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s'étant présenté à l'Empereur, lui
dit qu'il venoit de lá d'un
part
ple innombrable & invincible, capa-

peu

ble d'exterminer tous les ennemis de l'Empire, & de lui fervir de rempart; qu'il étoit de l'intérêt de Juftinien, de ne pas rebuter des alliés fi braves & fi puissans : que pour s'attacher à jamais aux Romains, ils ne demandoient qu'une penfion annuelle & une habitation commode.

JUSTINIEN.
An. 558.,

Alliance des Romains

Ces offres de fervice reffembloient XXXVI. fort à des menaces, & Juftinien ne redoutoit rien tant, que les embar- avec les Abaras d'une nouvelle guerre. Il confulta tes. le Sénat, qui, bien inftruit des difpofitions de l'Empereur, donna, au lieu d'avis, de grands éloges à fa profonde fageffe & à fon amour de la paix. Il fit donc beaucoup de careffes aux ambaffadeurs, & les combla de préfens : c'étoient des colliers & des braffelets d'or, des lits magnifiques, des habits de foie; efpérant fe concilier par ces largeffes, une nation orgueilleufe & infolente. Il chargea un officier de fes gardes, nommé Valentin, d'aller affurer de fon amitié

le Khan des Abares: c'eft ainfi que JUSTINIEN. les divers peuples de la Tartarie An. 558. nommoient alors leur fouverain. Va

XXXVII.

Abares con

lentin avoit ordre de conclure le traité, & d'engager les nouveaux alliés à faire la guerre aux autres barbares ennemis des Romains. Soit que les Abares fuffent vainqueurs, foit qu'ils fuffent vaincus & exterminés, l'évenement ne pouvoit tourner qu'à l'avantage de l'Empire. Valentin s'acquitta heureusement de fa commiffion, & n'eut pas de peine à faire prendre les armes à un peuple qui ne refpiroit que guerre.

Les Abares attaquerent auffi-tôt Guerre des les Huns divifés en plufieurs hordes, tre les Huns entre le Volga & le Tanaïs. Ils en &les Antes. firent un grand carnage, & ruinerent presque entiérement les Sabirs.Ayant enfuite paffé le Tanaïs, & s'avançant le long des côtes du Pont-Euxin, ils tomberent fur les Antes, qui habitoient vers le Boryfthêne, & après les avoir battus, ils firent le dégât dans leur pays. Les Antes hors d'état de leur réfifter, leur envoyerent un des principaux de leur nation

nommé Mézamire , pour négocier la paix, & traiter avec eux du rachat JUSTINIEN. An. 558. des prifonniers. Comme ce député, naturellement fier & hautain, leur fembloit parler avec trop d'arrogance, ils le maffacrerent fans aucun égard au droit des gens, & porterent au loin leurs ravages. Ils approchoient du Danube, & déjà quelques-uns de leurs partis ayant paffé ce fleuve, étoient entrés dans la petite Scythie. Ils envoyerent alors de nouveaux députés à Juftinien pour le fommer de tenir fa parole, & de leur accorder un établissement fur les terres de l'Empire.

Ambaffade

& origine des

203.

D'Herbelot

L'Empereur étoit fort difpofé à XXXIVII. leur abandonner la feconde Pannonie; mais il en fut détourné par les Turcs. follicitations du grand Khan des Theoph. pag. Turcs, qui après avoir chaffé les Theoph. By. Ogors de leurs pays, craignoit qu'ils pag. 21. 22. ne redevinffent trop puiffans. Les Bibl. Orient. Turcs paroiffent ici pour la premiere au mot. Turc. fois dans l'hiftoire de l'Europe. Cette gnes hift. des nation n'étoit qu'un refte de ces Huns 1. s. p. Huns du nord, que les Huns du mi- 367. & suiv. di, joints aux Chinois & aux Tarta

M. de Gui

An. 558.

ap

res orientaux, avoient forcés autreJUSTINIEN fois de quitter leurs demeures. Foible d'abord & méprifée, elle étoit renfermée dans les cavernes des monts Altaï, où elle travailloit à forger le fer pour le fervice des Abares, auxquels elle étoit foumife. Le nom de Turcs, commun à plufieurs peuples de l'Orient, dénotoit, felon eux, l'origine la plus noble ; ils prétendoient defcendre de Turk, qu'ils difoient avoir été fils aîné de Japhet. Selon une tradition plus croyable, les Turcs furent ainfi pellés, parce qu'une des montagnes qu'ils habitoient, avoit la figure d'un cafque, qui fe nomme Turc dans la langue du pays. Les Perfes les nommoient Cermichions. Parmi ces forgerons, un homme fe rencontra d'un génie affez élevé & d'un affez grand courage pour changer le fort de fa nation, & pour la rendre fouveraine de ceux qui la tenoient depuis longtemps en efclavage. Il fe nommoit Toumuen. Après avoir eflayé fes forces contre quelques hordes voifines, il le rendit fameux par fes vic

JUSTINIEN.

toires, fervit les Abares avec fuccès dans plufieurs guerres périlleufes, An. 558. & ayant enfin tourné fes armes contre eux-mêmes, il affranchit fes compatriotes de leur domination. Il prit alors le titre de Khan, & devint un des plus puiffans princes de l'Orient. Mokan fon fecond fucceffeur, poussa plus loin fes conquêtes : il détruifit entiérement la nation des Abares; & après avoir chaffé les Ogors, apprenant que fous le nom d'Abares ils acquéroient une nouvelle puiffance en Europe, il les poursuivit par fes négociations, jufqu'au bord du Danube, & envoya une ambaffade à l'Empereur, pour l'engager à ne donner aucun afyle à ce peuple fugitif. Juftinien reçut honorablement fes députés, & les renvoya chargés de préfens & de promeffes.

I es Abares

Menand.pag.

Un motif encore plus fort déter- XXXIX. mina Justinien à ne rien accorder trompés par aux Abares. Lorfque leurs députés Juftinien. avoient paffé par la Lazique, un 101. d'entr'eux gagné par Juftin, avoit M. de Gui averti ce général que les Abares ca- Huns l. 4. P. gnes hift. des choient fous des dehors de bien- 354. & fuiv.

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