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f. 20.

moine qui prétendoit avoir droit à la couronne. Le roi Cafimir III. mourut le cinquième de Novembre 1370. AN. 1374. & Louis roi de Hongrie lui fuccéda, comme fils de fa fœur Elifabeth, fille de Ladiflas Loctec. Il fut couronné Lib. 10. p. 7. roi de Pologne à Cracovie par Jaroflau, archevêque de Gnefne, le dimanche d'après la faint Martin, dix-feptiéme de Novembre de la même année 1370. confervant le royaume de Hongrie. Il y avoit un parent du roi Cafimir, nommé Ladiflas le Blanc, qui fe voyant veuf & fans enfans, laiffa au roi toutes les terres; & en ayant reçu mille florins, quitta la Pologne, à deffein de n'y plus revenir. Il s'embarqua à Venise, passa à la Terre-fainte, & à son retour s'arrêta à Avignon, & fit profeffion dans Pordre de Cifteaux, comme frere convers. Après y avoir demeuré long-temps, il quitta Phabit gris, & prit le noir dans le monaftere de faint Benigne de Dijon.

liv.

Il y demeuroit depuis près de quatorze ans, quand p. 17. quelques feigneurs lui manderent la mort du roi Cafimir, Pexhortant à quitter le monaftere, & venir en Pologne prendre poffeffion du royaume, comme plus proche par les mâles: Non contens d'avoir envoyé, ils Sup. Ir. 11x no vinrent eux-mêmes, & proposerent Pexemple du roi 3 Cafimir, qui étant moine profès à Clugni, & ordonné diacre, fut dispensé de fes vœux par le pape Benoît IX. Pan 1040. pour régner & fe marier. Suivant cet exemple, Ladiflas le Blanc fortit de faint Benigne en 1373. & vint premierement à Avignon demander au pape Gregoire une pareille difpenfe. Mais n'ayant pû Pobtenir, il alla à Bâle, où l'attendoient les feigneurs Polonois qui l'étoient venus chercher; & par leur confeil il alla premierement à Bude se présenter au roi Louis, qui le

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reçut affez mal; & les feigneurs Polonois voyant leurs

AN. 1374. espérances fruftrées, Pabandonnerent. Or la reine de Hongrie Elifabeth, feconde femme de Louis, étoit niece de Ladillas, fille de fa fœur. Elle pria tant le roi fon mari en faveur de cet oncle, qu'il le renvoya વે Avignon avec des ambaffadeurs, demander au pape qu'il pût revenir au fiécle, & rentrer dans fon duché: Mais le pape ne trouvant point de cause pour cette difpenfe, la refufa comme la premiere.

P. 28, D.

XXXIII,

trarque.

Alors Ladiflas à l'infçu du roi Louis, & accompagné feulement de quatre domeftiques, paffa dans la grande Pologne: mais étant arrivé à Gnefne, il fut reconnu par fon hôte le jour de la nativité de la Vierge, huitiéme de Septembre, qui étoit un vendredi, & par conféquent fan 1374. Se voyant découvert, il fe retira promptement, & ayant pris quelques châteaux, il foûtint la guerre quelque temps, mais fans fuccès. Enfin il fut réduit à fe foumettre au roi Louis, & lui vendre son duché de Grieucovie pour dix mille florins; & le roi lui donna de plus une riche abbaye de Pordre de Cifteaux en Hongrie, pour y paffer le reste de fes jours. Après y avoir demeuré plufieurs années, il la quitta encore, & revint faire pénitence à fon monaftere de faint Benigne de Dijon, où il mourut. ⠀

pour

Cette année 1374. mourut François Pétrarque, perLe poëte Pé- fonnage fameux qu'il eft important de connoître, juger de quel poids doit être son témoignage, touchant les papes de fon temps, & la cour de Rome. Il naquit à Arezzo en Toscane, le vingt-huitiéme de Juillet 1304. Vita per Squarz. Son pere étoit Florentin, d'une famille ancienne; mais il avoit été chaffé de Florence par une une faction peu de temps auparavant. François avoit environ neuf ans

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quand fon pere quitta PItalie & alla à Avignon, cherchant à fubfifter à la fuite de la cour de Rome. Le jeune AN. 1374. François commença fes études à Carpentras, d'où fon pere Penvoya à Montpellier étudier en droit, puis à Boulogne: mais il n'avoit point de goût pour cette étude, toute fon application étoit pour Ciceron, Virgile & les historiens; & en effet il s'y appliqua fi bien, qu'il fut un des premiers qui ramena lamour des belles lettres, & les études agréables.

