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Maurice lui-même éprouva plus d'uMAURICE. ne fois la fermeté de Grégoire, qui ne s'accordoit pas toujours avec lui. L'Empereur & le Pontife fembloient avoir changé de rôle. Maurice retenu par une douceur paftorale, défendoit d'ufer de violence pour convertir les fchifmatiques, les hérétiques, les payens: Grégoire animé d'un zele ardent, s'armoit quelquefois du defpotifme impérial, pour étendre les conquêtes de l'Eglife. Il ordonne dans une lettre à l'évêque de Cagliari de forcer les payfans idolâtres, ferfs de l'Eglife, à fe faire baptifer, & de les charger de plus fortes redevances pour les obliger à fe convertir; il efpéroit, difoit-il, que les enfans de ceux qui auroient été ainfi traînés de force au fein de l'Eglife, y demeureroient attachés par une heureuse habitude, & qu'ils feroient meilleurs Chrétiens que leurs peres. Dévéché de Salone en Dalmatie étoit difputé par deux concurrens également élûs, Grégoire foutenoit Honorat; l'Empereur & l'Exarque étoient déclarés pour Ma

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xime. Ce différend dura fix années. Maxime l'emporta enfin, mais ce ne fut qu'après une foumiffion trèshumiliante. Le Pape ne paffoit rien à l'Empereur de ce qu'il croyoit pouvoir intéreffer le falut des ames. Maurice avoit défendu par une loi d'admettre à la cléricature, & de recevoir dans les monafteres ceux qui étoient revêtus de charges publiques, ceux même qui fortoient d'exercice, non plus que les foldats avant que le temps de leur fervice fut achevé. Grégoire entreprit de faire révoquer cette loi. Mais il usa en cette occafion de tous les ménagemens d'une refpectueufe politique. Il commença par obéir en faifant publier la loi de l'Empereur. Quelque temps après il lui envoya fes remontrances; & pour éviter l'éclat, il les fit préfenter, non pas publiquement par fon Nonce, mais en particulier par le médecin Théodore ami du Prince & du Pontife. Il reconnoiffoit que la puiffance fouveraine s'étend fur les miniftres des autels; mais il représentoit à Maurice

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L.

Ambition

Jeûneur.

le

que fa loi ne s'accordoit pas avec l'é-
vangile ; & que le Prince ne devoit
pas détourner du fervice de Dieu
ceux que Dieu avoit bien voulu at-
tacher au fervice du Prince. L'Em-
pereur eut égard à des remontran-
res fi fages & fi bien ménagées ; il
exigea feulement que ceux qui for-
toient de charge, ne fuffent admis
qu'après avoir rendu leurs comptes;
pour les foldats, ils pouvoient être
reçus
dans les monafteres, mais après
trois ans d'épreuve. C'étoit le temps
marqué par les loix de Justinien pour

le noviciat de tous les moines. Gré-
goire l'avoit abrégé en le reftreignant
à deux ans ; mais l'ancien usage sub-
fifta
pour les gens de guerre, qui vou-
loient avant la vétérance, embraffer
la vie monaftique.

Le plus férieux démêlé de faint de, Jean le Grégoire avec Maurice, s'éleva au fujet du nouveau titre, que s'attribuoit le patriarche de Conftantinople. Juftinien avoit donné aux évêques de fa capitale le nom d'Ecuméniques; mais aucun d'eux n'avoit encore ofé fe parer de ce titre. Jean

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renommé pour l'austérité de fa vie, qui lui fit donner le furnom de Jeûneur, avoit fui l'épifcopat, & n'en fut pas plûtot revêtu, qu'il entreprit d'en relever les prérogatives. Loin de rien rabattre de l'ambition de fes prédéceffeurs, il affectoit dans toutes fes lettres le nom de Patriarche univerfel. Pélage II s'y étoit oppofé ; il l'avoit même menacé d'exconimunication, s'il continuoit d'ufurper une qualité, qui réduifoit les autres évêques au rang de fes vicaires. Jean n'avoit tenu compte de ces menaces; & ce Prélat, humble dans fa perfonne, mais jaloux de l'honneur de fa place, étoit foutenu de Maurice, qui partageoit la vanité de l'évêque de fa ville Impériale. Les évêques d'Orient, qui n'avoient d'accès que par lui auprès de l'Empereur, le flattoient auffi dans fes prétentions. Grégoire prévoyant les fuites fâcheufes que pourroit entraîner l'ambition des patriarches de Conftantinople, tâchoit inutilement de rabaiffer par fes lettres, la vanité de ce Prélat. Preffé par l'Em

pereur, il s'efforça de lui faire fenMAURICE. tir dans fa réponse les conféquences An. 593. du titre argueilleux que Jean s'arrogeoit ; & faifant allufion au furnom de Jeûneur: Nos os, dit-il, font defféchés par les jeûnes, & notre efprit eft enflé d'orgueil; nous avons le cœur élevé fous des habits méprifables; couchés fur la cendre, nous afpirons à la grandeur. Toutes ces répréfentations ne produifirent aucun effet: malgré les inftances du Pape auprès de l'Empereur, de l'Impératrice, du Prélat intéreffé dans la querelle, & des autres Patriarches; malgré le contrafte que préfenta Grégoire en prenant alors la qualité de Serviteur des Serviteurs de Dieu, que les Papes ont confervée jusqu'à ce jour, l'évêque de Conftantinople retint opiniâtrément le titre d'Ecuménique; & après plufieurs fiécles de conteftations, ce nom eft refté à fes fucceffeurs. Jean le Jeûneur mourut en 595 après treize ans & cinq mois d'épifcopat. Ses grandes aumônes l'avoient réduit à une extrême pauvreté. Non content de s'ê