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4.

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Lib. xix. c. 1. n.

dit entr'autres chofes : Palamas employe continuclleAN. 1351. ment le nom de Barlaam, comme s'il étoit cause de Perreur qu'il foûtient, & il ufe de cet artifice pour tromper les fimples, fçachant que Barlaam est odieux à tous les Grecs, à caufe de la religion des Latins. Mais Palamas étoit dans cette erreur avant que Barlaam vint à Sup. liv. xcv. n. Conftantinople, & il affuroit devant moi & devant plufieurs autres, qu'il voyoit la fubftance de Dieu par les yeux corporels; fon maître Grégoire Drimys foûtenoit la même proposition ; & je leur montrois par les faintes écritures leur impertinence & leur ignorance, autant que le temps le permettoit, les chargeant de confufion. Dans la fuite du temps Barlaam vint de Calabre fa patrie, demeurer avec les Grecs: il fut connu des grands princes, & gagna leur amitié par sa science, & vous fut plus agréable qu'à aucun autre. Quelque temps après j'appris parun bruit public déja fort répandu, que Barlaam ayant trouvé à Theffalonique quelque discours de Palamas, l'avoit repris d'avoir écrit & dit expreffément qu'il voyoit la substance de Dieu par les p. 589. m, 29. yeux corporels. Après cela comment peut-il fe prévaloir du nom de Barlaam qui étoit fon ami lorsqu'il vivoit, & après la mort eft devenu fon ennemi : au lieu que je me fuis toujours déclaré contre cet étranger vivant ou mort? Au refte ce n'eft pasune raifon d'abfoudre Palamas, parce qu'il a été accufé par un Latin. Nous ne fommes pas éloignez d'eux, parce qu'ils font Latins, mais à caufe de certains reproches, qui étant mis à part, nous ne refuserions point leur communion pour

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n. 38. Sup,

n. 29, 40,

tout le refte.

Gregoras infifte enfuite fur la condamnation de Palamas par le patriarche Jean. Il exhorte Pempereur à

STO

10%

AN. 1351

rendre la paix à Péglife en faifant brûler le livre de
Palamas plein d'obfcurité fuivant le stile des hérétiques,
qui ont grand foin d'envelopper leurs erreurs, au lieu
que la verité eft fimple & facile à entendre. Gregoras
finit fa longue harangue en promettant de s'expliquer
plus au long, lorfqu'il aura plus de liberté. C'est ajoû- n. 552.
te-t'il, à Palamas à choisir ou d'embraffer avec nous la
fimplicité de la foi, ou de fouffrir fans nous inquiéter
que nous nous féparions de fa communion. Car ce n'est
pas la coûtume de l'église de faire aucune violence, ni
à ceux qui comme lui ne veulent pas fuivre la vraye re-
ligion, ni à ceux qui la fuivent comme nous : ce feroit
une conduite tyrannique.

C. 2.

L'empereur Cantacuzene fut fort offenfé de ce difcours, & fit trois reproches à Gregoras : qu'il détournoit la question évitant artificieusement de parler de la lumiere du Thabor; qu'il ne vouloit point que Pon traitât les matieres théologiques, enfin qu'il étoit d'une opiniâtreté infléxible. Gregoras s'attacha principale, c.3. ment à Pobjection fur la lumiere du Thabor, qui en effet étoit le fond de la difpute, & il dit : Cette question dont Palamas fait fon fort, ne devoit jamais être agitée, & il n'allégue aucune autorité des peres pour appuyer fon opinion. Il est depuis long-temps dans Perreur des Iconoclaftes, qui difoient qu'à la transfiguration la chair de N. S. fut changée en une lumiere incorruptible & en la divinité incréée. Mais qu'est-ce que cette lumiére? Est-ce une substance & quelque chofe de fubfiftant par foi-même ? ou une qualité incorporelle & qui fubfifte dans une autre chofe? Si c'est une fubftance, eft-elle angelique ou divine? & fi elle eft divine, comment a-t’elJe été changée en la divinité ?

1.4.

I

AN. 1351.

c. 4.

Lib. xx. c. I.

C. 2,

n. 4.

4. 3. n. 5.

Grégoras, ou plutôt un auteur qu'il cite, s'étend fur ce raisonnement, mais il femble que ni l'un ni lautre ne distinguoit pas affez la substance corporelle de la fpirituelle, qui ne peuvent jamais être changée Pune en Pautre; & on pouvoit réfuter Palamas par une voye bien plus courte, en lui foûtenant que la lumière du Thabor n'étoit pas moins corporelle & créée que celle du foleil ; & que ce qu'il y eut de furnaturel en ce miracle, fut feulement la maniere dont cette lumiére fut produite hors le cours ordinaire de la nature. Palamas ne pouvoit répondre rien de folide à cette objec

tion.

