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ceux de Verruge, qui rachetent leur liberté au prix d'une pièce d'or par tête. L'Empereur accufa même de perfidie les généraux François : ft l'on en croit la lettre qu'il écrivit à Childebert, loin de prêter leurs forces à l'Exarque, qui vouloit entreprendre le fiége de Pavie, dont la prife auroit entraîné la ruine entiere des Lombards, ils avoient traité fecrettement avec Autaris, & s'étoient retirés en France, après avoir conclu une trève de dix mois. Ce qu'il y a de certain, c'eft que les François n'étant arrivés en Italie qu'au temps de la moiffon, les chaleurs du climat, les maladies, & furtout la dyfenterie produite par l'ufage des fruits, caufes toujours funeftes aux nations Tranfalpines, en firent périr un grand nombre, & forcerent les autres à retourner en France, après trois mois de féjour & de ravages. Ils étoient chargés de butin, & traînoient après eux quantité de prifonniers; mais dans leur retour, ils furent tellement preffés de la famine, qu'ils fe virent réduits à vendre juf

MAURICE.
An. 584.

— qu'à leurs armes & leurs habits, MAURICE acheter de quoi vivre. An. 584.

XIX.

La paix con

François &

JesLombards.

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pour

Maurice qui avoit fait cette année de plus grands efforts pour le recouclue entre les vrement de l'Italie, fe plaignit amerement à Childebert de fes généraux, dont la lâcheté, ou même la trahison, avoit rompu toutes fes mefures. Il fuppofoit que le Roi, fidele au traité de ligue, n'étoit pas moins mécontent de leur conduite & de leur retraite précipitée. Il le prioit de renvoyer l'année fuivante dès le printemps, une armée mieux commandée; fur-tout de marquer à fes troupes la route qu'elles devoient tenir, & de donner des ordres précis pour épargner le pays qu'elles venoient délivrer de la tyrannie des Lombards. Il exigeoit même comme une des conditions de la ligue, que la liberté fût rendue aux prifonniers Italiens conduits au-delà des Alpes. Mais les follicitations d'Autaris trouverent plus de crédit en France, que les plaintes & les demandes de l'Empereur, Le prince Lombard s'adreffa à Gontran roi de Bourgogne & on

MAURICE.

cle de Childebert. Il lui repréfentoit, que l'intérêt des François étoit de maintenir les Lombards comme une forte barriere entre la France & l'Empire, qui regardoit toujours l'Occident comme fon ancien patrimoine : que les Romains, également ennemis de toutes les nations Germaniques, ne cherchoient qu'à les ruiner les unes par les autres que plus l'Empereur s'efforçoit de les défunir, plus leur avantage commun devoit les lier étroitement ensemble, pour tenir tête à ces anciens tyrans de l'Univers. Il promettoit aux rois François tous les fervices qu'ils pouvoient attendre d'une nation généreufe, brave & fidele. Gontran reçut cette ambaffade avec honneur, & la fit paffer à Childebert. Pendant cette négociation, Autaris mourut à Pavie le 5 Septembre 590, & fa mort fut fi fubite, qu'on foupçonna l'Exarque de l'avoir fait empoifonner. Agilulf qui lui fuccédoit par fon mariage avec Théodélinde, à laquelle la nation avoit déféré le choix de fon roi, continua l'année fuivante l'ouvrage de la paix

An. 584.

avec les François. Ce qui en facilita la MAURICE. conclufion, c'eft que Childebert ayant An. 584. appris qu'Athanagilde fon neveu

étoit mort à Conftantinople, n'avoit plus aucun intérêt de ménager l'Empereur. Cette paix fut conftamment obfervée de part & d'autre pendant cent foixante ans, jufqu'au règne de Pepin. L'alliance des deux nations devoit caufer beaucoup de déplaifir à Maurice. Pour prévenir une rupture entre les Romains & les François, Gontran envoya le comte Syagrius à Conftantinople. Maurice trop fage pour fe faire de nouveaux ennemis, reçut cette ambaffade avec honneur. On peut dire même, que pour honorer Syagrius, il fit plus qu'il ne pouvoit faire, & que Syagrius accepta plus qu'il ne devoit. L'Empereur conféra au député François le titre de patrice, & le député ne refufa pas cette dignité. Il fembloit par-là reconnoître l'Empereur pour fon maître, les Romains confervant toujours de vieilles prétentions fur le territoire compris entre le Rhône & les Alpes. Mais ce titre fut inu

tile à Syagrius; il le perdit à fon retour en France; & cet acte d'autorité de Maurice ne caufa point d'allarmes aux rois François, plus capables alors d'en donner aux Empereurs, que d'en prendre eux-mêmes. Revenons à ce qui fe paffoit en Perfe pendant l'année 584.

MAURICE.

An. 584.

XX.

Philippique

Simocat. l. 1.

3.

Cedr.

17.

P. 395.

Depuis l'échec que les Romains avoient reçu devant la fortereffe envoyé cond'Acbas, Jean Mystacon fe tenoit tre les Perfes. fur la défenfive. Les deux armées C. 12. 13. pafferent l'année entiere à s'obferver Evag. l. 6. c. mutuellement fans rien entreprendre. Niceph. Call. Cette inaction déplut à Maurice. Il l. 18. c. 10. avoit grande opinion des talens mili- Zon. T. 2. P taires de Philippique; il le choifit 74. pour commander en Méfopotamie, Hift. mifc. 1, d'où il rappella Mystacon. Afin d'at- Noris. differt. tacher plus fortement à fa perfonne 3. de epoch. le nouveau général, il lui fit époufer Pagi differt. fa fœur Gordia, & ce mariage fut hypat. célébré avec pompe, dans le temps même que l'Empereur faifoit la cérémonie de fon entrée au confulat. C'étoit alors la coutume, que les Empereurs priffent une ou deux fois le titre de Conful au commence

Syromaced.

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