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pour l'employer, Dicu fçait à quels ufages. Voilà pourquoi vous en voulez à ces pauvres religieux. Enfin le pape leur représenta les maux qui arriveroient à Péglise, s'il leur accordoit ce qu'ils demandoient contre les Mandians ; & conclut en difant, qu'ils miffent par écrit leurs plaintes de part & d'autre, & qu'il leur donneroit de bons commiffaires.

AN. 1351..

LVIII. Prisons des

1928.

Si Pon fe plaignoit de la rigueur des prisons monaftiques, on fe plaignoit au contraire de la douceur de cel- clercs. les des clercs criminels. On le voit par une lettre de To. XI. conc. p. Simon Iflip archevêque de Cantorbéri à Raoul Strafort évêque de Londres, où il dit: Au dernier parlement, nous nous plaignions des juges féculiers qui condamnent, & font exécuter à mort des clercs & même des prêtres. Mais on nous répondit que les clercs fous prétexte de leur privilége, font plus hardis à commettre des crimes; & que quand ils font pris ou du moins accusez & convaincus, le juge eccléfiaftique les reclame, on les lui remet avec respect : mais il les fait der négligemment; & ils font fi bonne chere dans la prifon, qu'au lieu d'être une peine, c'eft pour eux un lieu de délices, & ils en fortent plus méchans qu'auparavant. Quelques-uns quoique notoirement coupables & chargez de crimes inexcufables font reçus fi facilement à la purgation canonique, qu'ils confervent Pefpérance de recommencer leur premiere vie. Et ce mauvais exemple eft pour les autres clercs une tentation de commettre des crimes au préjudice de la paix du Royaume.

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Par ces raifons, de Pavis de nos freres les évêques qui étoient en ce parlement, nous avons ordonné ce qui fuit: Les juges eccléfiaftiques de notre province

AN. 1351.

LIX.

de France.

Du Tillet p.442.

ta. 27.

de Cantorbéri auront soin de faire garder convenablement les clercs qui leur feront remis en vertu du privilége clerical, fuivant la qualité des personnes, & des crimes; enforte que la prifon leur foit une peine. Si ce font des malfaicteurs notoires & diffamez publiquement, de maniere que leur délivrance puiffe caufer du fcandale dans Péglife, & du danger dans l'état, on les nourrira de pain & d'eau le mercredi, le vendredi & le famedi: les autres jours, du pain & de la petite biere; le dimanche, quelque légume de plus; fans qu'on puiffe y rien ajoûter pour quelque caufe que ce foit. Que fi les prifonniers font innocens, ils ne pourront être reçus à la purgation canonique qu'après des informations exactes faites juridiquement fur les lieux. La lettre eft du dix-huitiéme de Février 1351.

Vers le même temps le pape Clement accorda au roi Priviléges au roi de France Jean & à la reine Jeanne fa feconde femme Spicil. t. 4. p. diverses graces spécifiées dans fes lettres. Par la pre274. &c. c. 26. miere en date du vingt-neuvième d'Avril 1351. il leur permet de faire célébrer l'office divin pour eux, & leur fuite dans les lieux interdits. Par la feconde, il leur permet de fe choisir un confeffeur capable qui pourra les abfoudre même des cas pour lefquels il faudroit confulter le faint fiége. Il accorde au confeffeur plufieurs autres pouvoirs que l'on peut voir dans ces bulles. Enfin il permet à tous les clercs commenfaux de la maifon du roi, de dire Poffice à Pufage de Péglise de Paris.

n. 51.

Rain. 1344.n.62.

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Cinq ans auparavant le même pape avoit accordé au roi Jean, encore duc de Normandie, la permission de toucher les choses faintes pour fatisfaire fa dévotion, excepté le corps de N. S. Et quand votre confesseur, ajoûte-t'il, ou un autre prêtre vous donnera la fainte

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communion, il pourra auffi vous donner le précieux
fang, nonobstant tout statut ou usage contraire, & cela,
votre vie durant, quand même vous feriez roi. La lettre
eft du vingt-uniéme de Juin 1344. & Pannée fuivante il
accorda la même grace à Eude duc de Bourgogne.
Or
il recommande à Pun & à Pautre que le prêtre qui lui
donnera la communion fous les deux efpéces, le faffe
avec tant de fecret & de précaution, qu'il ne puiffe rien
fe répandre du précieux fang hors les vafes facrez, &
qu'il n'en puiffe arriver aucun fcandale.

AN. 1351.

Id. 1345. R. 32.

Mabill. Muf. Ital. t. 2. p. LXI.

La communion fous les deux efpeces étoit encore dans Pusage ordinaire au commencement du douzième Id. att̃a SS. fac. fiécle: mais dans le fiécle fuivant Pufage étoit prefque 3.P. 1. praf. n. 75. univerfel dans Péglife Latine, que les laïques ne communioient que fous Pefpece du pain comme dit expreffément Alexandre de Alès, fans que nous voyons aucune conftitution ni aucune loi pour ce changement qui s'eft introduit infenfiblement.

