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An. 588.

ne grêle de pierres. Il-gagna Conftantine, & pour appaifer les ef- MAURICE. prits, il manda aux officiers de l'armée de n'avoir point d'égard à l'édit, & de ne rien retrancher de la ration & de la paye ordinaire. Il fongea enfuite à fe faire guérir de fes bleffures.

III.

Germain élu

C. 2. 3.

219. 220.

1. 18. c. 11.

La retraite du général rendit les mutins plus hardis & plus infolens. général. On déchire fa tente, on pille fes Simoc. 1. 3. équipages; les officiers fubalternes Evag. l. 6. c. prennent auffi la fuite; la fédition n'a 4. 5. 6. Theoph. pag. plus de frein. Cependant les foldats veulent un chef; ils fe faififfent de Niceph. Call. Germain qui commandoit les trou- Hift. Mifc. I. pes de Phénicie, & s'étant affemblés 17. tumultuairement, ils le proclament général. Germain refufe ce titre ; ils le chargent de coups, le menacent de la mort, & le contraignent d'accepter le commandement. Ils caffent tous les officiers, depuis les lieutenans généraux, jufqu'aux décurions, & en nomment d'autres à leur gré. Germain leur fait jurer qu'ils obéïront à fes ordres, & qu'ils ne commettront aucune violence contre les

MAURICE.

fujets de l'Empire. Les chofes étoient en cet état, lorfque l'évêque de ConfAn. 588. tantine arriva au camp. Prifque l'envoyoit pour affurer que l'Empereur avoit révoqué fon édit, que les lettres de révocation étoient entre les mains de Prifque, & que ce malheu reux édit étoit l'ouvrage de Philippique, qui l'avoit follicité auprès de l'Empereur. Ce dernier article étoit un menfonge hasardé pour rejetter fur Philippique tout l'odieux de cette fordide économie. Quoique les foldats fuffent affez mal difpofés à l'égard de Philippique; cependant loin de fe rendre aux remontrances de l'Evêque, ils l'interrompent en s'écriant tous de concert, chaffez, chaffez Prifque de votre ville. En même temps ils fe difperfent, & vont abbattre les ftatues de l'Empereur, placées felon l'ufage à la tête du camp. Ils arrachent & foulent aux pieds fes images attachées aux enfeignes. Prifque ne fe croyant pas en sûreté à Conftantine, s'enfuit à Edeffe. L'armée lui envoye quarante-cinq officiers pour lui fignifier qu'il ait à for

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tir de cette ville. Mais Prifque juf

tifie fa conduite, & vient à bout MAURICE. de les mettre fi bien dans fes inté- An. 588. rêts, qu'ils lui promettent de s'employer à calmer les foldats. Ils tiennent parole, & s'expofent eux-mêmes au plus grand danger en entreprenant l'apologie du général. Toute l'armée fe fouleve contr'eux; on veut les mettre en pieces; on fe contente cependant de les caffer & de les jetter hors du camp. On détache un corps de cinq mille foldats, pour aller forcer Prifque dans Edeffe. Les habitans leur refusent l'entrée; ils menacent de donner affaut. Pour éviter une guerre civile, Prifque fe dérobe pendant la nuit & revient à Conftantinople.

IV.

fédition.

L'Empereur crut remédier à ce défordre, en rendant le commande- Suites de la ment à Philippique. Mais les foldats campés à Monocarte ne l'eurent pas plûtot appris, qu'ils fe fouleverent de nouveau, & s'engagerent même par ferment à ne jamais reconnoître pour général ce fugitif, ce perfide, qui, difoient-ils, après avoir lâche

ment abandonné fon armée, en traMAURICE. hiffoit fourdement les intérêts. PhiAn. 588. lippique averti de ces difpofitions, n'ofa pas fe hafarder à paffer l'Euphrate; il fe tint dans Hierapolis, pour attendre que le calme fût rétabli. Cependant les féditieux oubliant le ferment qu'ils avoient prêté à Germain, ne tenoient aucun compte de fes ordres. Maîtres d'un général qu'ils avoient créé, ils fe diftribuoient eux-mêmes leurs rations, fans obferver ni poids ni mefure; plus de factions, plus de difcipline: ils quittoient le camp felon leur caprice, alloient fe loger à leur gré dans les villages & dans les châteaux voifins; & comme s'ils euffent été étrangers à l'Empire, ils laiffoient l'ennemi ravager impunément la frontiere. Conftantine fut attaquée. Germain à la tête d'un corps de mille cavaliers, furprit les Perfes & mit la ville en sûreté. Il eut enfuite beaucoup de peine à mettre enfemble quatre mille hommes, qu'il fit avancer fur le pays ennemi.

Dans ces conjonctures, Arifto

C'étoit

MAURICE.
An. 588.

Perfes.

9. 16.

V.

Cedr. p. 396..

bule intendant d'un des, palais de l'Empereur, vint au camp. un homme adroit, qui fçut par fes difcours & par des préfens diftri- Défaite des bués à propos, adoucir les féditieux, Simocat. l. 3.. & réveiller dans leur ame les fenti- c. 3. 4. 5. mens d'honneur, que la révolte avoit Evag. l. 6. c.. prefque étouffés. Les foldats fe raf- Theoph. pag. femblent & fe partagent enfuite en 220. deux corps : l'un marche vers Mar- Hift. Mifc. L.. tyropolis; l'autre fur les terres des 17. Perfes. Ce dernier corps rencontre l'armée ennemie commandée par Maruzas, qui leur ferme le paffage. Trop foibles pour combattre ce général, ils reprennent le chemin de l'Arzanène, paffent le Nymphius & s'approchent de Martyropolis, où ils rejoignent l'autre corps d'armée. Maruzas qui les avoit fuivis jufque-là, leur offre la bataille : elle fut très-fanglante, & finit à l'avantage des Romains. Le général Perfe demeura fur la place; & de toute fa nombreuse armée, il ne refta que quatre mille hommes, dont trois mille furent pris avec les principaux officiers, & mille fe fauverent à Ni

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