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concile, prétendant les y convaincre d'erreurs contre la AN. 1341. foi. Le patriarche manda les moines qui étoient à Thesfalonique; & Pempereur revenant de la guerre arriva en même temps à Conftantinople. Il voulut d'abord impofer filence aux deux partis, & les reconcilier; mais n'y pouvant réüffir, il permit de tenir le concile. On le tint a fainte Sophie le onzième de Juin 1341. & Pempereur Andronic y préfida avec le patriarche Jean, les évêques, les fénateurs & plufieurs perfonnes conftituées en dignité. On fit parler Barlaam le premier comme étant Paccufateur, & on ne traita que deux articles, celui de la lumiere du Thabor, & celui de la priere. Ce fut fur ces deux articles que Barlaam fut condamné ; de quoi n'étant pas content, il fe retira & retourna en Italie. L'empereur qui étoit déja malade, fit un

X.

Mort d'Andro

gue empereur.

un effort pour nic. Jean Paleolo- affister à ce concile, & y harangua avec tant de véhémence, que fon mal en étant augmenté, il mourut quatre jours après, fçavoir le vendredi quinziéme de Juin 6849. felon les Grecs, 1341. felon nous; il étoit âgé de quarante-cinq ans, & en avoit regné douze, & telle fut N. Greg. lib. xi, la fin d'Andronic Paleologue le jeune. Il laissa deux fils, Jean âgé de neuf ans, & Michel de quatre, sous la conduite de l'imperatrice Anne leur mere.

C.

. 2.

Niceph. lib. xII.

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Alors le patriarche Jean d'Apri prétendit à la conduite des affaires en vertu d'un écrit de la main de l'empereur Andronic, par lequel allant autrefois à la guerre, il Pavoit chargé avec les évêques qui étoient auprès de lui, de prendre foin de limperatrice fa femme & de fes enfans. Car il eft jufte & nécessaire, difoit ce patriarche, que Péglife foit unie à Pempire comme lame au corps. Mais le grand domestique Jean Cantacuzene soutenoit que la tutelle des jeunes princes, & la régence de Pempire

AN. 1341.

Pempire lui appartenoit. Tout le monde fçait, difoit-il, la part que le défunt empereur me donnoit au gouvernement des affaires, & l'entiere confiance qu'il avoit en moi, jusqu'à me donner les ornemens imperiaux, & me faire regner avec lui, fi j'euffe voulu l'accepter. L'impératrice Anne eft témoin qu'il m'a recommandé plufieurs fois de prendre après fa mort le soin des affaires de fa famille & de l'empire. Quant à l'écrit que le patriarche rapporte à préfent, c'étoit une précaution prife pour un temps, afin qu'il reftât quelqu'un à Conftantinople avec autorité, pendant que j'étois à la guerre avec l'empereur. Nonobftant cette remontrance, le patriarche Pemporta pour lors; & il demeura auprès de Pimperatrice, afin de Paider de ses confeils. Cantacuzene toutefois ne fe défifta pas de fa prétention, il eut un parti puiffant; & fe voyant pouffé, il fe crut obligé pour la fureté, de prendre les ornemens imperiaux, comme il fit le jour de faint Demetrius vingt-fixiéme d'Octobre, quatre mois après la mort de l'empereur. Mais il ne pré- Cantac.lib. 111. tendoit être que le collegue & le protecteur du jeune empereur Jean.

C. 4.

C. 12.

C. 27.

Le patriarche l'ayant appris, s'emporta contre Cantacuzene, disant hautement que cette action découvroit Pintention qu'il cachoit depuis long-temps d'ufurper Nic. c. 12. n. 4 l'empire: & pour autorifer fa qualité de tuteur du jeune prince, le patriarche refolut de le couronner. Ce qu'il fit avec tant de précipitation, qu'il n'attendit pas même Cant. 111.6.36. un jour de fête, fuivant la coûtume, mais il le couronna le dix-neuvième jour de Novembre de la même année

1341.

Leon roi d'Armenie fatigué par les incurfions des infideles ses voifins qui ravageoient continuellement font

Tome XX.

D

c. 13.

XI.

meniens.

AN. 1341. dont le premier étoit Daniel frere Mineur, vicaire de royaume, envoya deux ambassadeurs au pape Benoît, Rain. 1341. n. fon Ordre en Armenie, & natif du pays. Ils deman45. Vading, cod. n. doient du fecours, & le pape leur répondit: Nous avons

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n. 46. 47.

appris avec douleur que dans la grande & la petite Armenie plusieurs tiennent & enfeignent des erreurs contre la foi; & fi ce raport étoit véritable, nous ne pourrions honnêtement fecourir les Armeniens. Pour nous en éclaircir & fatisfaire au devoir de notre confcience, nous avons fait faire une enquête juridique, où plufieurs témoins ont été oüis, & on nous a représenté les livres dont fe fervent communément les Armeniens; & ces erreurs ont été prouvées manifestement. C'est ce que porte la lettre du pape au roi Leon, & il y joignit un mémoire des erreurs en question.