LX. Question fur le

Vading. n. 13.

Cette année s'émut une queftion entre les freres Mineurs & les freres Prêcheurs touchant le fang de J. C. fang de J. C. Le jour du vendredi-faint quinziéme d'Avril, François Baïle gardien des freres Mineurs à Barcelone dit publiquement en chaire dans fon monaftere, que le fang de J. C. répandu à sa paffion fut féparé de la divinité; & par conféquent qu'il n'étoit point adorable du culte de latrie dans les trois jours de fa mort. Nicolas Rofel Vid. Bal. vite. de l'ordre des freres Prêcheurs alors inquifiteur au royaume d'Arragon en écrivit à Jean du Moulin auparavant général de Pordre, & alors cardinal du titre de fainte Sabine, qui en avertit le pape Clement; & & le pape Emer direct. p. après une affemblée folemnelle manda par fes lettres 262.q. 10. patentes à Pinquifiteur de faire révoquer publique

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t. 1. p. 906.

ment cet article, comme erroné & fentant Phéréfie, AN. 1351. & le condamner folemnellement. Ce que Pinquisiteur exécuta dans l'église cathédrale de Barcelone. S. Pierre & faint Jean allant au fepulcre, auroient pu agiter cette question, s'ils n'euffent été occupés de penfées plus férieuses: mais je n'en vois plus Pulage depuis la réfurrection de N. S. fi ce n'eft à Poccafion de quelque préSup. liv. LXXII. tendue relique, comme celle que Henri III. roi d'Angleterre reçut en 1247.

n. 66.

I. Concile des Palamites à Conf

tantinople.

lib. xvIII. c. 3•

Cantacuz. IV. c.

23.

Greg. c. 4.

LIVRE QUATRE-VINGT-SEIZIÉME.

L

pour

'EMPEREUR Jean Cantacuzene promettoit depuis quatre ans de convoquer un concile général Niceph. Grec. appaifer les troubles de l'églife, particulierement ceux de la Gréce excitez par Gregoire Palamas : mais il se réduisit à assembler les évêques de Thrace, parce que c'étoit la feule province qui reftât à l'empire de Conftantinople. Encore ne les appella-t'il pas tous, mais ceux qui favorifoient Palamas, la plûpart moines ruftiques & ignorans. Nicephore Gregoras alla trouver Pempereur, & s'efforça de le détourner de faire tenir ce concile; & n'ayant pû rien gagner fur ce prince, il réfolut de s'expofer à tout pour la défense de la religion, & commença par prendre Phabit monaftique pour montrer qu'il renonçoit à la cour. Le jour du concile étant venu, qui étoit le 27. de mai 1351. dès le grand matin plufieurs catholiques vinrent trouver Gregoras; la plûpart menoient depuis long-temps la vie monaftique, quelques-uns étoient accablez de vieilleffe, & tous venoient avec un grand zéle pour la défense de la vérité. 1.

c. 5.

Entre

Entre eux fe diftinguoient le métropolitain d'Ephese AN. 1351. âgé de plus de quatre-vingt ans, mais encore vigoureux de corps & d'efprit. L'archevêque de Gano étoit aussi un vénérable vieillard, mais chaffé depuis longtemps de fon fiége. L'évêque de Tyr y vint auffi ayant en main les décrets faits autrefois par le Patriarche d'Antioche contre l'erreur de Palamas ; & chargé d'expliquer de vive voix les intentions du patriarche. Les difciples de Gregoras, & leurs difciples ne manquerent pas de fe ranger auprès de lui en cette occafion, & plufieurs autres qu'il n'avoit jamais vûs. Leur nombre augmenta encore par ceux qui les fuivirent comme ils marchoient au palais.

Ils y entrerent fur les huit heures du matin, & des c.6. licteurs portant les faiffeaux de verges avec les haches, accoururent & les arrêtérent dans le veftibule, difant que fempereur étoit empêché. C'est qu'il étoit à table avec les Palamites, aufquels il donnoit un grand repas. Il étoit midi quand on fit entrer Grégoras & fa troupe dans la falle de Pempereur Alexis où les Palamites étoient déja affis, & lévangile placé au milieu. L'empereur Padora, puis il s'affit & fit affeoir les catholiques, & commença à parler, mêlant à fon difcours des fermens & des imprécations contre lui & contre ses enfans, s'il favorisoit un parti plus que Pautre. II déclama fortement contre Barlaam, Acyndinus & les autres adverfaires de Palamas, & menaça d'être plus sévére qu'il n'avoit été par le passé : foûtenant qu'ils devoient ou acquiefcer à la condamnation de Barlaam,ou être condamnez avec lui.

Grégoras parla enfuite pour répondre à l'empereur, & lui adressant la parole, il fit un long discours, où il

Tome XX.

P

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