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l'obligation contractée par fon pré

JUSTIN II. déceffeur, de payer tous les ans aux An. 572. Perfes trente mille piéces d'or. Juftin reçut l'ambaffadeur avec cette fierté, dont il s'étoit fait un fyftême; & comme Sébochthès, en fe profternant devant lui, laiffa tomber par terre l'ornement de fa tête, les courtifans féliciterent l'Empereur de ce merveilleux évenement; à les entendre, c'étoit un préfage infaillible de la conquête de toute la Perfe. Enivré de ces ridicules flatteries, il répondit fur l'article de la penfion dûe aux Perfes, qu'il étoit bien réfolu de n'en rien payer ; que fi le roi de Perfe vouloit être fon ami, l'amitié ne devoit pas entrer en trafic : qu'il feroit également honteux à Chofroës de la vendre, & à l'Empereur de l'acheter. Etonné du filence de l'ambaffadeur fur l'affaire de Perfarménię, Juftin lui demanda s'il n'avoit rien à dire fur ce fujet. Le Perfe répondit froidement, qu'à la vérité le Roi lui avoit dit qu'il étoit furvenu dans ce pays quelque défordre de peu de conféquence; mais qu'il y avoit

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envoyé un officier en état d'appaifer ces troubles. Alors Juftin élevant la JUSTIN II. An. 572 voix: Scachez, lui dit-il, que je prends les Perfarméniens fous ma protection ; ils profeffent la même religion que moi fi on ofe les attaquer, je fçaurai bien les défendre. Sébochthès étoit homme d'efprit & Chrétien dans le cœur ; il fe jetta aux pieds du Prince, le fuppliant de ne pas rompre la bonne intelligence qui faifoit fleurir les deux Empires. Il lui repréfenta, que les fuccès de la guerre étoient incerzains; que fuppofé même que les Romains fuffent vainqueurs, leur victoire feroit funefte à la caufe qu'ils prétendoient défendre que la Perfe : étoit remplie de Chrétiens, qui feroient enveloppés dans le carnage. Juftin fourd à ces raisons, protefta qu'au premier mouvement de Chofroës, il feroit marcher fes armées : il ajoûta même avec arrogance, qu'il s'attendoit bien à rabattre l'orgueil de Chofroës, & à délivrer la Perfe d'un tyran perfécuteur.

XXXVII.

Ces paroles outrageantes rallume- Marcien enrent toute l'ardeur guerriere du roi

voyé en
Orient.

pag. 22.

8.

Simocat. l. 3.

f. 10.

de Perfe. Cependant il prit le temps JUSTIN II. néceffaire pour faire fes préparatifs. An. 572. Au contraire Juftin crut avoir tout Theoph. By fait, quand il eut nommé un généEvag. l. s. c. ral. C'étoit Marcien patrice, coufin de l'Empereur, homme de mérite, mais qui n'avoit d'autre talent militaire que celui de fe faire aimer des troupes. Il partit fans foldats, fans armes, fans munition de guerre, ramaffant fur fon paffage les payfans & les bergers. Avec cette troupe mal armée & encore plus mal difciplinée, il paffa l'Euphrate & arriva dans l'Ofrhoëne à la fin de l'été. Comme les Perfes ne s'attendoient pas à une irruption fi fubite, leurs frontieres étoient fans défenfe. Marcien détacha de fon armée trois mille hommes qui s'avancerent dans l'Arzanène, où ils mirent tout à feu & à fang. Ce fut le feul exploit de cette

XXXVIII.
Prife de Pa-

année.

En Italie Alboin enlevoit tous les vie. ans quelque province à l'Empire. Paul diac. 1. Pavie affiégée depuis trois ans, réSigeb. chron, duite enfin à l'extrémité, fut forcée Sigon. de re- de fe rendre à difcrétion. Le vain

2. C. 27.

gno Ital. l. 1.

An. 572.

queur irrité d'une résistance fi opiniâtre, avoit réfolu de paffer les habi- JUSTIN II. tans au fil de l'épée. Leur foumiffion défarma fa colere. Il entra dans la ville non en conquérant, mais en Roi pacifique, & défendit le meurtre & le pillage. Le peuple d'abord tremblant & renfermé dans les maisons, où il n'attendoit que le maffacre & l'incendie, ne voyant faire aux Lombards aucun acte d'hoftilité, fe raffura, fortit en foule dans les rues, & courut en pouffant des cris de joie au palais de Théodoric, où s'étoit rendu le roi Lombard. Les paroles du Prince, qui ne respiroient qu'humanité, leur firent concevoir les plus douces espérances. Alboin charmé de la fituation de cette ville, de la beauté de fes édifices & de la force de fes remparts, la choifit pour la capitale de fes Etats.

fa

XXXIX.

boin.

Les villes affujetties par Alboin fe An. 573. félicitoient d'avoir changé de maître. Mais ce Prince qui réparoit par Mort d'Aljustice & par fa clémence, la vio-Paul diac. I, lence & l'injuftice des conquêtes, 2. c. 28. 29. ne jouit pas long-temps de fa gloire Abb. Biclar.

30.31.

I.

& de l'amour des peuples conquis. JUSTIN II. Sa douceur naturelle n'avoit pú efAn. 573 facer entiérement le caractère de Sigon. de regno Ital. l. 1. barbarie qu'il tenoit de sa nation. A Pagi ad Bar. Vérone au mois de Mars de l'année Giann. hift. Nap. L. 4. c. 573, dans un grand feftin qu'il donnoit aux Seigneurs de fa cour, il se fit apporter la coupe faite du crâne de Cunimond, enchaffé dans de l'or, & après y avoir bû, échauffé par le vin, il la préfenta à la Reine, en l'invitant à boire, dit-il, avec fon pere. Rofemonde faifie d'horreur, jura dans fon cœur la perte de fon mari & communiqua fon cruel deffein à Elmige écuyer & frere de lait du Prince. Elmige lui confeilla d'en confier l'exécution à Péridée, renommé entre les Lombards pour fa force & fon courage. Péridée fe refufant à cet horrible parricide, la Princeffe déterminée à toutes fortes de crimes pour commettre celui qu'elle méditoit, engagea une de ses femmes qui avoit un commerce de galanterie avec Péridée, à lui laiffer prendre fa place dans l'obfcurité de la nuit. Ce malheureux trompé par

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