Imágenes de páginas
PDF
EPUB

bilé, étant occupé au fiége de Gibraltar dès Pannée précédente; il étoit prêt de le prendre, quand la peste le mit très-violemment dans fon armée, & il en mourut lui-même le vingt-fixiéme de Mars âgé de trentehuit ans. On croit que s'il eût vêcu, il eût achevé de chaffer les Mores d'Espagne. C'étoit un grand prince; fi fes vertus n'euffent été obfcurcies par un concubinage de vingt-quatre ans avec Leonor de Gusman. Il eut pour successeur fon fils Pierre âgé de quinze ans depuis furnommé le cruel.

AN. 1350.

LI.

Négociation avec l'empereur

Sup. n. 42.

Cependant le pape envoya des nonces à Conftantinople comme il avoit promis à Pempereur Cantacuzene en 1348. Ces nonces furent deux évêques Guillau- Cantacuzene. me Emergat de Pordre des freres Mineurs, évêque de Vad. 1349. n. Kiffaure en Crete, & Gafpert ou Hugues de Spert de 12, & Reg. n. Pordre des freres Prêcheurs, évêque de Ceneda dans, la Marche Trevifane: leur commiffion eft du treizié

me Février 1350. & le pape les chargea de deux lettres de la même date, Pune à Cantacuzene, Pautre à Affan capitaine de Conftantinople. Ils furent très-bien reçus de Cantacuzene, qui en parle ainsi dans son hif

toire.

Le pape ayant traité avec tout Phonneur convenable les ambaffadeurs de Pempereur, les renvoya, & avec eux deux évêques très-vertueux Pun & Pautre, & parfaitement instruits des lettres humaines : ce qui les rendoit très-agréables en conversation, & très-capables de perfuader. Auffi Pempereur prenoit-il plaifir de s'entretenir avec eux tous les jours, & eux de leur côté avoient grand foin d'écrire tout ce qu'il leur difoit chaque jour fur le fujet de leur commission, pour en faire leur rapport au pape. Et enfuite après avoir dit ce que

193.

28.

Rain. 1350. n.

Lib. IV. c. 9.

AN. 1350.

P. 735.

Gal. 11. 2,

les nonces propoferent de la part du pape tant
tant fur la
guerre contre les infidéles, que fur l'union des églifes
ilajoûte L'empereur commença par témoigner fa
reconnoiffance envers le pape pour Paffection qu'il lui
portoit, & la difpofition où il étoit d'agir contre les en-
nemis des Chrétiens; puis il continua : La guerre con-
tre ces barbares me réjouit doublement, tant parce
qu'elle fera utile à toute la Chrétienté, que parce que
j'y prendrai part moi-même. Car je prétens y employer
mes vaiffeaux, mes armes, mes chevaux, mes.finan-
ces & tout ce qui est à moi, m'estimant heureux d'y
exposer ma propre vie.

Quant à Punion des églifes, je ne puis exprimer à quel point je la défire. Je dirai feulement que s'il ne falloit que me faire égorger pour y parvenir, je

présenterois non-seulement ma tête, mais le coûteau.
Toutefois une affaire de cette importance demande une
grande circonfpection: puifqu'il ne s'agit pas
ne s'agit pas d'un in-
térêt temporel, mais des biens céleftes & de la pureté
de la foi. Il ne faut pas s'en fier à foi-même, comme
fi on pouvoit feul arriver à une fi haute connoiffance:
c'est ce qui a produit originairement la divifion des
églifes. Car fi ceux qui les premiers ont introduit les
dogmes que foûtient à présent léglise Romaine, au
lieu de fe*fier à eux-mêmes, & méprifer les autres pré-
lats, leur avoient laiffé la liberté d'examiner, le mal
n'auroit pas fait tant de progrès. S. Paul communiqua
aux apôtres ce qu'il enfeignoit, craignant, comme il dit,

de courir en vain.

La conduite contraire n'a pas réuffi à l'empereur Michel le premier des Paléologues, & n'a fait qu'augmenter la divifion; moi-même je ne crois pas qu'on

ou d'y

AN. 1350.

me perfuadât jamais avant la définition d'un concile
univerfel de m'attacher à des nouveautez,
contraindre les autres. Ceux que Pon veut forcer, p. 736.
commencent par boucher leurs oreilles pour ne pas en-
tendre le premier mot. Je ne crois pas que vous-même
dûffiez vous fier à moi touchant ma créance, fi je paf-
fois à votre doctrine ainfi facilement & fans examen.
Car quelle confiance peut-on avoir touchant les chofes
récentes à celui qui n'eft pas fermement attaché aux opi-
nions qu'il a reçûës de ses ancêtres, & dans lesquelles il

a été nourri?

