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An. 584.

— l'Occident. Cependant la fageffe de MAURICE. I'Empereur crut devoir modérer en quelques occafions le zele du faint Pontife. Grégoire obtint de Maurice un décret pour faire venir à Rome Sévere évêque d'Aquilée, & fes partifans, afin de difcuter dans un fynode l'affaire des trois Chapitres. Ces Prélats fchifmatiques refuferent de s'y rendre, & se plaignirent à l'Empereur des prétendues violences de Grégoire : ils promettoient d'aller à Conftantinople plaider leur caufe devant le Prince, dès que les troubles d'Italie le permettroient. L'Empereur eut égard à cet appel; Grégoire reçut ordre de furfeoir les procédures, jufqu'à ce que la Providence eût rétabli la paix en Italie. Maurice, outre fon penchant naturel à la douceur, craignoit que ces évêques, s'ils étoient inquiétés, ne livraffent l'Iftrie aux Lombards. Ainfi l'exarque Romain fut chargé de les mettre à couvert de toute pourfuite.

Quatrieme

XVII. Childebert plus irrité que découexpédition ragé de la defaite de fon armée, fe des François.

préparoit

préparoit à faire de nouveaux efforts pour fe venger des Lombards, MAURICE. An. 584. lorfque la bonne intelligence entre ce Prince & l'Empereur fut fur le point d'être rompue par un accident imprévu. Le roi d'Auftrafie avoit fait partir pour Conftantinople trois ambaffadeurs, qui pafferent par Carthage. Un de leurs valets ayant pris quelque marchandise, fans vouloir ni la payer ni la rendre, fut arrêté par le marchand, & le tua pour se tirer de fes mains. Une action fi brutale fouleva toute la ville. Le gouverneur à la tête d'une troupe de foldats & d'une foule d'habitans, fe transporte à la maifon des ambaffadeurs. Deux d'entr'eux étant fortis, font maffacrés par le peuple en fureur. Le troisieme nommé Grippon s'échappe, & va porter fes plaintes à Conftantinople. Maurice promet une vengeance fignalée; il adoucit Grippon à force de préfens, & le renvoye, en le priant avec inftance d'engager Childebert à faire marcher fes troupes contre les Lombards. Pour s'acquitter de fa parole, il fait Tome XI.

Q

prendre à Carthage douze habitans MAURICE. accufés d'avoir tué les deux amAn. 584. baffadeurs, & les fait conduire chargés de chaînes au roi d'Auftrasie. Il lui permettoit de les faire mourir, mais il lui offroit pour chacun trois cens piéces d'or, fi le Roi confentoit à leur faire grace. Childebert refufa de les recevoir, 'difant qu'il ne fçavoit fi ces miférables étoient les meurtriers; que ce n'étoient peut-être que de vils efclaves, dont le fang ne valoit pas celui de fes ambaffadeurs; qu'il enverroit de nouveaux députés à Conftantinople, pour obtenir une fatisfaction convenable. Ce fâcheux incident ne fufpendit pas les préparatifs qu'il faifoit contre les Lombards. Il mit fur pied une grande armée conduite par vingt Ducs, chacun à la tête des troupes de fa province. Cette multitude de commandans ne pouvoit manquer de nuire au fuccès; & peut-être même Childebert n'avoit-il pas fincerement deffein de détruire les Lombards, dont le voisinage n'étoit pas tant à craindre que celui de l'Empereur,

An. 584.

XVII.

tion.

Avant que l'armée Françoise eût paffé les Alpes, l'Exarque Romain MAURICE. étoit déjà entré en action avec les troupes qu'il avoit raffemblées. Succès de L'Empereur faifoit auffi paffer en cette expédiItalie un corps d'armée, d'armée, commandé par le patrice Nordolf & par le général Offou. Le nom de ces deux commandans fait conjecturer qu'ils étoient de ces Lombards que Tibere avoit attirés au fervice de l'Empire. Modène, Altino & Mantoue, furent pris par les Impériaux, qui empêchoient la jonction des troupes Lombardes. L'Exarque fe difpofoit à mettre le fiége devant Rege, Parme & Plaifance, lorfque les Ducs de ces villes vinrent le trouver à Mantoue, pour lui déclarer qu'ils fe donnoient à l'Empire. Gifulf Duc de Frioul qui fuccédoit à fon pere Grafulf, vint faire la même foumission qui n'étoit pas plus-fincere, & qui ne devoit durer qu'autant de temps qu'il en falloit pour laiffer paffer l'oIl eft même vraisemblable rage. que ces démarches étoient concertées avec Autaris. Ce Prince fit retirer

fes gens dans les places fortes, & MAURICE. fe renferma lui-même dans Pavie, An. 584. bien fortifiée & affez bien munie

de provifions pour foutenir un long fiége. L'armée Françoife, après avoir ravagé en paffant fon propre pays, entra en Italie par les Grifons, le pas de Sufe & le Trentin. Ces trois corps féparés eurent d'abord quelques fuccès. Les campagnes étoient abandonnées, & les François ne trouvoient nulle réfistance. Mais le duc Olon ayant été tué devant Bellinzone fur le lac Majeur fes troupes furent taillées en piéces par les Lombards. Sept autres Ducs s'avancent vers Milan, détruisant tout fur leur paffage. L'Exarque leur fait dire que l'armée Impériale ira les joindre dans trois jours; ils en attendent fix, & ne recevant aucune nouvelle, ils fe rapprochent des Alpes. Douze Ducs entrés en Italie par le Trentin, fe rendent maîtres de plufieurs châteaux qu'ils détruisent malgré la capitulation, & contre leur parole, ils en réduifent les habitans en efclavage. Ils ne font grace qu'à

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