An. 5934 17 tous été taillés en piéces , fi les Ro MAURICE. mains n'euffent arrêté la fougue des ennemis, Au coucher du soleil les deux armées rentrerent dans leur camp. Varame ayant reconnu la supério- XLIV. rité des ennemis, partit dès le point Bataille du Balararh. du jour, & alla camper entre des hau-Simocat. 1. s. teurs inaccesibles à la cavalerie. Les c. 10. 11. Romains le suivirent, & s'avance-224. 225 Theoph. pag. rent jusqu'à la plaine de Ganzac. Va-Evag. 1.6.c. rame pour les fatiguer & ralentir leur Hijt . Misc. I, ardeur, changea de pofte, & après 17. Pr les avoir promenés par plusieurs dé-Zon. T. 2. Pu tours, il s'arrêta enfin près d'une riviere nommée Balarath, Les Romains qui ne le perdoient pas de vûe, vinrent camper dans le voisinage & dès le lendemain ils fe rangerent en bataille dans la plaine qui bordoit la riviere. Leur armée garda le même ordre qu'elle avoit observé sur les bords du Žab. Narsès encouragea ses troupes, & leur donna pour mot du guet les premieres paroles de la falutation Angélique. C'étoient des termes inconnus aux Perses; & il les avoit choisis exprès, afin que dans 750 la confusion de la bataille, les Perses Maurice. de son armée puffent se distinguer An. 593. de leurs compatriotes qui compo soient l'armée ennemie, Varame ne pouvant éviter le combat, fit usage de tout son fçavoir pour disposer avantageusement son armée. Il se mit à la tête du centre ; il plaça devant la cavalerie ses éléphans comme autant de tours, & les fit monter par les plus braves de ses soldats. Il y en avoit aussi dans l'armée de Chofroës, & ce Prince escorté de cinq cens cavaliers, exhortoit les Perses de son parti à ne pas céder aux Romains le prix de la valeur. Aux cris des Perses succede un affreux filence; on n'entend plus que le son nienaçant des trompettes ; & les deux armées s'approchent avec cette fombre fureur qui annonce le carnage. On ne s'arrêta pas long-temps à la décharge des traits, & bien-tôt on en vint à la mê. lée. Varame croyant trouver moins de résistance de la part des Perses qui faisoient l'aile gauche de l'armée Romaine, quitta le centre, & se porta sur son aîle gauche, à la tête de An. 593. laquelle il chargea les troupes de Mébodès. Tout plia devant lui, & les MAURICE. Perses prêts à tourner le dos, alloient entraîner dans leur fuite le reste de l'armée , lorsque Narsès leur envoyant plusieurs renforts les uns sur les autres, vint à bout de les soutenir. Varame perdant l'espérance de les enfoncer , retourne au centre & charge Narsès, mais ce général intrépide , méprisant la fureur des éléphans, perce au milieu d'eux, fond sur le centre des ennemis, rompt leurs rangs, renverse les cavaliers sur les fantaflios; rien ne résiste à la violence de son attaque, & toute l'armée de Varame se dillipe comme ua tourbillon de poussiere. Les Romains poursuivent avec ardeur, & bien-tôt toute la plaine est jonchée de cadavres. Les éléphans se défendoient encore, & les Perses montés sur leur dos , ne cefloient de tirer sur les vainqueurs; on les environne; on abbat les conducteurs, & on livre les éléphans à Chosroës. Six mille Perses qui s'étoient retirés sur une montagne, furent enveloppés & forcés de se rendre. Les Romains les conduiMAURICE. Grent au Roi; & ce Prince inhumain An. 593. fe fit un divertissement cruel de les voir percer à coups de fleches, ou écraser sous les pieds des éléphans. Ayant appris qu'il y avoit des Turcs entre les prisonniers, il les fit séparer & envoyer à Maurice, comme autant de trophées qui rendoient témoignage de la valeur des Romains. On remarqua qu'ils portoient tous sur le front l'empreinte d'une croix ; Maurice leur en ayant demandé la raison, ils répondirent que dans un temps de peste, quelques Chrétiens avoient conseillé aux femmes Turques de marquer ainsi leurs enfans, & qu'en effet ils avoient été préservés de la contagion. Les Romains pillerent le camp de Varame, & fe rendirent maîtres de ses femmes, de ses enfans & des ornemens royaux , dont ils firent présent à Chosroës. Le lendemain on recueillit les détabli dans les pouilles , & l'on porta les plus pré cieuses dans la tente du Roi. De toute l'armée de Varame, il n'étoit échappé que dix mille hommes avec XLV. ré Etats. An. 593• Varame lui-même. On fit partir pour détachement, MAURICE. sa |