Je crois donc qu'il faut, fi vous le trouvez bon, tenir un concile univerfel où fe trouvent les évêques d'Orient & d'Occident. Si on le fait, Dieu eft fidéle, il ne permettra pas que nous nous écartions de la vérité. Or fi l'Asie & PEurope étoient comme autrefois foûmises à l'empire Romain, il faudroit affembler chez nous le concile : mais à préfent il eft impoffible. Le pape ne peut venir ici, & il ne m'eft pas facile de me tant éloigner à caufe des guerres continuelles. Si donc le pape le trouve bon, nous nous affemblerons en quelque place maritime au milieu de nous, où il viendra avec les évêques d'Occident, & moi avec les patriarches & les évêques de leur dépendance. Si le pape en eft content, qu'il m'envoye inceffamment quelqu'un pour me le faire fçavoir, & marquer le lieu & le temps de Passemblée. Car il ne me faudra pas peu de temps pour faire venir les patriarches & les évêques.

Les nonces contens de cette réponse, & ayant reçu les préfens de Pempereur s'en retournerent. Ils ren- p. 737. dirent compte au pape de leur voyage, & lui montrerent le journal qu'ils avoient écrit. Le pape envoya

a

promptement à l'empereur dire que la propofition de AN. 1350. tenir un concile lui paroiffoit très-bonne, mais qu'il falloit affembler les évêques de fa dépendance pour convenir du temps & du lieu. Peu de temps après il écrivit encore à l'empereur, le priant de ne pas attribuer à fa négligence le délai du concile. Je ne fouhaite rien plus, ajoûtoit-il, que Punion des églises, mais les princes d'Italie & les plus grands rois de nos quartiers font en guerre, & prêts à s'attaquer Pun Pautre avec de nombreuses armées, & il eft de mon devoir comme perc commun, de procurer la paix entr'eux : après quoi je n'aurai rien plus à cœur que ce qui regarde le concile & la paix des églifes. Sur cette réponse Pempereur envoya Jean de l'ordre des freres Prêcheurs de Galara près de Conftantinople pour remercier le pape de ces bonnes difpofitions, & le prier d'y perlévérer mais la mort du pape diffipa ce projet de con

LII.
Mort d'Ifidore.

cile.

:

Cependant Conftantinople avoit changé de patriarCallifte patriarche. Ifidore tomba malade de honte & de chagrin du che de Conftan- mauvais fuccès de fes prétendues prophéties; car il

tinople.

XVIII. c. 1. n. z.

pre

Nic. Greg. lib. noit ses songes pour des révélations, & en faifoit les Cant. v. c. 16. regles de fa conduite : ce qui étoit ordinaire aux PaHift. Byz. to. 1. lamites. Après donc une longue maladie il mourut à

P. 37.

la fin de Pan 1349. ayant tenu le fiége de Conftantino-
ple deux ans fept mois
fept mois, & quinze jours. Les Palami-
tes curent grand foin qu'on lui donnât un fucceffeur
de leur fecte, & après plufieurs fujets qui leur furent
propofés, Pempereur fit venir du mont - Athos un
moine nommé Callifte, ami de Palamas, & nonob-
ftant la répugnance de plufieurs évêques, le fit or-
donner patriarche. C'étoit un homme ignorant & fé-

vére jufqu'à la dureté : c'eft pourquoi, avant que trois mois fuffent paffez depuis fon ordination, AN. 1350. la plûpart des évêques fe féparerent de fa communion, proteftant avec ferment qu'il étoit Meffalien. Il le nioit aufli avec ferment, & accufoit de divers crimes fes accufateurs : Pun avoit ouvert des fépulcres, Pautre avoit péché avec une femme, Pautre tenoit Phéréfie des Bogomiles, Pautre avoit vendu le facerdoce à des hommes infâmes. Ce fchifme dura long-temps, mais enfin l'empereur Cantacuzene fe rendit médiateur entre le patriarche & les évêques, & leur perfuada de fe pardonner réciproquement, & fe défifter de leurs accufations.

LIII. Mort de Philippe de Valois.

Jean roi de Fr.
Cang. p. 814.

Froiff. 1. c. 153.

Marlot. t. 2. p.

Le roi Philippe de Valois mourut le 22. d'Août 1350. après avoir regné vingt-deux ans, & Jean fon fils aîné duc de Normandie, lui fuccéda. Il fut facré à Reims la même année le dimanche vingt-fixiéme de Septembre par Parchevêque Jean de Vienne, qui mourut le quatorziéme de Juin fuivant. Le roi Jean après fon facre, alla à Avignon vifiter le pape, qui à sa priere, 891. fit douze cardinaux le vendredi des quatre-temps 17. de

Décembre cette même année.

[ocr errors]

H. Rebdo.p.440.

Vita PP. p.259.

LIV.

Nouveaux car

p. 892.

Le premier fut Gilles Alvarès d'Albomos, archevêque de Tolede depuis Pan 1337. Il fut fait cardinal dinaux. prêtre du titre de faint Clement. Le fecond cardinal fut P. 767. Paftour de Sarrats ou Sarrefeuderi en Vivarès de Pordre des freres Mineurs évêque d'Afsise, puis archevêque d'Embrun, & cardinal prêtre du titre de faint Marcellin & faint Pierre. Le troifiéme fut Raimond de Canillac du diocèse de Mende, chanoine régulier de Pordre de faint Augustin, prévôt de Péglise de Maguelone, p.868.895. puis archevêque de Toulouse en 1345. & enfin cardinal prêtre du titre de fainte Croix en Jérusalem. Le

« AnteriorContinuar »