AN. 1367. Le peuple les nomma Jéfuates, parce qu'ils avoient toujours à la bouche le nom de Jefus, & ils prirent depuis la régle de faint Auguftin. Jean Colombin retournant à Sienne tomba malade, & mourut en chemin le famedi dernier jour de Juillet 1367. Il n'a point été canonisé en forme, mais le pape Gregoire XIII. le fit Jull. Bullar. Cl mettre dans le martyrologe Romain. Enfin cette Congrégation ayant fubfifté trois cens ans, fut fupprimée par le pape Clément IX. le fixiéme de Décembre 1668. a Mart. R. 31. XI. conft. 39. Le pape Urbain comptoit beaucoup fur les inftructions & les fervices qu'il espéroit tirer du cardinal Gilles Vit. Urb. p. 378. Alvarès d'Albornos, évêque de Sabine; mais ce prélat mourut à Viterbe le vingt-quatrième d'Août, après avoir été légat en Italie pendant près de quatorze ans, durant lefquels il ramena plufieurs villes à l'obéiffance de l'église Romaine tant par compofitions amiables, que par la force des armes. C'étoit un prélat vertueux, fçavant, courageux, & très-habile dans la conduite des affaires : en forte qu'il étoit aimé, ou du moins craint par toute PItalie. If fonda un collège à Boulogne pour de pauvres écoliers de fon pays, c'est-à-dire, Efpagnols. to. III. Le cinquième de Septembre 1367. il s'émut un grand Tumulte à vitumulte à Viterbe, qui commença par une querelle terbe. Vit. to. 1. pag. particuliere entre le domeftique d'un cardinal, & un 379. 420. 1013. bourgeois de la ville, à l'occafion de quelque infolence f. 2. p. 769. commise à une fontaine nommée Grifoul: c'eft ainfi qu'on nomme en Gascon une fontaine jailliffante. On c. Nang.p. 916. commença à crier par la ville: Vive le peuple, meure Péglife. Le peuple prit les armes contre les familles des cardinaux, & les maltraita eux-mêmes; entr'autres le cardinal de Vabre, Guillaume Bragofe, qui s'enfuit au palais du pape fans chapeau, & le cardinal de CarcafAN. 1367. Tonne qui fe déguifa en frere Mineur. Presque tous les autres cardinaux, excepté les Italiens, fe refugierent chez le pape, & y demeurerent pendant les trois jours dura le tumulte: on difoit même que les féditieux IV. to. xi. conc. pag. 2482. Cap. 1, Cap. 3. que en vouloient à la vie du pape. Il fit donc approcher des troupes contre la ville, & les bourgeois reconnoiffant leur faute, demanderent pardon, fe foumirent à la volonté du pape; & pour preuve de leur repentir, porterent à fon palais toutes les armes de la ville, & les chaînes dont on fermoit les rues. Ils firent auffi planter des potences aux lieux où le tumulte avoit commencé, & où il avoit été le plus violent, & y pendirent les plus coupables: fçavoir, cinq le treiziéme de Septembre devant la maison du cardinal de Carcaffonne, & deux un autre jour devant la porte du cardinal de Vabres. Le pape pardonna au refte, après avoir fait abattre quelques maifons fortes, & la tranquillité fut rétablie. En Angleterre Parchevêque d'Yorc Jean Thursby. Concile d'Yore. auparavant chancelier du Royaume, tint un concile provincial avec fes fuffragans à Thorp près d'Yorc, qui fut terminé le vingt-neuviéme de Septembre 1367. On y publia dix canons. Défense de tenir dans les cimetieres les dimanches & les fêtes des marchés ou des plais: d'y luter ou exercer d'autres jeux semblables : défenfe de jouer ou fe divertir dans les églifes pendant la nuit, à l'occasion des vigiles & des prieres pour les morts, ou de le faire dans les maisons particulieres. On renouvelle Pordonnance de l'archevêque Guillaumę le Zouch, prédéceffeur immédiat de Jean, qui taxoit le falaire annuel des curés & des autres prêtres : défense c. 3. AN. 1367. c. 5. c. 7. d'empêcher la perception des dîmes, comme étant de droit divin. Les habits des eccléfiaftiques viendront au moins à mi-jambe. Les caufes de mariage ne feront jugées que par des hommes capables, fçavans en droit, c. 3. & expérimentés en ces fortes de causes. C'est que les archidiacres & les autres juges inférieurs commettoient souvent des ignorans pour en connoître. V. Le pape à Rome. Le pape Urbain V. vint enfin à Rome, & y entra le famedi feiziéme d'Octobre 1367. foixante-trois ans après la mort de Benoît XI. qui quitta Rome en 1304. 779. & mourut à Pérouse la même année. Urbain V. entra à Rome avec deux mille gens-d'armes : le clergé & le Vite to. 1 p. peuple Romain vinrent au-devant & le reçurent folem-380. 