Le pape écrivit auffi au catholique ou patriarche des Armeniens une lettre semblable, où il ajoûte : Nous vous prions d'assembler un concile où vous faffiez condamner ces erreurs, & ordonner que la pureté de la foi foit enseignée chez vous telle que l'enseigne l'église Romaine. Et pour déraciner entierement ces erreurs, on croit qu'il feroit très-utile d'ordonner dans votre concile que vos prélats & votre clergé euffent les livres des decrets, des decretales & des canons que fuit l'églife Romaine, afin que vous fuffiez mieux inftruits de fa foi & de fes obfervances. On voit ici bien clairement combien on eftimoit alors le decret de Gratien & les decretales. La lettre continue: Nous fommes perfuadez que fi ces erreurs étoient diffipées, les ennemis de la foi ne prévaudroient point contre vous. Enfin il nous paroîtroit expédient que par délibération du concile on nous envoyât des hommes favans & zelez, avec lesquels

nous puissions conferer fur ces matieres : & fi nous le jugions à propos, nous vous en envoyerions auffi de notre AN. 1341. côté. Les deux lettres au roi & au ĉatholique sont du même jour premier d'Août

1341.

Le mémoire contenant les erreurs des Armeniens Rain. n. 48.

porte en fubftance: Notre faint pere le pape Benoît XII. & long-temps auparavant Jean XX. ayant appris qu'en Armenie on enfeignoit diverfes erreurs contre la foi, a fait venir en sa présence plufieurs Armeniens & quelques Latins qui avoient été dans le pays; & leur a fait prêter ferment de dire vérité aux uns par lui-même, aux autres par le cardinal Bernard de faint Cyriaque. On a interrogé par interpréte ceux qui ne favoient que l'Arménien on a reprefenté au pape quelques livres Armeniens dont ils fe fervent communément, & on les a foigneusement examinez, & de cette enquête redigée par un notaire apoftolique, il résulte que les Armeniens croient & enseignent les propofitions fuivantes. Le mémoire contient cent dix-fept articles, dont voici ceux qui me paroiffent les plus importans.

Les Armeniens fuivent l'herefie d'Eutychès, & di- a. 3. 4. 20. 21. fent que dans Pincarnation la nature humaine a été 25. 28. changée en la divinité; mais Dieu, felon qu'il le vouloit, paroiffoit avoir un corps humain, quoiqu'il n'en eût point. Ils admettent toutes les conféquences de cette a. 29. doctrine, qu'il n'y a qu'une nature en J. C. & que c'est la nature divine qui eft morte. Ils rejettent le concile de Calcédoine comme ayant corrompu la foi des premiers fiecles; & par conféquent ils honorent comme un faint, Diofcore qui y fut condamné, & condamnent le pape faint Leon, l'églife Romaine & l'églife Grecque: difant que la vraie église n'eft que chez eux, &- que

la

34.35.36.

38. 57

rémission des péchez ne s'obtient que dans leur église. AN. 1341. C'eft pourquoi ils rebaptifent ceux qui viennent à eux

a.63.

4.37.71.

des autres communions.

Ils pervertiffent l'adminiftration des facremens. Quoique la plupart baptifent dans l'eau ; quelques-uns. bien qu'en petit nombre, baptifent avec du vin ou du lait, & ils ne croient pas qu'un enfant foit bien baptifé, s'il n'a reçû en même-temps l'onction du faint chrême, & l'eucharistie. Ce reproche semble fondé sur l'ignorance des Latins qui ne favoient pas alors que pendant plufieurs ficcles on donnoit tout de fuite même aux enfans les trois facremens de baptême, de confirmation & d'eucharistie; & c'est peut-être pourquoi ils difent encore que les Armeniens ne donnent point la confirmation. Car en general nos scolastiques ne connoiffant ni l'antiquité, ni les traditions des autres églises, ne raisonnoient fur les facremens que fuivant l'usage present de leurs églifes. Peut-être auffi que les Armeniens & leurs interprétes ne fe faifoient pas bien entendre n'étant pas accoûtumez au ftile de nos écoles. C'est pourquoi je laiffe aux favans theologiens l'examen de la plupart de ces reproches, pour juger fi les fondemens en font folides.

Deux points toutefois font à remarquer fur l'euchariftie. L'un, qu'on les blâme avec raison de ne point mettre d'eau dans le calice contre l'usage de toutes les églises depuis le commencement du christianisme, dont ils rendent pour raifon, que l'eau qui fortit du côté de J. C. ne donna la force qu'au facrement de baptême; & en concluent que ceux qui mêlent de l'eau au vin du facrifice, ont perdu la vertu du baptême. L'autre point eft, que dans cette information, on accuse les

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