vent attaquée fans être jamais prife. JUSTIN II. Les Lombards s'avancerent plufieurs An. 570. fois jufqu'aux portes de la ville; ils ravageoient les fauxbourgs, ils détruifoient les églifes dont elle étoit environnée, mais ils n'y entrerent jamais. Les Romains ne fe flattant pas de pouvoir fe défendre par les armes, prenoient toujours le parti d'éloigner les Rois Lombards à force d'argent.

Etablife

vent.

L'année fuivante, une maladie An. 571. épidémique affligea l'Italie & la GauXXVII. le. C'étoit un cours de ventre avec ment du du- des puftules enflammées, qui faiché de Béné- foient périr les hommes & les aniPaul diac. 1. maux, fur-tout les bœufs. Plus Al3. C. 34. boin s'éloignoit de Ravenne, moins Sigon. de regno Ital. 1. 1. il trouvoit de réfiftance. Après avoir Marius Av. brûlé Pétra-Pertufa, fortereffe imregr. de du- prénable fituée en Ombrie proche eat. Benevent. d'Urbin, il continua fa marche par Nap. T. 1. 1. le Picénum, & s'éloignant de Rome qu'il laiffoit fur fa droite, il pénétra De Vita Ant. dans le Samnium jufque fur les fronP. 9. 10. 16. tieres de la Campanie. Zotton étoit Abr. de l'hift. déjà établi à Bénévent avec une trou. d'Ital. T. 1. pe de Lombards. C'étoit un détache

Camill. Pe

Giann. hift.

4. C. 2.

Benev. T. 2.

23.131.165.

P. 177.

JUSTIN II.

ment de ceux qu'Alboin avoit envoyés à Narsès dix-neuf ans aupara-An. 571 vant. Le général Romain ayant congédié les autres après fa victoire, comme je l'ai déjà dit, avoit retenu les plus braves & les mieux difciplinés, à deffein de les employer dans fes expéditions. Il leur avoit donné pour demeure la ville de Bénévent, ruinée par les Goths, à la charge fans doute d'en relever les murailles. Zotton qu'ils avoient choifi pour chef, les gouvernoit depuis dix ans, lorfqu'Alboin pénétra dans ce pays. Le roi Lombard lui confirma le commandement, & érigea Bénévent en duché; il y réunit quelques villes des environs, dont il fe rendit maître. Des trois Duchés principaux, établis par les Lombards en Italie, celui de Bénévent devint le plus confidérable par l'étendue de fes limites, & par la puiffance de fes Ducs, qui prirent le titre de Princes après la deftruction du royaume de Lombardie. Le duché de Frioul fervoit de barriere contre les barbares Septentrionaux; celui de

Spolete, placé au centre de l'Italie, JUSTINIEN. étoit à portée d'arrêter les entrepriAn. 571. fes des garnifons de Rome & de Ravenne; Bénévent devoit tenir en bride la partie méridionale, & fervir de place d'armes aux Lombards pour achever la conquête. En effet, un fiécle après l'établiffement de ce Duché, il s'étendoit d'une mer à l'autre, depuis l'embouchure du Liris, aujourd'hui le Gariglian, dans la mer de Tofcane, jufqu'à celle du fleuve Aterno dans le golfe Adriatique. De-'à tout le pays jusqu'à Cofenza d'un côté, & de l'autre jufqu'à Otrante, dépendoit du duché de Bénévent, à l'exception de Cumes, de Naples, de Surrente & d'Amalfi qui demeurerent au pouvoir des Empereurs. Les Grecs chaffés de toute part fe maintinrent dans les deux extrémités méridionales, depuis Cofenza jufqu'au détroit du Fare, ce qui commença dès lors à porter le nom de Calabre ultérieure ; & depuis Otrante jufqu'à la pointe nommée le promontoire de Salente: enforte que le duché de Bénévent compre

JUSTIN II.

noit prefque toutes les provinces, qui compofent aujourd'hui le royau-An. 57 1. me de Naples. C'est ce qu'on appelloit la feconde Lombardie ; la premiere s'étendoit depuis les Alpes, jufqu'au-delà du Pô. Outre ces trois Duchés, les rois Lombards en établirent d'abord un grand nombre d'autres, qui fe bornoient à une ville avec fon territoire mais ayant reconnu dans la fuite que ce partage de leur puiffance ne contribuoit qu'à l'affoiblir, ils les fupprimerent prefque tous. Il n'eft pas inutile de remarquer, qu'à l'occasion des conquêtes des Lombards, le nom de Calabre paffa d'une province à l'autre. L'ancienne Calabre commençoit aux montagnes qui bornent l'Apulie au midi; & fe renfermant dans la peninfule où font les villes de Brindes de Tarente, d'Otrante & de Gallipoli, elle fe terminoit à la pointe méridionale. Ce pays perdit fon nom, qui paffa de l'autre côté du golfe de Tarente à la contrée nommée auparavant Brutium, & qui fe divifa en deux parties fous la dénomination de Tome XI.

I

Calabre citérieure & ultérieure. Le

JUSTIN II. fçavant Camillo Peregrini, qui écri An, $71. Voit vers le milieu du dernier fiécle,

eft le premier auteur qui ait donné la raison de ce changement. Les Lombards, dit-il, s'étant rendu maîtres de la plus grande partie de l'Italie, il ne reftoit plus aux Empereurs que les places maritimes de la Campanie, le Brutium, l'ancienne Calabre, & la Sicile. Ils firent de ces contrées deux provinces, qu'ils nommerent Themes, fuivant le langage alors reçu dans l'Empire d'Orient. L'un de ces Themes comprenoit la Sicile; l'autre tout ce que l'Empire poffédoit encore en Italie: & comme la Calabre en faifoit la principale partie à caufe des villes célebres de Brindes, de Tarente & d'Otrante, ce Theme fut nommé le theme de Calabre, dans lequel étoit compris le Brutium. Dans la fuite l'Empire ayant encore perdu l'ancienne Calabre jufqu'à Otrante, ce nom refta au feul Brutium, dont une grande partie continuoit d'être fou mife à l'Empire de Conftantinople.