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1377..

XLIII. Entrée du pape

Le mardi treiziéme de Janvier 1377. le pape partit AN. de Corneto, & le lendemain il arriva à Oftie, qui eft à Pembouchure du Tibre, à fix mille ou deux lieuës de Rome. Le vendredi seiziéme il se leva à minuit, pour à Rome. chanter Poffice divin. Après la messe il prit un peu de Pzov. repos, puis il fit fonner la trompette pour

éveiller tous

fes gens. Il rentra dans la galere, & prit le chemin de Rome, remontant le Tibre à voiles & à rames, ce qui dura tout le jour; & la nuit fuivante le pape coucha dans fa galere. Enfin le famedi dix-septiéme de Janvier, pape arriva à Rome & y fut reçu en grande cérémonie, avec toutes les démonftrations poffibles de joye.

le

1.

Itiner.

Rain. 1377. n.

Il defcendit près de faint Paul, entra dans Péglise, & entendit la messe de Pévêque de Sinigaille. C'étoit Pierre Amelin de Brenac au diocèse d'Alet, qui a écrit un journal de ce voyage d'Avignon à Rome. Après la Vitæ p. 45+ messe, le pape monta à cheval & entra dans Rome, accompagné de tous les cardinaux au nombre de treize ; fçavoir, Pierre Corfini, évêque de Porto, Jean de Cros, évêque de Paleftrine, Guillaume d'Aigrefeuille, François Thebaldeschi, Bertrand Lager, évêque de Glandève, Hugues de Morlaix, Simon de Bourfano, Gui de Malefec, Jean de la Grange, Jacques des Urfins, Guillaume Noëllet, Pierre de Veruche, & Pierre de Lune. Avec ce cortége & une fuite de peuple innombrable, le pape traverfa toute la ville de Rome, & vint à faint Pierre vers le foir. On ly attendoit avec quantité de flambeaux dans la place, & on avoit allumé toutes les lampes de Péglife, dont on faisoit monter le nombre à plus de huit mille. C'est ainfi que Gregoire XI. entra dans Rome, & depuis elle n'a point été fans pape.

Le jour de fainte Agnès, vingt-uniéme de Janvier, AN. 1377• il célébra la meffe du grand matin à huis clos, fur lautel de faint Pierre, fur lequel il mit la Véronique, c'est-àdire, la fainte face, & la remit à fa place après la messe. Le jour de la fête de la chaire de faint Pierre, vingtdeuxième de Février, il célébra pontificalement fur le même autel: ce qu'il fit encore le jour de Pâques, qui cette année 1377. fut le vingt-neuviéme de Mars. Mais le samedi seiziéme de May, il alla loger à sainte Marie Majeure, & y célébra la messe le lendemain jour de la Pentecôte. Le lundi il alla à faint Jean de Latran, & le mardi à faint Paul. Or il demeura à fainte Marie Majeure jusqu'au famedi après la fête du saint Sacrement, trentiéme de May.

XLIV. Bulles contre

De-là il écrivit à Parchevêque de Cantorbery & à Wiclef. Pévêque de Londres une lettre, où il dit: Nous avons Valfing. p. 121. appris avec douleur que Jean Wiclef, docteur en théop. 2038. logie, & curé de Lutervoth au diocèse de Lincolne, Sup. liv. xc. foutient & prêche publiquement quelques propositions

203. to. XI. conc.

n. 39.

fauffes & erronées, dont quelques-unes ont rapport aux erreurs de Marfile de Padouë & de Jean de Jandun, condamnées par le pape Jean XXII. Vous devez avoir de la honte & du remords de confcience d'avoir toléré jufques ici ces erreurs : c'eft pourquoi nous vous ordonnons de vous informer fecretement, s'il eft vrai que Wiclef ait foutenu les propofitions dont nous vous envoyons copie; & s'il est ainfi, vous le ferez, par notre autorité, prendre & emprifonner, implorant, s'il est befoin, le fecours du bras féculier. Vous Pinterrogerez, & nous envoyerez fon interrogatoire clos & scellé, & le retiendrez lui-même fous bonne garde jusqu'à nouvel ordre. La Bulle eft du vingt-deux de May 1377;

Elle

Elle fut accompagnée de quatre autres de même date, deux adreffées aux mêmes prélats: Pune portant qu'en cas qu'ils ne puiffent faire arrêter Wiclef, ils le citeront par ordonnance publique à comparoître devant le pape dans trois mois. L'autre bulle les charge d'inftruire de cette affaire le roi Edouard, fes enfans, la princeffe de Galles & les grands du royaume, & les exhorter à concourir à Pextirpation des erreurs. La troifiéme bulle étoit adreffée à Puniverfité d'Oxford, & contient de femblables reproches fur la négligence des docteurs, à réprimer les erreurs de Wiclef, dont le pape lui ordonne d'empêcher le progrès, & de le faire prendre. lui-même pour Penvoyer aux deux prélats. La derniere bulle eft adreffée au roi Edouard, que le pape prie d'accorder fa protection & fon fecours aux deux prélats pour exécuter leur commiffion.

a

AN. 1377

6.7.17.

