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MAURICE.

mant plus particulierement la puiffance fouveraine. Onze ans après, An. 190. c'est-à-dire, en 601, le jeune Théodofe époufa la fille du patrice Germain, le plus diftingué des Sénateurs. Si ce Germain eft le mari de Charito fille de Tibere, il faudra dire que le fils de Maurice époufa fa coufine germaine, à moins que la femme de Théodofe ne fût née du mariage de Germain avec une autre. Quoi qu'il en foit, l'Abbé de Biclare se trompe en difant que deux ans auparavant, Maurice avoit nommé fon fils Céfar; ce jeune Prince ne porta jamais ce nom.

XIV.

vant Marty

13.

Simocat. l. 3.

Les deux nations rivales, fe difputoient avec ardeur la poffeffion de Guerre de Martyropolis; & malgré l'inutilité ropolis. des attaques de l'année précédente, Evag. l. 6. c. les Romains fçachant qu'elle n'avoit Niceph. Call. pour garnifon que quatre cents fol-4. 18. c. 17. dats Perfes, fe flattoient de l'empor- c. . ter de vive force. Il ne s'agiffoit que de fermer les paffages aux fecours. Hormifdas y envoya une armée, fous la conduite de Mébodès, & le fit joindre par Aphraate commandant

des troupes d'Arménie. Il y eut une MAURICE, fanglante bataille où Mébodès fut An. 590. tué, & Philippique demeura vain

Sifarbane.

queur. Mais il perdit tout le fruit de fa victoire, en laiffant entrer dans la ville un grand renfort de troupes ennemies. Ce fecours affuroit aux Perfes leur nouvelle conquête; & les Romains perdant toute espérance de la recouvrer par un fiége, allerent bâtir une fortereffe à neuf cents pas de-là fur un terrein élevé, pour tenir la ville en échec, & profiter de toutes les occafions que leur procureroit le voifinage. C'eft à quoi fut employé le refte de la campagne. Enfin l'Empereur mécontent du peu de fuccès de Philippique, envoya Comentiole pour lui fuccéder.

Le nouveau général auroit encore An. 591. été moins heureux fans l'héroïque XV. valeur du lieutenant Héraclius. Il fe Bataille de livra une grande bataille devant le Simocat. l. 3. château de Sifarbane près de Nifibe. Dès le commencement du combat, Comentiole eut fon cheval tué fous lui, & il auroit perdu la vie, fi un de fes gardes ne lui eût donné le fien,

c. 6.

Evag. l. 6. c.

14.

Niceph. Call.

l. 18. c. 18.

An. 191.

fur lequel il prit la fuite. Toute l'armée le fuivoit en défordre, lorf- MAURICE qu'Héraclius, après avoir fait tous Theoph. pag. fes efforts pour retenir les troupes, 2:1 entraîné lui-même par la foule, & Hift. Mife, Li défespéré de la lâcheté du chef & des 17. foldats, réfolut de ne pas furvivre à cette ignominie.Il tourne bride, perce les efcadrons des fuyards, & va chercher la mort au milieu des ennemis. Il tombe comme la foudre fur le général Aphraate qui couroit à la tête des Perfes, & le renverfe mort fur la pouffiere. Un coup fi hardi arrête les Perfes, & rend le courage aux Romains; ils fe rallient autour d'Héraclius qui porte de toutes parts l'effroi & la mort. Les Perfes fuient à leur tour & fe renferment dans Nifibe. Le lendemain les Romains pillerent le camp, envoyerent à l'Empereur les plus riches dépouilles des épées & des baudriers enrichis d'or & de pierreries, des tiares Perfiques, & des étendarts arrachés aux vaincus. Ces glorieufes marques de victoire furent reçues à Conftantinople avec des acclamations de

triomphe; l'Empereur fit célébrer MAURICE. les jeux du Cirque, & la joie du peuAn. 591. ple éclata dans des fêtes & des divertiffemens, qui ne cefferent que par la laffitude. Comentiole devenu vainqueur par la bravoure d'Héraclius alla mettre le fiége devant Martyropolis. Il y laiffa la plus grande partie de les troupes, & prit avec lui les meilleurs foldats pour attaquer la fortereffe d'Acbas, fituée au-delà du Nimphius, fur un roc efcarpé, d'où l'on découvroit en plein la ville affiégée, Après bien des attaques, il s'en rendit maître ; & à la faveur de ce pofte important, il refferra de plus près Martyropolis. Mais les Perfes la défendoient avec tant de courage, qu'il défefpéra de la prendre autrement que par famine.

XVI.

ment des

Perfe.

Cependant les débris de l'armée Commence- vaincue retirés à Nifibe, craignoient troubles de de retourner en Perfe. Hormifdas toujours violent, toujours emporté, Simocat. l. 3. avoit menacé les troupes de les faire Evag. 1. 6. c. paffer au fil de l'épée, fi elles ne reNiceph. Call. venoient victorieuses. Il étoit affez 1. 18. 19. fanguinaire pour tenir fa parole. Ainfi

c. 18.

14.

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MAURICE.

17.

An. 591.

les chefs & les foldats confpirerent pour fe donner à Varame, qui s'étant révolté contre Hormifdas, mar- Theoph. pag. choit alors à la tête d'une armée. Je 221. vais développer l'origine & les fuites Hift. Mifc. 1. de cette étrange révolution. On. У verra un rebelle audacieux, un mo¬ narque victime de fes propres fu; reurs, & intraitable jufque dans les fers, un fils parricide, un Roi chafsé de fes Etats & rétabli par fes plus grands ennemis, & une guerre fanglante, qui depuis vingt ans, rompoit toutes les trèves, & réfistoit à toutes les négociations, enfin terminée entre l'Empire & la Perfe par la générofité de Maurice.

XVII.

Victoires de

les Turcs.

Pendant qu'Hormifdas, foutenoit la guerre contre les Romains fur les Varame fur frontieres de l'Arménie, une autre Simoc. l. 3. partie de fes troupes étoit employée c. 18. contre les Turcs au nord de la mer Cafpienne. Cette nation s'étoit enrichie aux dépens de la Perfe, qui lui payoit tous les ans un tribut de quarante mille piéces d'or ; & cet or ne fortant pas de leurs mains, avoit porté chez ces barbares le luxe • Tiv

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