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que l'évêque traitoit avec les Venitiens & les Florentins AN. 1339. fes ennemis capitaux, de lui ôter la ville de Verone, & le tuer lui-même en trahifon. Il avoit preuve de cette conspiration, tant par des lettres qui avoient été trouvées, que par le rapport de perfonnes dignes de foi & les difcours de Pévêque qui s'en étoit vanté, & s'étoit efforcé d'y attirer des Veronois & des étrangers. Mastin donc trouvant l'évêque qui ne fe doutoit de rien devant la porte de Pévêché, fe jetta fur lui tranfporté de colere; & accompagné d'Alboüin de la Scale fon parent, ils le percerent de plufieurs coups d'épée & le tuerent.

Le pape ayant appris ce meurtre, écrivit au patriar che d'Aquilée métropolitain de Verone, d'informer contre les coupables, pour déclarer qu'ils avoient encouru les peines portées par les canons; & peu de jours après il se réserva la provision de l'évêché de Verone, défendant au chapitre d'y pourvoir.

Ces lettres font du vingt-quatre & du vingt-huitiéme 'de Septembre 1338. mais le chapitre dès le premier du même mois, avoit élû un évêque qui ne put obtenir fa confirmation, & le fiége de Verone vaqua environ cinq

ans.

Ugbel. p. 861.

Cependant Albert de la Scale & Maftin fon frere, Rain. 1339.n.37. ayant fait leur traité avec le pape, Maftin voulut encore avoir labsolution de fon crime, & pour cet effet il envoya à Avignon tant en fon nom, que d'Alboüin fon complice, un procureur chargé de pouvoir spécial : attendu que les coupables ne pouvoient y aller en personne, sans mettre leur vie en danger. Le pape ayant oui ce procureur, & ayant égard au repentir que témoignoient les deux coupables, donna commission à l'évêque de Mantouë de les abfoudre, à la charge de faire la penitence

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AN. 1339.

Ughel. p. 864.

en

fuivante. Huit jours après leur abfolution, ils iront à pied
chemise & nue tête, depuis l'entrée de la ville de Ve-
rone jufqu'à Peglife cathedrale, portant chacun à la main
une torche allumée du poids de fix livres, & en faisant
devant eux cent autres femblables. Etant arrivez
porter
à l'église un dimanche à l'heure de la grande messe, ils
offriront les torches & demanderont pardon de leur cri-
me aux chanoines. Dans les fix mois fuivans ils offriront
dans la même église une image d'argent de la fainte Vier-
ge du poids de trente marcs, & dix lampes d'argent de
trois marcs chacune, avec les revenus néceffaires pour les
entretenir d'huile à perpétuité. Dans Pannée ils fonde-
ront en la même église six chapellenies chacune de reve-
nu de vingt florins d'or. Le jour que Pévêque fut tué,
chacun des deux penitens nourrira & vêtira vingt-qua
tre pauvres, & tous deux leur vie durant jeûneront tous
les vendredis. Quand on fera le paffage genéral à la terre
fainte, ils envoyeront vingt cavaliers qu'ils entretien-
dront un an durant, & s'il n'y a point de paffage de leur
vivant, ils chargeront leurs héritiers d'accomplir cette
partie de leur pénitence. La bulle qui la prescrit eft du
vingt-deuziéme de Septembre 1339. & je n'y vois pref
que rien que des hommes riches ne puffent exécuter fans
converfion de cœur.

La même année & le premier jour d'Octobre, le pape inftitua à Verone une univerfité: mais pour trois facultez feulement, le droit, la médecine & les arts. Or, excepté le droit canonique, je ne vois pas comment fautopape étoit néceffaire pour ces fortes d'études. La tournées par le guerre s'allumoit de plus en plus entre la France & PAnRoi de France. gleterre, nonobftant les efforts que faifoit le pape par fes Lettres & par fes nonces, pour reconcilier les deux rois

III. Décimes

rité du

AN. 1339.

Rain. 1337. n. 7.

Philippe & Edouard, & pour détourner les Flamans de fe joindre à celui-ci : & lui-même de s'allier à Louis de Baviere. Enfin Edouard en vint jusqu'à prendre le nom &c. & les armes de roi de France, & n'eut aucun égard aux remontrances du pape fur cette entreprise, contenues 1339. n. 6. dans fa lettre du feptiéme de Mars 1340.

1338. n. 54.

Ibid. 1340. n. 4

́n. 18.

13. 19.

