Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ordres; on remet à ses envoyés ceux MAURICE. qui s'étoient déclarés en faveur de An. 593. Varame, avec leur chef. Mébodès

lui fait donner la question pour découvrir les deffeins des rebelles ; & après lui avoir fait couper le nez & les oreilles, il l'envoye à Chofroës. Les autres furent paflés au fil de l'épée. S'étant emparé du palais, il en choifit les plus riches ornemens, qu'il fit porter au Roi. Six jours après il mit à mort par divers fupplices tous les Juifs établis en grand nombre dans cette ville, qui s'étoient fignalés dans la révolution. Les Juifs formoient alors dans la Perfe un parti redoutable. Après la ruine de Jérufalem, regardant la Perfe comme le berceau de leur nation, parce que leur patriarche Abraham étoit forti de la Chaldée, ils s'y étoient retirés en foule, & y avoient apporté leurs effets les plus précieux. S'étant encore depuis ce temps-là enrichis par les ufures & par le commerce, ils étoient devenus puiffants, & leur penchant à la révolte, avoit plus d'une fois allarmé les rois de Perfe.

Un Auteur de ce temps-là trace leur portrait en ces termes; c'eft, dit-il, une nation perverfe, féditieufe, jaloufe, perfide en amitié & irréconciliable dans fa haine. Mébodès leur donna pour lors une terrible leçon ; & le châtiment de ceux de la nouvelle Antioche dut rappeller aux autres le fanglant édit qu'Affuerus avoit autrefois publié dans ces mêmes contrées : mais dans le temps dont je parle, ils ne trouverent point d'Efter.

MAURICE. An. 593.

troupes d'Ar

c. 8.

Tandis que Mébodès réduifoit XLII. fous l'obéiffance de fon maître lé- Arrivée des gitime, les principales villes de la ménie. Perse, l'armée de Chofroës après Simocat. l. 5, quatre jours de marche, étoit arrivée dans un lieu nommé Alexandriane, où l'on voyoit encore les ruines d'une fortereffe détruite autrefois par Alexandre le Grand. Elle alla camper le lendemain dans la plaine de Cnethas. Cependant Jean Myftacon approchoit, & Bindoës s'étoit joint à lui avec fes troupes. Ils n'étoient pas loin du Zab, lorfque Myftacon dépêcha mille cava❤

An. 593.

تو

liers pour s'affurer du paffage. VaraMAURICE me qui avoit deffein de le battre avant qu'il eut joint Narsès fut averti de fon approche, & fe rendit maître du pont. Narsès informé de ces mouvemens rebrouffa chemin, & ayant regagné en quatre jours les bords du Zab, il passa lui-même le fleuve au-deffus de Varame, & fit le dégât fur les terres des Aniféniens. Varame pour empêcher la jonction des deux armées, partagea fes troupes en deux corps, dont 'un faifoit face à l'orient pour arrêter Narsès, tandis que l'autre marchoit vers le nord au-devant de Myftacon. Ceux-ci rencontrerent bientôt les troupes d'Arménie, qui n'étoient féparées que par un grand lac, & Myftacon fe difpofoit à livrer bataille, lorfqu'il reçut ordre de Narsès d'éviter le combat. Bindoës qui connoiffoit le pays, fit pendant la nuit filer les troupes à l'orient du lac, enforte qu'elles fe trouverent au Difpofitions pour la ba- matin entre Varame & le Zab.

XLIII.

aille.

Ce fut alors que Chofroës reçut Sinocat. 1. S. la nouvelle des rapides fuccès de

[ocr errors]

Mébodès; & ce général fe rendit bien-tôt lui-même auprès du Roi, pour partager l'honneur d'une journée qui devoit décider du fort de la Perfe. Déjà Myftacon avoit joint Narsès, & les deux armées réunies fe communiquerent réciproquement de la hardieffe & de l'affurance. Chofroës fe voyoit à la tête de plus de foixante mille hommes : Varame qui n'en avoit que quarante mille, tenta de furprendre les ennemis à la faveur de la nuit; mais la difficulté des chemins retarda tellement fa marche, qu'il fut prévenu par la clarté du jour. Les deux armées demeurerent deux jours en préfence; le troifiemė, les troupes de Varame impatientes de combattre, fortirent de leur camp en tumulte, & pouffant de grands cris. Les Perfes de Chofroës imitoient ce défordre; au contraire les Romains fe rangeoient en bataille fans bruit & fans confufion ; & Narsès ayant réprimandé Bindoës & Mébodès de ce qu'ils ne pouvoient contenir leurs troupes & les réduire au filence, vint à bout de rétablir

MAURICE. An. 593.

cette tranquillité, qui met une arMAURICE. mée bien disciplinée, en état d'enAn. 593. tendre l'ordre, & d'y obéir de

concert. L'armée Romaine étoit divifée en trois corps. Chofroës & Narsès étoient à la tête du centre ; Mébodès commandoit l'aîle droite, où étoient les Perfes; Myftacon Paîle gauche, compofée des troupes d'Arménie. Les Romains embrafés d'ardeur, attendoient le fignal, lorsque l'armée de Varame effrayée de leur nombre, de leur contenance & de leur ordre de bataille, prit la fuite, & fe retira für une montagne. Il y eut même un corps de cinq cens hommes qui mit bas les armes, & paffa du côté des Romains. Chofroës vouloit attaquer l'ennemi fur cette éminence, & preffoit Narsès d'y faire monter fes troupes. Mais ce général qui fçavoit la guerre, jugeant cette entreprise tout-à-fait téméraire, retint les Romains dans leur pofte. Le Roi irrité de ce refus, donna ordre aux Perfes d'y monter, & ne tarda pas à s'en repentir : les Perfes repouffés avec grande perte, auroient

« AnteriorContinuar »