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Les propofitions de Wiclef envoyées avec ces bulles, Valfing. p. 201. font au nombre de dix-neuf, dont voici les plus claires. 2o4 Dieu ne peut donner à un homme pour lui & pour fes Art. 2. p. 242. héritiers un domaine civil à perpétuité. S'il y a un Dieu, les seigneurs temporels peuvent légitimement & méritoirement ôter les biens de fortune à une églife coupable; & fuppofé le cas, ils doivent le faire hardiment Tous peine de damnation. On ne peut être excommunié, fi on ne s'excommunie premierement foi-même. J. C. n'a point donné lexemple à ses disciples d'excommunier ceux qui leur font foumis, principalement pour le refus des choses temporelles. Le pape ou tout autre, ne lie ou ne délie, que quand il fe conforme à la loi de J. C. On doit croire la foi catholique que tout par prêtre ordonné légitimement, a un pouvoir fuffifant de conférer tous les facremens, & par conféquent d'ab

Tome XX.

N n

12.

15.

16.

foudre de quelque péché que ce foit, celui qui a la conAN. 1377⚫ trition. Un ecclefiaftique & le pape même peut légitimement être repris & accufé par ceux qui lui font foumis, & par des laïques. Je ne vois point que ce dernier

19.

Valfing. p. 206.

XLV.

Mort d'Edouard

Valfing. p. 192.

article foit condamnable.

Wiclef donna une explication fur ces dix-neuf propofitions, où fans en rétracter aucune, il s'efforce de les juftifier par des fubtilités scolastiques, auffi obscures la plûpart, que les propofitions mêmes. Il insiste beaucoup fur le domaine temporel, & fur les excommunications qu'il s'efforce d'affoiblir.

Mais avant que les bulles du pape Gregoire pussent III. Richard II. arriver en Angleterre, le roi Edouard III. n'étoit plus roi d'Angleterre. au monde. Il mourut le vingt-uniéme de Juin 1377. ayant régné près de cinquante & un an. Il fut obfedé pendant toute fa maladie par une malheureuse concubine, qui le détourna de penser à fon falut; & le voyant à l'extrémité, lui ôta les bagues qu'il avoit aux doigts, & fe retira. Il avoit perdu la parole, & mourut fans facremens. Son fucceffeur fut Richard II. fils d'Edouard, prince de Galles, mort Pannée précédente. Richard n'avoit que onze ans. Il fut couronné à Ouestminster le seiziéme de Juillet, & régna fous la conduite de Jean, duc de Lancaftre, fon oncle.

To. xi, conc.p. 2042.

L'archevêque de Cantorbery & Pévêque de Londres ayant reçu les bulles du pape touchant Wiclef, écrivirent au chancelier de Puniverfité d'Oxford, lui enjoignant d'appeller des profeffeurs en théologie de la plus faine doctrine, & d'examiner fecretement avec eux, fans fubtilités fcholaftiques, les dix-neuf propofitions de Wiclef; & vous nous ferez fçavoir, ajoûte la lettre, ce que vous y aurez trouvé. Vous citerez aussi Wiclef à

comparoître devant nous dans un mois à Péglise de saint Paul de Londres, pour répondre fur fes propofitions. Ce mandement eft du dix-huitiéme de Décembre 1377. mais la poursuite de cette affaire fut interrompuë quelque temps, tant par la mort du pape, que par le changement du gouvernement en Angleterre; car Wiclef etoit foutenu par le duc de Lancastre, & par Henry de Percy, maréchal du royaume.

AN. 1377.

XLVI.
Le pape à Ana-

de-
y 440.

Vita p. 436.

Cependant le pape partit de Rome le famedi, après la fête du faint facrement, trentiéme de May, pour gny. aller à Anagny, où il arriva le second de Juin, & meura jusques au cinquième de Novembre. Il fit ce voyage pour goûter le bon air, & éviter les grandes chaleurs. Au commencement du mois de Septembre la dévotion qu'il avoit à la paffion de N. S. & à la fainte Vierge, lui fit ordonner ce qui fuit: Premierement, qu'aux fêtes de la fainte Croix, fInvention & PExaltation, on en feroit Poffice entier; au lieu qu'auparavant à chacune de ces fêtes on n'en difoit à matines que les trois dernieres leçons, & les fix autres de quelques faints qui se rencontrent ces jours-là. Le pape Gregoire fit donc composer par Pierre Amelin, évêque de Sinigaille, un office pour ces deux fêtes; mais il fut corrigé depuis par Clement VIII. parce qu'il faifoit mention d'une histoire douteuse. Quant à la fainte Vierge, Gregoire XI. ordonna que la fête de fa nativité auroit une vigile avec jeûne, & une meffe propre; mais on n’obferve plus cette vigile.

Gavant. in Br. fecti. 7. c. 7.

C. 1. §. 6.

En ce temps-là mourut à Foligny dans Pétat ecclé- Anton. tit. 22. fiaftique Thomas, ou par diminutif Thomafuccio, Vading. 1377. frere du tiers ordre de faint François, homme d'une " 45. &c. grande abstinence, & d'un grand mépris du monde &

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