Pour fubvenir aux frais de cette guerre, le roi Philippe obtint du pape les décimes de deux ans : mais ne les trouvant pas fuffifantes, il résolut auffi d'y employer Pargent des décimes deftinées pour la croifade, fur quoi il écrivit au pape en ces termes: Les prélats & les autres qui compofent notre confeil, nous ont dit tout d'une voix que nous pourrions en fureté de conscience lever ces décimes pour les employer à la défenfe de notre royau-. me, à laquelle tous nos fujets doivent contribuer, tant les eccléfiaftiques que les féculiers, puisqu'il s'agit de leur intérêt commun. Nous fupplions donc votre Sainteté de nous abfoudre de la levée des décimes deftinées au passage de la terre fainte, & du ferment fait en notre nom fur ce fujet, puifque tout vous eft poffible en ce cas. Que fi vous ne voulez pas nous remettre entiérement cette Sup. liv. XCIV. fomme, donnez-nous au moins pour la reftitution fix " 26. ans de terme après la fin de nos guerres. La lettre eft du vingtiéme de Mars.

ges

Le pape répondit : Nous ne pouvons affez admirer que les prélats & d'autres perfonnes fages, ofent vous dire que vous pouvez en confcience, tourner à d'autres ufa→ les décimes levées pour une fi pieuse fin. Nous nous fouvenons du ferment folemnel que vos envoyez préterent au pape Jean XXII. en présence des cardinaux, du nombre defquels nous étions, & d'une grande multitude de clergé & de peuple ; & nous entendons avec douleur

les murmures & les plaintes qui fe font contre vous, à AN. 1339, Poccafion de ce paffage d'Outremer dont vous fûtes alors

IV.
Avis à Pierre

gon.
Indic. p. 184.

Baluz. vit. t.
1340. n. 56.

P. 204. Rain.

déclaré le chef. Le reproche s'étendroit contre nous-mêmes, fi ces deniers levez pour la délivrance de la terre fainte, s'employoient de notre confentement, pour répandre le fang des Chrétiens. Le roi d'Angleterre nous à déja marqué dans quelque lettre, que le péché dont vous êtes chargé pour avoir manqué à la croifade, lui donne de la confiance pour employer ses forces contre vous; jugez par-là ce que diroient les autres, fi nous vous accordions vos demandes. Quant à la prorogation, confiderez quand & comment fe feroit cette restitution, & jugeant de Pavenir par le paffé, voyez ce qu'ont fait en cas pareil vos prédéceffeurs, & ce qui leur en est arrivé. La lettre eft du fecond d'Avril 1340.

a

pere

Pierre IV. roi d'Arragon, depuis furnommé le CéréIV. Roi d'Arra-monieux, avoit fuccedé à fon Alfonfe en 1336. Au mois de Novembre 1339. il vint à Avignon & fit hom1. mage au pape Benoît pour le royaume de Sardaigne. Ce prince étoit encore assez jeune, & fut accompagné en ce voyage par Jacques roi de Majorque, qui étoit comme fon gouverneur, & par Jean Chimenés archevêque de Tarragone. Pendant le féjour du roi Pierre à Avignon, le pape lui donna plufieurs avis fur fa conduite personnelle & fur le gouvernement de fon royaume, & en particulier fur le trop de liberté que l'on y donnoit aux infidéles. Pour Pen faire fouvenir après qu'il fut retourné en Arragon, le pape lui écrivit une lettre où il dit : Nous avons appris par le rapport de plufieurs fidéles habitans dans vos érats, que les Juifs & les Sarrafins qui y sont en grand nombre, avoient dans les villes & les autres lieux de leur demeure, des habitations séparées & enfermées

AN. 1340.

de murailles, pour être éloignez du trop grand commer-
ce avec les Chrétiens & de leur familiarité dangereuse.
Mais à présent ces infidéles étendent leurs quartiers ou
les quittent entierement, logent pêle-mêle avec les Chré-
tiens, & quelquefois dans les mêmes maifons. Ils cuifent-
aux mêmes fours, fe fervent des mêmes bains, & ont
une communication scandaleufe & dangereufe. De plus
les Juifs bâtissent leurs fynagogues, & les Sarrasins leurs
mosquées & les confervent au milieu des Chrétiens. Dans
ces lieux les Juifs blafphêment contre JESUS-CHRIST, &
les Sarrafins donnent publiquement des loüanges à Ma-
homet, contre la défense du concile de Vienne. Pendant
que les Chrétiens font le service divin dans les églises,
près defquelles font en quelques lieux des fynagogues ou
des mosquées, ou quand on porte les facremens aux ma-
lades, les infidéles font des éclats de rire ou d'autres dé-
rifions. Nous vous avons prié instamment de faire ceffer
tous ces défordres, & vous nous l'avez promis agréable-
ment, c'eft pourquoi nous vous en prions encore ; & afin
que Peffet s'enfuive plus promptement, nous en écrivons
aux archevêques de Tarragone & de Sarragoce & à leurs
fuffragans pour vous en folliciter. La lettre est du hui-
tiéme de Janvier 1340. Je ne vois point que l'on s'appli-
quât à la converfion de ces Mufulmans foumis à la do-
mination des Chrétiens: tandis que Pon préparoit la
Croisade contre ceux d'Afie & d'Afrique, & que
voyoit si loin des miffionnaires prêcher la foi aux Tar-

tares & aux Indiens.

Pon en

V. Defcente des

Deux mois après le pape fit publier la Croisade en Efpagne contre les Mores d'Afrique, qui Pannée précé- Mores en Espadente étoient entrez en Efpagne à cette occafion. Ma- g Mariana. lib. homet roi de Grenade, de la race des Alhamares, fe fen-XVI. c. 2.

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