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mond de Capoue, frere Prêcheur, & depuis général de

AN. 1376. Pordre.

p. 875. n. 90.

p. 881. n. 115.

Il avoue qu'il douta quelque temps de la vérité des grandes chofes qu'elle lui difoit, comme les ayant apprifes de J. C. même; car elle prétendoit n'avoir point eu d'autre maître dans la vie fpirituelle. Mais, ajoûtet-il, comme j'avois cette pensée de doute & regardois Catherine, fon visage fut tout-à-coup transformé en celui d'un homme de moyen âge, portant une barbe médiocre, d'un regard fi majestueux, qu'on voyoit manifeftement que c'étoit le Seigneur. Ce récit eft plus propre à diminuer l'autorité de Raimond, qu'à affermir celle de Catherine.

Un jour elle eut une vifion où J. C. lui apparut, accompagné de sa fainte Mere & de plufieurs autres faints, & Pépoufa folemnellement, lui mettant au doigt un anneau d'or, orné de quatre perles & d'un diamant. Après que la vifion eut difparu, Panneau demeura toujours au doigt de Catherine, mais il ne fut visible que pour elle, & jamais aucune autre perfonne ne s'en app. 894. n. 163. perçut. Il en est de même des autres faveurs semblables qu'elle difoit avoir reçues de J. C. comme quand elle p. 898. n. 180. fuça la playe de fon côté, quand il changea de cœur avec elle; enfin Pimpreffion des ftigmates que perfonne p. 901. n. 191. ne voyoit. Je ne doute pas qu'elle ne crût de bonne foi tout ce qu'elle racontoit; mais une imagination vive, échauffée par les jeûnes & les veilles, pouvoit y avoir grande part, d'autant plus qu'aucune occupation extérieure ne détournoit fes penfées.

p. 956. n. 419.

Telle étoit Catherine, quand les Florentins réfolurent de l'envoyer à Avignon: mais ils y envoyerent premierement de fa part le pere Raimond de Capouë,

fon confeffeur, pour adoucir la colere du pape. Enfuite ils firent venir Catherine de Sienne où elle étoit, jufqu'auprès de Florence, où les prieurs de la ville, c'est ainfi qu'ils les nommoient, la vinrent trouver, & la prierent inftamment d'aller elle-même vers le pape, & traiter leur paix avec lui. Elle alla donc à Avignon, & y arriva le dix-huitiéme de Juin 1376. Elle y trouva pere Raimond qui lui fervit d'interpréte; car le pape parloit Latin, & elle Italien, c'est-à-dire, fon Toscan vulgaire. La conclufion de Pentretien fut que le pape lui dit: Pour vous montrer que je veux la paix, je la remets fimplement entre vos mains, ayez toutefois en recommandation Phonneur de l'églife.

le

Mais les Florentins n'agiffoient pas de bonne foi. Lorsqu'ils prierent Catherine d'aller à Avignon, ils lui promirent qu'ils envoyeroient après elle des députés, qui ne feroient que ce qu'elle leur prefcriroit: mais ils y envoyerent fort tard, & le pape prédit à Catherine qu'ils la tromperoient. En effet quand les députés furent arrivés, ils dirent qu'ils n'avoient aucun ordre de conférer avec elle; & toutefois elle ne laiffa pas de prier le pape de les traiter avec indulgence. Elle Pexhorta aufli d'aller à Rome, comme il fit, & elle retourna en Italie.

AN. 1376.

XLI. Vencellas roi

13. 14. &c.

Cependant Pempereur Charles IV. voulant faire élire roi des Romains Venceslas, fon fils aîné, âgé de quinze des Romains. ans, en écrivit au pape le fixiéme de Mars, reconnoif- Rain. 1376. n. fant qu'il ne le pouvoit fans fa permiffion. Le pape Pac- Vitato. 2.p.793. corda, & les électeurs s'affemblerent premierement à Rents ou Renfec, le jour de la Pentecôte, premier de Ben. Silv. hift. Juin, puis le dixième à Francfort, où ils élurent Venceflas pour roi des Romains. Ils étoient gagnés par ar

p. 1199.

deen.
33

AN. 1376. gent, & Pempereur Charles leur avoit promis à chacun cent mille florins d'or, pour lefquels ne pouvant les payer comptant, il leur engagea les revenus de Pempire qui en fut tellement affoibli, qu'il ne s'en releva jamais.

XLII.

Voyage du pape.

1194.

&

Vers la fin du mois d'Août 1376. vinrent à Avignon Vita to. 1. pag. Luc Savelli avec un autre, en qualité d'ambassadeurs des Romains, pour fupplier le pape Gregoire de tranfférer fa cour à Rome, & d'y faire fa réfidence avec les cardinaux : car, difoient-ils, les Romains veulent avoir un pape à Rome, puifqu'il eft le pontife Romain, que tous les Chrétiens le nomment ainsi : autrement nous vous affurons que les Romains fe pourvoiroient d'un pape, qui demeure déformais à Rome avec eux. Le cardinal de faint Pierre, alors légat à Rome, fut aussi contraint d'écrire au pape, que s'il ne fe preffoit de venir, il arriveroit du fcandale; & on fçut depuis que les Romains avoient jetté les yeux fur Pabbé du Mont - Caffin pour le faire antipape, & qu'il Pavoit accepté.

