tribut, n'étoient que des gages qu'il payoit à fes efclaves. Ce ton de maître impofa d'abord aux ambaffadeurs; mais bien-tôt la crainte fit place à l'indignation. Les Abares faifoient alors la guerre à Sigebert roi de la France Auftrafienne réfolus de tourner toutes leurs forces contre les Romains, ils offrirent à ce Prin

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