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être fouetté publiquement, promené par les rues de Conftantinople, & banni à perpétuité des terres de l'Empire.

MAURICE.

An. 589.

IX.

foldats à l'é

11.

15.

Le Prélat pleinement justifié par 11 eft emun jugement fi autentique, reçut ployé pour ordre de l'Empereur d'employer fon adoucit les crédit auprès des troupes, pour leur gard de faire recevoir leur général. Il re- Philippique. tourna auffi-tôt à Antioche & Evag. 1. 6. c. comme les chagrins qu'on lui avoit Niceph. Call. fufcités & les fatigues qu'il avoit ef- l. 18. c. 14. fuyées pour confondre la calomnie, Simocat. 1. 3. l'avoient rendu malade, il ne put aller c. 5. au-delà de Litarbes à douze lieues d'Antioche, & il y fit venir par un ordre de l'Empereur les principaux de l'armée. Ils s'y rendirent au nombre de deux mille. Lorfqu'ils furent arrivés, Grégoire s'étant fait porter en litiere fur un tertre affez élevé pour être vû & entendu de tous leur parla en ces termes. « Romains, > car votre victoire vous a rendu » ce nom glorieux, qu'un trouble fu» nefte vous avoit fait perdre, au premier bruit que j'entendis de » vos murmures & de vos plaintes,

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» mon affection me portoit vers MAURICE. » vous, & je ne pouvois vous fça

An. 589.

» voir mécontens fans être moi-mê» me affligé. C'est pour moi la fa» tisfaction la plus fenfible de voir » ici autant d'amis, que je vois de » guerriers. Mais les coups mortels » que des ennemis domeftiques plus » acharnés que les Perfes, portoient

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à ma réputation, m'ont éloigné, » de vous jufqu'à ce jour. Nous » étions vous & moi également à plaindre; & dans le temps qu'emportés par la colere vous pourfui» viez vos officiers, pénétré de dou

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leur, je me voyois pourfuivi par »mes citoyens. Nous voilà enfin » tranquilles & rendus à nous-mê»mes, & nous avons également à » nous féliciter, vous de la clémen»ce, moi de la juftice de l'Empe»reur. La grace divine a voulu » feule, & fans l'organe d'aucun » homme, agir fur votre cœur ; elle » vous a laiffé la gloire de revenir » de vous-mêmes à votre devoir. » Vous avez donné deux grands » exemples à la fois; les Perfes vien

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» nent d'apprendre que les foldats » Romains, fans autre conduite que » celle de leur valeur, font en état » de les vaincre; & vous avez mon» tré à l'univers que la haine contre » vos officiers ne peut éteindre l'ar» deur dont vous êtes embrafés » pour la patrie. Vous avez fait de grandes actions; voyons mainte»nant ce qui vous refte à faire. L'Empereur vous rend fa bienveil» lance, il oublie vos attentats ; vo» tre victoire, votre zele pour l'hon» neur de l'Empire, les ont effacés » de fa mémoire ; il vous a déjà ho» norés de glorieux témoignages de » fa bonté ; il va jufqu'à la recon» noiffance dans une conjoncture, où » vous pouviez à peine vous flatter » de fa clémence. Maurice a cru fe » conformer aux volontés du ciel, » qui en vous protégeant dans la ba

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taille, a fait connoître qu'il vous » avoit pardonné. Il vous refte à » couronner votre obéiffance. Sou» venez-vous que vous êtes les def»cendans de ces héros, qui immo» loient leurs propres enfans à la fé

MAURICE.

An. 589.

An. 589.

כל

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» vérité de la difcipline militaire. MAURICE. » Les grands exploits ont befoin de » deux refforts, prudence dans les » chefs, obéiffance dans les foldats: » le défaut de l'un des deux fait » échouer les entreprises. Rendez» vous donc à mes confeils; que l'Empereur ne trouve en vous nulle » réfiftance à fes ordres : la promp»titude à les exécuter fera votre » apologie; on imputera votre fou» levement, non à l'efprit de ré» volte, mais à la mauvaise conduite » de vos commandans. Si vous re» fusez d'obéir, quelle douleur pour » moi, mais quel malheur pour → vous ! Vous n'avez péché jufqu'ici » que par emportement & par im» patience, vous allez être rebelles » & criminels. Songez aux fuites fu» neftes de toutes les féditions. Et quelle fera votre reffource? ferez» vous la guerre à votre Souverain, » à votre patrie? allez-vous deve >nir barbares? allez-vous armer → contre vous toutes les forces de l'Empire? Non, Romains; recon» noiffez votre nom, vos étendards

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» votre Empereur; reconnoiffez un Eveque qui vous donne de nou» velles preuves de fon affection & » de fon zele. Confultez votre hon>> neur vos intérêts inféparables >> de ceux de l'Etat. Ecoutez le ciel » même qui vous parle en ces faints »jours. Les myfteres auguftes dont » la folemnité approche, vous mon> trent un Dieu obéiffant jusqu'à » mourir fur une croix ».

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MAURICE.
An. 589.

X.

Philippique

reçu par les

12.

C'étoit le Lundi de la femaine Sainte que Grégoire parloit ainfi, & fes larmes encore plus éloquentes foldats. que fes difcours, acheverent de tou- Evag. l. 6. C. cher le cœur des foldats. Il ne leur Niceph. Call. avoit pas nommé Philippique, qui l. 18. c. 16. leur étoit odieux; mais ils entendoient affez que cette obéiffance qu'on exigeoit d'eux, confiftoit à le recevoir. Ils demanderent quelques momens pour délibérer ensemble, peu de temps après ils revinrent trouver l'Evêque, déclarant qu'ils étoient prêts à le fatisfaire, mais qu'ils s'étoient engagés par ferment, ainfi que toute l'armée, à ne jamais reconnoître Philippique pour géné

&

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