on confulter fur l'hiftoire d'Italie

JUSTIN II. plutôt que les Italiens mêmes ? Les An 567. hiftoriens Grecs gardent le même filence fur l'entrée d'Alboin en Italie faudra-t-il pour cette raifon rejetter comme une fable la conquête des Lombards? Il eft donc raisonnable pour le fait dont il s'agit, de s'en rapporter à Paul Diacre, auteur Lombard, fuivi fur ce point de toutes les chroniques les plus. eftimées, pourvû qu'on retranche de fon récit quelques circonftances fabuleufes qu'il y mêle felon fa cou

XXI:

Etabliffement des

tume..

Longin nommé par l'Empereur pour fuccéder à Narsès, n'arriva qu'a Exarques de près la mort de ce grand capitaine. Ravenne. Il étoit revêtu d'un pouvoir trèsPaul diac. 1. étendu fous le titre d'Exarque ; c'é

2. C. 5.

Petri Senio

rat. T. 2. rer.

Ital.

Agnellus vita toit le nom que portoit auffi dans ce
ris apud Mu- temps-là le gouverneur général de
Afrique. Ce gouvernement pric
Rubeus hift. une forme nouvelle, qui fubfifta pen-
Ravenn. l. 3. dant cent quatre-vingt-quatre ans.
Sigon. de re-
Les Exarques poffédoient tous les
Murat, annal. droits de la fouveraineté, hormis
Ital. T. 3. qu'ils étoient à la nomination de

gno Ital. l. 1.

Pag. 477.

JUSTIN II.
An. 567.

Abr chron.

l'Empereur, révocables quand il let vouloit, tenus de lui payer chaque année une certaine fomme qu'il avoit ftipulée en leur conférant cet em- de Phift. d'I ploi. Au refte ils difpofoient des T. 1. p. 1534 charges & des emplois, ils étoient. maîtres de lever des troupes & d'impofer des tributs; ils jugeoient fans appel. Ils avoient en Italie la mê me autorité que les Satrapes dans tes provinces de la Perfe. Au lieu des Confulaires, des Correcteurs & des Préfidens, Longin établit un Duc dans chaque cité, tant pour le commandement des armes, que pour Fadminiftration de la juftice & des finances. Il étoit venu par mer à Ravenne; où il fixa fa réfidence pour être plus à portée de fermer aux barbares l'entrée de l'Italie, & de recevoir des fecours de Conftantinople. Il avoit amené quelques troupes; mais ne fe croyant pas affez fort pour résister aux Lombards, if en leva de nouvelles, dont il garnit Ravenne & les places de la Vénétie. Il fortifia la Céfarée, qui étant Gruée entre Ravenne & Claffe, ne

faifoit avec ces deux places qu'une

JUSTIN II. feule ville. Depuis ce temps, les An. 567. Exarques entretinrent des garnifons perpétuelles dans toutes les grandes villes d'Italie.

XXII. Premieres Conquêtes

Italie.

9.10. 12. 14.

On eût dit que l'Empereur étoit An. 568. d'intelligence avec le roi des Lombards. Longin n'avoit ni ufage de la guerre, ni forces fuffifantes pour d'Alboin en combattre un Prince vaillant, exPaul diac. I. périmenté, fuivi d'une armée formi2. c. 6. 7. 8. dable. La réputation d'Alboin, & Hift. Mifc. 1. l'efpérance d'une riche & brillante conquête, avoient attiré fous fes Greg. Tur. hift. Franc. 1. étendarts des Sueves, des Bavarois, 4. C. 35. des Bulgares, des Sarmates. Plus de vingt mille Saxons vinrent fe donSigeb. chron. ner à lui, traînant avec eux toutes leurs familles ; tant ils étoient affurés: Sigon. de re- de fe faire, par leur épée, de nougno Ital. l. 1. veaux établiffemens. Alboin manda

1.6.

Theoph. pag.

205. 206.

German.. chr.

Murat.annal.

477.

Ital. T. 3. les chefs des Abares, & leur déclara P. 475 476. qu'il leur abandonnoit la Pannonie De vita An- toute entiere, à condition de la reniq. Benevent. dre, fi jamais les Lombards étoient forcés d'y revenir. Il n'eft pas certain qu'il leur ait cédé le Norique Il envoya ordre à tous les fujets de

T. 2. p. 10.

17 1.9..

quitter leurs demeures, de charger
leurs bagages fur des charriots, & JUSUIN II.
de marcher à fa fuite, femmes, en-
An. 568
fans & vieillards. Tout étant prêt
pour le départ, cette troupe innom-
brable fe mit en marche le fecond
d'Avril, lendemain du jour de Pâ-
ques, l'an cinq cents foixante-huit.
Arrivé au pied des Alpes Juliennes
Alboin trouve les paffages ouverts;
du haut d'une montagne, qui fut de-
puis appellée mont Royal, il con-
temple avec joie ces campagnes
riantes & fertiles, dont il va se ren-
dre maître. La ville nommée Forum
Julii, bâtie par Jule Céfar, fut la
premiere dont il s'empara : c'eft au-
jourd'hui Cividad di Friuli, qui a
donné fon nom à la province de
Frioul. Alboin ne trouva point de
résistance dans toutes les places voi-
fines. Les habitans fe fauverent dans
les ifles de la Vénétie, comme ils:
avoient fait aux approches d'Attila..
Aquilée étoit fans défenfe; Paulin
archevêque fchifmatique fe retira
dans l'ifle de Grado avec le tréfor
de fon Eglife. Félix évêque de Tré-

vife vint au-devant du roi Lombard; JUSTIN II. jufque fur les bords du fleuve Piavé; An. 568. Alboin auffi généreux que vaillant,

XXIII.

le reçut avec bonté, prit la ville fous fa protection; & tout Arien qu'il étoit, il confirma par lettres patentes à l'Eglife de Trévise la propriété de fes poffeffions. Il fe rendit en peu de temps maître de Vicence, de Vérone, de Trente, de Brefce de Bergame, & de toute la Vénétie qui dès lors s'étendoit jufqu'à l'Adda. Mantoue, Padoue, Crémone & Monfelice, qui étoient garnies de foldats, furent les feules villes qui fe mirent en défense. Mantoue fut prife l'année fuivante. Les trois autres fe maintinrent long-temps con-tre toute la puiffance des Lombards, & ne furent prifes que plus de trente ans après par Agiluf.

Dès qu'Alboin fe vit maître du Etabliffe- Frioul, i en donna le gouverneché deFrioul. ment à Grafulf fon neveu, & fon

ment du du

grand écuyer, avec le titre de duc Grafulf ne confentit à l'accepter, qu'après que le Roi lui eût permis de choifir les familles qui habite→