P. 1195,

Froiff. 2. c. 12.

Gregoire de fon côté n'avoit plus d'efpérance de faire la paix entre la France & PAngleterre, qui étoit la raifon ou le prétexte du retardement de fon voyage. Il s'y détermina donc tout de bon, fit faire fes provifions, & avertit les cardinaux de faire les leurs. Ils en furent très-fâchés; car ils craignoient les Romains, & ils auroient voulu pouvoir détourner ce voyage. Le roi de France Charles fut de même affligé de cette no7velle, car il lui étoit bien commode d'avoir le pape à Avignon. Il écrivit donc à fon frere Louis, duc d'Anjou, qui étoit à Toulouse, d'aller inceffamment trouver pape, & rompre fon voyage. Le duc vint à Avignon

le

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où les cardinaux le reçurent à grande joye, & il logea
AN. 1376.
au palais du pape pour lui parler plus commodément,
mais tous fes efforts furent inutiles; & en prenant congé
du pape, il lui dit: Saint pere, vous allez en un pays
où vous n'êtes guéres aimé, & fi vous y mourez, ce
qui eft bien vrai-semblable, les Romains feront maî-
tres de tous les cardinaux, & feront par force un pape
à leur gré.

Itiner.

ap. Bzov.

Le pape Gregoire partit enfin d'Avignon le famedi Vita 1. p. 438. treiziéme de Septembre 1376. y laiffant feulement fix 1196. cardinaux; fçavoir, Anglic Grimoard, évêque d'Al- n. 31. bane, Gilles Aiscelin, évêque de Tufculum, Jean de Blandiac, évêque de Sabine, Pierre de Montcruc, prêtre du titre de fainte Anaftafie, Guillaume de Chanac du titre de faint Vital, & Hugues de faint Martial, diacre de sainte Marie au Portique. Tous les autres cardinaux suivirent le pape qui vint à Marseille, où il trouva des galeres & d'autres bâtimens fuffisamment pour lui & ceux de fa fuite. Il y féjourna douze jours, puis s'embarqua, & eut d'abord le vent contraire, il arriva à Gênes le famedi jour de faint Luc, dix-huitième d'Octobre, & en partit le mercredi vingt-neuf: mais le vendredi trente & un il fut oblige de s'arrêter au port Dauphin; & le lendemain jour de la Touffaint, il dit la messe chez les nouveaux Ermites de faint Jerôme, aufquels il fit des préfens, & leur accorda des privileges. Le fecond jour de Novembre étant un dimanche, Poffice des morts fut remis au lendemain, après lequel le pape se rembarqua.

Il arriva à Pife le jeudi fixième, & y fut reçu à grand honneur, avec de grands préfens à lui & aux cardinaux. Il y demeura huit jours, puis paffa à Piombino, d'où

le dimanche feize de Novembre, il alla à Porto-HerAN. 1376. cole. Cependant le cardinal de Narbonne étant tombé malade de la fatigue du voyage, fut porté à Pise, où il mourut le vendredi vingt-uniéme. C'étoit Pierre de la Jugie, cousin germain du pape, alors archevêque Vite to. 1. p. de Roüen. Il fut d'abord enterré à Pise, puis transféré à Narbonne, & mis dans un magnifique tombeau de marbre qu'il s'étoit fait faire. On difoit qu'il avoit difBzov. p. 1548. posé par fon testament de cinq cens mille florins. Enfin le pape Gregoire arriva à Corneto le vendredi cinquiéme de Décembre, & y demeura cinq semaines avec fa

1133. 155.

11.

Rain. 1376. r.

cour.

Cependant trois cardinaux qui étoient à Rome, firent une capitulation avec les Romains, pour la fureté du pape. Ces cardinaux étoient Pierre d'Estain, évêque d'Oftie, Pierre Corfini, évêque de Porto, & François Thebaldefchi, du titre de fainte Sabine, dit le cardinal de faint Pierre; & les Romains leur promirent de remettre au pape Gregoire la pleine & libre feigneurie de Rome, comme ils avoient fait au pape Urbain, sitôt qu'il feroit arrivé à Oftie; & que dès-lors on remettroit au cardinal de faint Pierre la garde & la difpofition des ponts, des portes, des tours & de toute la partie d'audelà du Tibre. Le pape de fon côté promet de conferver la compagnie des exécuteurs de juftice, & veut qu'ils reçoivent à l'ordinaire les gages & les émolumens qu'ils tirent du tréfor de la ville. Aufli prêteront-ils au pape ferment de fidélité; & quand ils fçauront que le pape fera arrivé à Oftie, ils quitteront la maison commune pour aller au-devant de lui, & au retour iront loger chacun chez eux. Cette capitulation eft du vingt-uniéme Décembre 1376.

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