1014. nellement avec grande joie, louant Dieu de fon arrivée. Après qu'il eut fait fa priere dans Péglise de faint Pierre, & qu'il eut été inftale fuivant la coutume, dans la chaire pontificale, il paffa au palais attenant, c'està-dire, au Vatican, qui tomboit prefque en ruine de vieilleffe, & d'avoir été fi long-temps inhabité; & il le fit magnifiquement réparer, du moins quant aux Couvertures. Le dimanche dernier d'Octobre, veille de la Touffaint, il célébra la meffe folemnellement pour la premiere fois fur Pautel de faint Pierre, où on ne lavoit point célébré depuis Boniface VIII. Alors le pape Urbain dit: Loué foit Dieu, qui a bien voulu que j'aye accompli mon vœu. En même temps il facra évêque de Sabine, le cardinal Guillaume d'Aigrefeuille Pancien, qu'il avoit déja nommé depuis long-temps archevêque de Saragoce, mais fans le faire facrer. Ensuite le pape envoya ce cardinal au royaume de Naples, pour appaifer les divifions & les allumées entre le prince guerres de Tarante & le duc d'Andri. Peu de temps auffi après AN. 1367. fon entrée dans Rome, il établit son vicaire général pour le gouvernement de l'état eccléfiaftique, Anglic Grimoard, fon frere, qu'il avoit déja fait cardinal, évêque d'Albane, & il Penvoya à Boulogne, pour y faire fa réfidence. Rain. 1367. n. 7. Le pape étoit encore à Viterbe, quand il reçut des ambassadeurs de Jean Paléologue, empereur de Conftantinople. Ils étoient au nombre de huit, & à leur tête Paul, patriarche Latin de Conftantinople, fucceffeur de Pierre Thomas, & Amédée comte de Savoye, oncle maternel de l'empereur. Ces ambassadeurs venoient non feulement au nom de Pempereur Grec, mais des prélats, du clergé, des nobles & du peuple de fon obéiffance; défirant, à ce qu'ils difoient, revenir à l'obéisfance & Punion de Péglife Romaine. Pour cet effet, Pempereur promettoit de venir au mois de Mai fuivant se présenter au faint fiége; & le pape voulant faciliter fon paffage, en écrivit à la Reine Jeanne & aux autres princes qui fe trouvoient fur la route. Il écrivit auffi à tous ceux qu'il crut pouvoir concourir à la réunion, Pimpératrice Hélene & à fon pere Jean Cantacuzene, à Philothée, patriarche Grec de Conftantinople, à Nifon d'Alexandrie, & à Lazare de Jérufalem. Toutes ces lettres font du fixiéme de Novembre 1367. Vers la fin de la même année, le pape donna commission à Parchevêque de Naples & à celui de Brindes, d'admonefter tous les évêques, les abbés, & les autres prélats qui venoient trop fouvent à Naples & y faifoient trop de féjour, de réfider dans leurs diocèses & à leurs églifes: il leur donna charge auffi de renvoyer à leurs monasteres, les religieux qui fréquentoient la même cour. VI. Vita to. 2. p. Le fecond jour de Mars 1368. le pape Urbain alla AN. 1368. coucher à faint Jean de Latran, & le lendemain il célébra la messe dans le Sancta Sanctorum, c'est une cha- Chefs de faint pelle ainfi nommée, de laquelle il fit tirer les chefs de Pierre & S. Paul. faint Pierre & faint Paul qui y étoient enfermés depuis 770. to. 1. p. 381. long-temps fous Pautel. Le pape prit le chef de faint Pierre, & le cardinal d'Urgel celui de faint Paul; & ils les porterent à la loge qui donne fur la place, d'où le pape les montra à tout le peuple, & donna à chacun des affiftans cent années & cent quarantaines d'indulgence. Les chefs des apôtres étoient enchâffes affez médiocrement, quoique dans de Pargent, mais le pape Urbain fit faire deux nouveaux reliquaires, qui ne furent achevés que l'année fuivante. En revenant à cheval de saint Jean au Vatican, le pape ne se détourna point, comme avoient fait quelques-uns de fes prédéceffeurs, pour éviter Pendroit où Pon difoit que la peffe Jeanne étoit accouchée. Ce qui montre que fon commençoit à fe défabufer de cette fable. pa to. 22. p. 442. Les reliquaires que le pape fit faire pour les chefs Bolt. 29. Jan. des apôtres, font des buftes d'argent, ou plutôt des Vita PP.p. 390. demi-statues avec leurs bras, plus eftimables par la richeffe de la matiere & des ornemens, que par la beauté de l'ouvrage qui fe fent du mauvais goût de fon fiécle. Saint Pierre y eft représenté revêtu en pape avec la tiare, telle qu'on la portoit alors, pointue en forme de cone, & chargée des trois couronnes de fa main droite il donne la bénédiction, & de fa gauche il porte deux grandes clefs. Saint Paul tient en fa main droite une épée, & à fa gauche un livre. Chacune de ces figures porte fur la poitrine une fleur de lys de pierreries, donnée par le roi de France Charles V. Les deux reli |