Etant revenu à Avignon,' il passa quelques années à voyager en France & en Italie; il vint à Paris, il alla à Rome, où il obferva curieusement les antiquités; puis il retourna à Avignon, & fe retira à un lieu nommé Vauclufe, où il trouva une folitude agréable, & y compofa la plupart de fes ouvrages. Les plus connus, font fes poëfies Italiennes, dont le principal sujet eft fon amour pour la belle Laure. Il avoit toutefois mené la vie cléricale dès fa premiere jeunesse, & fut dans la fuite archidiacre de Parme & chanoine de Padouë: mais fa profeffion ne l'empêcha pas de donner dans la débauche, lorsqu'il étoit jeune, & il ne s'en retira qu'à Pâge de quarante ans. Il eut ainfi une fille qu'il nomma Francifcole, & elle fut mariée. Le pape Benoît XII. voulut perfuader à Pétrarque d'époufer Laure, lui promettant difpenfe pour garder les bénéfices: mais le poëte lui représenta que s'il étoit une fois en possession de Laure, tout ce qu'il prétendoit dire encore d'elle ne feroit plus de faifon. Quant à Laure qui n'avoit pas les mêmes raisons, fe voyant fruftrée de fon efpérance,

elle fe maria à un autre.

A Pâge de trente-fept ans, Pétrarque alla à Naples voir le roi Robert, amateur des gens de lettres, & à

AN. 1374.

n. 38.

Laur. p. 535.

r.p.

fa recommandation il vint à Rome fe faire couronner poëte, prétendant rappeller un ancien usage, dont toutefois on ne trouve aucune trace dans Pantiquité. Cette vaine cérémonie plus profane que chrétienne, fe fit le jour de Pâques, huitième d'Avril 1341. auquel Pétrarque reçut folemnellement au Capitole une couronne de laurier.

Mais ce qui montre le plus fon peu de fens & la légereté de fes pensées, c'est qu'il se déclara hautement pour Nicolas Laurent, cet extravagant, qui sous le titre Sup. liv. xcv. de tribun du peuple, fit révolter Rome en 1347. avec Hort. ad Nic. le malheureux fuccès que vous avez vû. Pétrarque lui écrivit, comme à un héros reftaurateur de la liberté Romaine; il le compare aux Brutus, aux Camilles, à ce que l'ancienne Rome a eu de plus grand : il Pexhorte à poursuivre fon entreprise, & les Romains à le suivre ; enfin il ne lui promet pas moins que la récompense céleste. Après cela peut-on alléguer Pétrarque comme un auteur sérieux, & dire que fes lettres Latines font Mift. d'iniq. p. pleines de gravité, de zele & de doctrine ? Peut-on prendre avantage de fes déclamations vagues contre la cour de Rome, pour dire comme lui, qu'Avignon étoit Babylone, & Péglise qui y réfidoit, la prostituée de l'Apocalypfe? Il mourut à foixante & dix ans le dixneuvième Juillet 1374.

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Jean Cantacuzene, alors moine & autrefois reur, fe trouvant à Conftantinople, entra en conference avec des freres Prêcheurs, que le pape envoyoit en Arménie, & plufieurs autres Grecs prirent part à la dispute. On y parla des différends entre les Grecs & les Latins, & Cantacuzene dit: Je crois que Péglife Romaine a la primauté fur toutes les églifes du monde, &

j'expoferois ma vie, s'il étoit besoin, pour la défense de cette vérité. Le pape Gregoire ayant appris ce fait d'un évêque digne de foi, écrivit à Cantacuzene pour Pen congratuler, & dit dans fa lettre : C'est le refus de connoître notre primauté, qui a caufé la division entre les Latins & les Grecs, & entretenu le fchifme. D'ailleurs vous avez une grande réputation de prudence, de gravité dans vos mœurs & de fcience, outre Péclat qui vous refte de la dignité impériale: c'eft pourquoi nous vous prions inftamment de travailler de toutes vos forces à Punion des églises, dont vous pouvez être le principal promoteur; & nous aurions un grand plaifir de vous voir & de traiter cette affaire avec vous, fi vous pouviez venir à Rome, où nous avons résolu d'aller 'automne prochain. La lettre eft du vingt-huitième de Janvier 1375.

AN. 1375.

Le pape avoit déja déclaré fon deffein d'aller à Rome dès l'année précédente, en conféquence d'une ambaffade folemnelle qu'il reçut de la part des Romains. Voici comme il en écrivit à Pempereur Charles IV. le huitiéme d'Octobre. Dès le commencement de notre pontificat, nous avons toujours defiré d'aller à Rome, où eft principalement notre fiége, & d'y réfider avec notre cour, ou dans les lieux voifins. Divers obftacles nous ont empêché jusqu'ici de faire ce voyage, ni même d'en fixer le temps; mais à préfent nous ne voulons plus différer, & nous avons réfolu de partir, Dieu aidant, au mois de Septembre prochain. C'est pourquoi nous yous mandons cette nouvelle que nous croyons vous devoir être agréable, vous priant que nous puiffions faire fûrement ce voyage avec notre cour, & demeurer à Rome paisiblement. Le pape écrivit de même & en

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