Grégoras vint enfuite au fecond reproche de l'empereur, qui étoit de ne vouloir pas que l'on traitât les matieres théologiques. Sur quoi il dit en substance: Les canons portent que nous devons craindre de parler des chofes de Dieu, & qu'il n'eft pas permis à tout le monde d'en discourir ; & perfonne ne peut nier qu'il eft défendu d'examiner trop curieusement les loix de nos peres, & d'ébranler les bornes qu'ils ont pofées dans l'églife. Il cita fur ce fujet plufieurs paffages des peres, & vouloit continuer, quand il fut interrompu par l'empereur, qui après avoir préludé quelque temps, laissa à Palamas le foin de traiter cette matiere. Celui-ci fe trouvant embarrassé, revint au sujet qu'il traitoit le plus volontiers, & dit : Quand j'entends dire aux peres que la lumière du Sauveur étoit incréée, & une autre divinité & une autre opération que la fubftance de Dieu : je ne puis me réfoudre à dire que Popération & la substance de Dieu foient la même chofe ; & je tiens pour incréés tous les effets miraculeux de cette opération, même la voix humaine de l'ânesse de Balaam, La premiere feffion du

concile ayant duré jusqu'à la nuit, fut alors terminée, & la fuivante remife au troifiéme jour. Grégoras dit, que comme chacun fe retiroit, le peuple chargeoit de malédictions Palamas & fes fectateurs, & combloit de loüanges fes adverfaires, comme défenfeurs de la foi mais Grégoras eft fi paffionné contre Palamas & contre Cantacuzene qu'il ne s'attire pas grande

:

créance.

fut

AN. 1351.

c. 4. n. 4.

c.6.7.

Lib. xxI. c. I.

La feconde feffion se tint au jour marqué trentiéme de Mai. Grégoras qui ne vouloit pas y venir, y entraîné par ceux de fon parti; mais quand ils furent entrez, ils l'abandonnerent intimidez par les menaces de Pempereur, & fe retirerent peu à peu. L'empereur voulut d'abord les en empêcher, mais Palamas lui confeilla de les laiffer aller. Ils fortirent donc, & Grégoras lui-même ; enforte que les Palamites demeurez les maîtres firent ce qu'ils voulurent. Ainfi finit la feconde feffion. La troifiéme se tint le huit ou le neuvième de Juin; & les catholiques la commencerent par leur pro- . 2. feffion de foi, puis ils lurent vingt articles extraits des livres de Palamas contenant fes erreurs. On commença à les examiner, mais après qu'on en eut vû & condamné trois, la nuit survint, & obligea de terminer la feffion. Dans la quatrième & derniere on continua Pexamen des vingt articles; Palamas fit lire quelques paffages des peres pour autorifer fa doctrine, mais la plûpart falfifiez ou détournez de leur vrai fens. Enfin la doctrine de Palamas fut approuvée par le jugement du concile, & on impofa filence aux catholiques, dont les deux évêques d'Ephese & de Gano furent dépofez & dépouillez des marques de leur dignité. Cette fefsion fut longue, & ne finit qu'aux flambeaux, quoi

c. 3.

n. 109

AN. 1351.

c. 4.

I I.
Suites du Con-

cile.

Combef. aut. noviff. p. 135.

P. 146. D.

p. 167. A.

p. 170.

que ce fût vers la-mi Juin. Quelques jours après Grégoras eut ordre de garder son logis qui lui fut donné pour prifon.

Les Palamites compoferent un tome ou décret contenant le résultat de ce concile : mais cet écrit ne refsemble ni aux actes des anciens conciles ni à leurs définitions. C'est une longue déclamation contenant de grands lieux communs, des louanges de Cantacuzene, de Palamas & du patriarche Callifte, & quantité d'injures contre Barlaam, Acyndinus & Grégoras, le tout d'un ftile très-paffionné, & chargé d'une infinité de paroles, mais fans faits précis, ni même fans aucune date. Palamas qui femble être Pauteur de cet écrit, s'efforce d'y justifier son imagination fur la lumière du Thabor par plufieurs paffages des peres Grecs, mais détournez de leur vrai fens ; & tous fes raifonnemens aboutiffent à confondre les effets miraculeux de la puiffance divine avec Popération qui en eft la cause, & à diftinguer réellement cette opération d'avec la fubstance de Dieu, comme les personnes divines sont distinguées entr'elles. Ce tome marque une cinquième feffion après les quatre rapportées par Grégoras; & celleci fut fans doute des feuls Palamites, qui regardoient les autres comme juridiquement condamnez, & vouloient, difoient-ils, leur ouvrir une porte de pénitence. En cette feffion on lut encore un grand nombre de paffages des peres; puis par ordre de l'empereur, le grand garde-chartes demanda les voix, & la fentence de la feffion précédente fut confirmée. A la fin du tome font les foufcriptions: premierement des deux empereurs Jean Cantacuzene & Jean Paléologue, puis de vingtquatre évêques, dont les trois premiers font Callifte pa

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