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tre dépouillé lui-même, il emprunta une fomme considérable à l'Empereur, engageant par contrat tout

ce qu'il poffédoit de biens. Après fa mort, Maurice ayant fait faire l'inventaire, trouva qu'il ne reftoit à Jean en propriété qu'une couchette de bois, une tunique de laine & un manteau ufé. Plein de vénération pour le Prélat, il fit porter au palais ces débris de la fortune patriarchale ; & dans le Carême il couchoit lui-même fur ce mauvais lit, qu'il préféroit à toute la magnificence Impériale. Quoique la conteftation de Jean avec faint Grégoire, lui ait attiré les cenfures des Latins, elle n'empêcha pas faint Grégoire luimême de lui donner après fa mort le titre de très-Saint. Les Grecs l'ont toujours honoré au nombre des Saints; & plufieurs fçavans modernes, d'après le feptieme Concile général, ont justifié fa mémoire. Cy. riaque, fon fucceffeur, fut en communion avec faint Grégoire, fans renoncer cependant au titre de Patriar che univerfel.

MAURICE An. 593.

MAURICE.

An. 593. LI.

voir attenté

relle.

Quelques Ecrivains ont avancé que ce faint Pape eft le premier qui ait étendu l'autorité des fouverains S. Grégoire Pontifes fur le temporel des Rois, juftifié d'a; & que Grégoire VII, hardi à forfur la puif- mer des entreprises fi peu apostofance tempo-liques, ne fit que marcher fur fes traces. On cite en preuve une charte par laquelle il accorde des priviléges au monaftere de faint Médard de Soiffons, & qui eft terminée par ces paroles: Si un Roi, un Evêque, un Magiftrat, ou quelque perfonne féculiere, viole, contredit, ou néglige les décrets de notre autorité apoftolique ; s'il inquiéte ou trouble les moines, ou qu'il porte atteinte à ce que nous avons réglé, en quelque dignité ou élévation qu'il puiffe être, nous l'en déclarons déchu. Mais d'excellens critiques, tels que M. de Launoi & le P. le Cointe foutiennent que cette charte eft fuppofée. Un privilége accordé par le méme Pape à un hôpital d'Autun, où il menace de privation de toute dignité, quiconque ofera violer ce privilége, n'eft pas plus authentique; le P. Mabillon prétend

An. 593.

que cette claufe n'est qu'une addition d'un fauffaire. En effet, la con- MAURICE. duite fage & modérée de ce faint Pontife à l'égard de Maurice, détruit ces imputations. On voit même qu'il ne donna le pallium à Syagrius évéque d'Autun, qu'après avoir obtenu le confentement de Maurice; & ce trait eft une preuve de l'autorité que les Empereurs confervoient fur les Papes; puifque ceux-ci ne pouvoient, fans la permiffion de Ï'Empereur, honorer de cette marque de diftinction les Evêques mêmes qui n'étoient pas dépendans de l'Empire.

LII.

paix avec les

Les fujets de plainte que Maurice Il travaille donnoit à Grégoire, ne rallentiffoient à procurer la pas le zele de ce faint Prélat pour la Lombards. confervation de ce que l'Empire poffédoit en Italie. Il ne voyoit d'autre reffource que dans la paix, ou du moins dans une trêve de longue durée. Dans ce deffein, il traitoit avec Agiluf; mais l'Exarque toujours avide de pillage, rompoit toutes fes mefures. Il en vint même à vouloir le rendre fufpect à l'Empereur, qui,

fans ajouter foi à ces calomnies, fe

MAURICE. perfuada feulement que Grégoire An. 593. étoit dupe des Lombards; il le traita

dans une de fes lettres avec affez de mépris, comme un homme fimple & peu capable de démêler les artifices d'Agilulf. Grégoire reffentit vivement cette forte d'injure; & fans manquer ni à l'humilité Chrétienne, ni au refpect qu'il devoit au Prince, il lui expofa avec fermeté ce qu'il avoit fait pour fon fervice, le trifte état de l'Italie, & le befoin qu'elle avoit de la paix. Cette lettre trouva l'Empereur trop prévenu, pour faire impreffion fur fon efprit. L'Exarque porta l'infolence jufqu'à faire afficher pendant la nuit dans les places de Ravenne, un placard injurieux à Grégoire & à fon fécrétaire Caftorius qu'il employoit à négocier la paix avec les Lombards. Le Pape informé de cette infulte, adreffa une lettre à l'Evêque, au clergé, & au peuple de Ravenne, par laquelle il fommoit l'auteur de fe déclarer, & de prouver les faits qu'il avançoit ; finon, il le privoit, quel qu'il fût, de

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la communion des fideles.

gar

An. 593.

LIII.

mencent

Les Lombards fatigués de tant de MAURICE, lenteurs, rentrerent fur les terres des Romains. Ils firent une descente Les Lomen Sardaigne. Le duc de Spolete bards recom vint ravager la campagne de Rome; leurs ravages. le duc de Bénévent s'avança jusqu'à Crotone, dont il s'empara par furprife. Se voyant hors d'etat de der cette ville maritime, faute de vaiffeaux, il l'abandonna après l'avoir pillée, emmenant avec lui les habitans de tout âge & de tout fexe. Ils auroient péri dans le plus dur esclavage, fans la charité inépuisable de Grégoire, qui les racheta. Ce prélat généreux prodiguant fans ceffe & fes biens propres & ceux de fes amis fe nommoit lui-même avec raison le tréforier des Lombards.

LIV.

Lombards

Enfin, Romain étant mort l'an 597, Grégoire trouva dans fon fuc- Alliance des ceffeur Callinique moins d'oppofition avec les Abaà la paix! Mais on ne put convenir que res. d'une trêve pour deux ans. Dans cet intervalle, Ravenne & les côtes de la mer Adriatique furent défolées par la pefte, qui fit encore de plus grands ra

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