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charmé des fermons féditieux de Jean Vallée, qu'il crioit: Il fera notre archevêque & chancelier du royaume, il n'y a que lui qui en foit digne : celui qui Pest aujourd'hui est un traître, ennemi des communes; il faut lui couper la tête, quelque part qu'on puiffe le prendre en Angleterre.

AN. 1381

Ce prélat fi odieux au peuple étoit Simon de Sud- Goduin. p. 1634 buri, ainfi nommé du lieu de fa naissance au comté de Suffolc. Son pere qui étoit noble, Penvoya dès fa jeuneffe étudier en droit, ce qu'il fit en plufieurs univerfités de France, & devint docteur. Il fut chapelain & auditeur du pape Innocent VI. qui le fit premierement chancelier de Péglise de Sarifburi, puis évêque de Londres en 1364. Enfin Gregoire XI. le transféra à Parchevêché de Cantorbery, & Simon en reçut les bulles le fixiéme de Juin 1375.

roient,

Ce fut dans la province d'Effex que les payfans com- Valfing. p. 247. mencerent à s'attrouper, & à chaque village où ils paffoient, ils envoyoient dire que tous les habitans jeunes & vieux, euffent à les fuivre armés comme ils pourautrement qu'ils brûleroient & abattroient leurs maifons. En peu de temps ils affemblerent cinq mille hommes, dont quelques-uns n'avoient que des bâtons, des cognées ou des épées enroüillées. Ils étoient déja deux cens mille, quand ils arriverent près de Londres, & y entrerent en grand nombre le jour de la fête du faint Sacrement, qui étoit le treiziéme de Juin 1381. Le lendemain vendredi, ils entrerent même dans la tour où le roi Richard s'étoit retiré avec Parchevêque & le grand prieur des Rodiens, grand tréforier du royaume, qui étoient les deux à qui ils en vouloient Froi. 2. c. 76. le plus. S'étant fait mener où étoit l'archevêque, ils le

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p. 250.

trouverent dans la chapelle qui venant de dire la meffe, AN. 1381. faifoit fon action de graces, & les attendoit bien pré

VIII.

archevêque de

paré à la mort.

Ils entrerent en criant: Où eft ce traître & ce voleur? Mort de Simon Il s'avança tranquillement, & leur dit: Vous êtes les Cantorbery. bien-venus, mes enfans, je suis Parchevêque que vous cherchez, mais non pas un traître, ni un voleur. Ils le tirerent hors de la chapelle, le tenant par les bras & par le camail, & le menerent hors des portes de la tour. Là jettant un cri horrible, ils l'environnerent, tenant unc infinité d'épées nuës; il pria pour eux, & se mit à genoux, tendant le cou pour recevoir le coup. Il en reçut jufqu'à huit, dont le dernier lui abattit la tête. Son corps demeura fans fépulture ce jour-là & le suivant, tant on craignoit ces furieux. Ils tuerent avec lui le grand prieur des Rodiens, Robert Hales; & ayant mis leurs têtes au bout de deux piques, ils les porterent par les ruës en dérifion.

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Pour diffiper ces mutins, le roi leur promit ce qu'ils voulurent; mais enfuite il en fit punir plufieurs, entre autres, le prêtre Jean Vallée, qui étant pris & convaincu, fut traité comme coupable de haute trahison, c'est-à-dire, traîné, pendu, décapité, éventré, & mis en quatre quartiers le huitiéme de Juillet. Pour remplir la place de Parchevêque Simon ainfi malheureusement massacré, les moines de Cantorbery, du confentement du roi, élurent Guillaume de Courtenai, évêque de Londres; & le pape Urbain fans le fçavoir, lui donna vers le même temps la provifion de Parchevêché.

Guillaume étoit fils de Hugues de Courtenai, comte de Dévonshire, & dès fa jeuneffe il s'appliqua fortement à Pétude du droit civil & canonique. Quand il

eut reçu les ordres, il fut chanoine dans les trois cathé-drales d'Excestre, de Veli & d'Yorc, outre plusieurs autres bons bénéfices. En 1360. il fut facré évêque d'Herford, & cinq ans & demi après transféré à Londres à la place de Simon Subduri. Ses bulles furent publiées à Cantorbery le neuviéme de Janvier 1381. c'eftà-dire, 1382. avant Pâques.

AN. 1381.

IX. Propofitions de

Valfing. p. 283.

La même année vers la fête de faint Jean porte-Latine, c'est-à-dire, au commencement de May, le roi Wiclef. Richard tint un parlement à Londres, dont Wiclef prit Rain. n. 29. occafion pour écrire aux feigneurs qui y étoient affemblés, & leur envoya les huit propofitions fuivantes, comme nécessaires au maintien du royaume. Le roi ou Propof. 1. le royaume ne doit obéir à aucun fiége prélat, finon autant qu'il eft marqué dans Pécriture; autrement c'est quitter J. C. pour obéir à PAnte-Christ. Il ne faut envoyer de Pargent ni à la cour de Rome, ni à celle d'Avignon, ni à aucune autre cour étrangere, fi ce devoir n'eft prouvé par l'écriture fainte; autrement ceux qui fexigent, font les loups ravisfans que Pon connoît

2.

