lanterie avec la femme de Bufas, fit MAURICE rejetter la propofition des Abares An. 587. & les prieres du prifonnier. Busas outré de colere, ne fçut que trop bien fe venger. Il obtint lá vie en promettant aux Abares de les mettre inceffamment en poffeffion de la ville. Il leur apprit la construction & l'ufage de cette redoutable machine, que l'on nommoit Hélépole, & bientôt Apiaria fut prife & faccagée. Plufieurs autres places eurent le même fort. Mais Berée en Thrace fut défendue avec vigueur, & après des attaques réitérées & toujours repouffées courageufement, le Khan fe trouva trop heureux de fauver fon honneur, en recevant une fomme d'argent pour se retirer. Il eut encore moins de fuccès devant Dioclétianople, Philippopolis & Andrinople. Il n'en couta aux habitans que de la patience & du courage, pour l'obliger à lever le fiége. XXXVIII. La prife de Caftus & d'Anfimuth Fin de la exciterent de grands murmures à Conftantinople. On eftimoit ces deux officiers; & le peuple accoutumé à guerre des des Abares. An. 587. mettre tous les événemens fâcheux 1 guerre par une bataille, où les AbaMAURICE. res furent taillés en pieces. Cette An. 587. défaite abbattit tellement la fierté du Khan, qu'il n'ofa fortir de la Pannonie pendant les cinq années fuivantes. Il abandonna Singidon & toutes les places qui bordoient le Danube, dont les garnifons Romaines reprirent poffeffion. Exploits des Romains en XXXIX. La guerre continuoit en Perfe. Philippique retenu par la maladie Perfe. dans le château de Thomane, diSimoc.l.2.c. vifa fon armée en deux corps; il Theoph. pag. donna le plus confidérable à Héra 18. 218.219. clius, & mit à la tête de l'autre André & Théodore d'Addée. Héraclius attaqua une fortereffe affife fur un rocher fort élevé. Elle le tint longtemps arrêté, & il fallut employer toutes les machines alors en usage dans les fiéges. Les habitans pour en amortir les coups, fufpendoient devant leurs murs des facs tiffus de poil de chameau & remplis de paille. L'attaque n'étoit pas moins opiniâtre que la défenfe. Pour ne donner aucun relâche aux affiégés, les Romains fe diviferent en plufieurs corps, qui fe fuccédoient tour à tour. Ces efforts continuels réduifirent enfin les habitans. Les Romains maîtres de la place y mirent garnifon. Théodore & André s'occupoient à réparer le fort de Mazare, qui tomboit en ruine, lorfqu'on vint leur donner avis, qu'il leur feroit facile de s'emparer du château de Béjude, fitué dans le voifinage, & dépourvû de garnison fuffifante. C'étoit une place importante par fa fituation & par la force de fes remparts. Ils partirent auffi tôt, & y arriverent au point du jour. L'avis fe trouva faux; le château étoit bien gardé, & ils furent falués à leur arrivée d'une grêle de pierres & de fleches qu'on leur lança du haut des murs. Ils réfolurent cependant de ne pas quitter la place, qu'ils ne s'en fuffent rendus maîtres. Elle étoit fituée fur un roc efcarpé, & défendue par une tour avancée, conftruite de pierres auffi dures que le diamant. Les Romains defcendus de leurs chevaux, montent fur le rocher, s'approchent à l'abri de leurs boucliers; & malgré MAURICE. les pierres & les traits, ils donnent MAURICE. l'affaut, & s'emparent de la tour. Ils An. 587. affiégent enfuite le corps de la place, & abbattent à coups de traits ceux qui fe montrent fur le haut des murs. La valeur opiniâtre & incroyable d'un foldat nommé Sapérius, abrégea ce fiége qui devoit être long & difficile. Il s'avance jufqu'au pied de la muraille; & enfonçant des coins aigus les uns au-deffus des autres entre les jointures des pierres, s'accrochant avec les mains aux inégalités du mur, il vient à bout de monter aux créneaux. Il étoit prêt de les atteindre, lorfqu'un foldat Perse roulant fur lui une groffe pierre, le précipita du haut en bas. Ses camarades le relevent, & fe mettent en devoir de le porter au camp fur un bouclier. Il ne leur en donne pas le temps; il n'étoit qu'étourdi de fa chute; bien-tôt revenu à lui il faute à terre, & courant à la muraille, il remonte de nouveau. Le même Perfe le renverse encore, en faisant tomber fur lui un pan de muraille, déjà ébranlé par les coups de bélier, |