Matth. vII. 16.

par
leurs fruits. Perfonne ni cardinal, ni autre, ne doit 3.
recevoir aucun fruit des bénéfices d'Angleterre, s'il n'y
réfide, ou n'eft occupé utilement pour le royaume, au
jugement des feigneurs; autrement il pille les pauvres
fujets du royaume fans leur rien donner d'équivalent
à ce qu'il en tire. Le roi doit détruire les traîtres du
royaume, & défendre fes fujets contre leurs cruels en-
nemis, par où il entendoit ceux qui combattoient fes
erreurs. Le commun peuple ne doit point être surchargé
de tailles, jufqu'à ce que le patrimoine des églifes foit
épuife; c'eft le bien des pauvres qui doit être employé
pour leurs befoins, & le clergé vivra dans la perfection

5.

de fa premiere pauvreté. Quand un évêque ou un cure AN. 1381. tombe manifestement dans le mépris de Dieu, le roi

6.

non-feulement peut confifquer fon temporel, mais il 7. y eft obligé. Le roi ne doit point se fervir d'un évêque ou d'un curé pour quelque fonction féculiere; autre8. ment ils font Pun & l'autre traîtres à J. C. Le roi ne doit emprisonner personne pour être demeuré longtemps excommunié, à moins qu'on ne montre par la loi de Dieu, que ce retardement de se faire abfoudre

Valfing. p. 283. 284.

X,

Conc. to. XI. p. 2052.

eft illicite.

En même temps Wiclef publia d'autres propofitions condamnables, principalement contre la présence réelle en Peuchariftie, & il envoya de fes difciples répandre ces erreurs, fans que les curés puffent Pempêcher, parce qu'il étoit foutenu par le peuple, dont il flattoit Paverfion contre le clergé : d'où il arriva que l'évêque de Lincolne, fon fupérieur Diocéfain, Payant interdit de la prédication & voulant le corriger, le peuple furieux intimida tellement ce prélat, qu'il n'ofa rien exécuter.

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Mais le nouvel archevêque de Cantorbery, GuillauConcile de Lon-me de Courtenai, voulant s'opposer à ces défordres tint un concile à Londres où fe trouverent avec lui fept évêques, & plufieurs docteurs & Bacheliers en théologie, tous des quatre ordres Mandians; plusieurs docteurs en droit canon & en droit civil, tous féculiers. L'archevêque les affembla premierement le dix-fept du même mois de May 1382. qui étoit le mercredi avant la Pentecôte, dans une chambre du prieuré des freres Prêcheurs: on y lut publiquement plufieurs propofitions que Pon difoit être hérétiques ou erronées ; & Parchevêque chargea les docteurs & les bacheliers d'en dire en confcience leur fentiment. Après en avoir délį,

béré, ils s'affemblerent au même lieu le vingt-uniéme du mois, & il fut déclaré que quelques-unes de ces propositions étoient hérétiques, & d'autres erronées & contraires à la décifion de Péglife.

AN. 1382,

1.

2.

3.

4.

Les propofitions qui furent jugées hérétiques étoient p. 2053au nombre de dix; fçavoir, la substance du pain & du vin demeure au sacrement de Pautel après la consécration, & les accidens n'y demeurent point fans fubftance. J. C. n'eft point en ce facrement vraiment & réellement. Si un évêque ou un prêtre eft en péché mortel, il n'ordonne, ne confacre, ni ne baptife point. La 5. confeffion extérieure eft inutile à un homme fuffifamment contrit. On ne trouve point dans l'évangile que 6. J. C. ait ordonné la messe. Dieu doit obéir au diable. Si le pape eft un impofteur & un méchant, & par con- 7. féquent membre du diable, il n'a aucun pouvoir fur 8. les fidéles, si ce n'est peut-être qu'il fait reçu de Pempereur. Après Urbain VI. on ne doit point reconnoître. de pape, mais vivre comme les Grecs, chacun fous fes les 10. propres loix. Il eft contraire à Pécriture fainte que eccléfiaftiques ayent des poffeffions temporelles. J'entens des immeubles.

I.

Les propofitions qualifiées feulement d'erronées, étoient quatorze; fçavoir, aucun prélat ne peut excommunier que celui qu'il fçait être excommunié de Dieu, & celui qui excommunie autrement est héréti- 2. que, ou excommunié lui-même. Le prélat qui excom- 3. munie un clerc qui a appellé au roi & au conseil, est dès-lors traître à Dieu, au roi & au royaume. Ceux qui 4 ceffent de prêcher ou d'entendre la parole de Dieu à caufe de Pexcommunication des hommes, font excommuniés, & au jour du jugement ils feront réputés traî

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