dinal prêtre du titre des Quatre-couronnés. Le septiéme

AN. 1383. fut Jacques de Mentonai du diocèse de Genêve, alors camérier du pape. Outre ces fept cardinaux prêtres, Clement VII. en fit deux diacres; fçavoir, Amedée de Saluces fon proche parent, Piémontois, alors élu évêque de Valence; & Pierre de Fitigni, ancien avocat au Parlement, & archidiacre de Chartres. Voilà les neuf cardinaux de la promotion du vingt-troifiéme de Décembre 1383.

XVI.

neveu d'Urbain.

Le pape Urbain étoit toujours à Naples avec fon François Batille neveu François Prignano, furnommé Barille, qui enTh. Niem. c. 33. leva par force du monaftere de faint Sauveur une fille noble, religieufe profeffe de fainte Claire, dont il abufa, & la retint quelques jours en fon logis. C'étoit un homme abandonné au plaisir, au fommeil, aux excès de bouche & aux autres débauches, fans que le pape fon oncle Pen reprît; & quand on lui en parloit, il difoit: C'est un jeune homme, quoique Batille eût alors plus de quarante ans. Ce crime commis avec la religieufe fit grand bruit dans Naples; & le roi Charles qui y étoit, fit citer Batille devant lui, mais il ne fe présenta point, & fut condamné par contumace à perdre la tête. Le pape s'en plaignit, difant qu'il étoit le fouverain seigneur du royaume, & qu'on ne pouvoit en fa présence condamner à mort un seigneur qualifié. Enfin ils s'accommoderent le roi & lui par la médiation des cardinaux : la sentence ne fut point exécutée, le crime demeura impuni; & Pon convint que Batille épouferoit une parente du roi, fille du grand jufticier royaume, moyennant quoi le roi lui donna la ville de Nocera.

Rain. 1384. n. 1.

du

Le premier jour de Janvier 1384. le

pape Urbain

après

AN. 1384.

Rain. 1381. n.

après avoir dit la mesffe, donna folemnellement à Charles de la Paix Pétendart de Péglise pour marcher contre Louis, duc d'Anjou, qui étoit à Tarente, & contre lequel il réitéra fes cenfures, & publia la croifade. Il Sup. n. 5. lui donna pour légat le cardinal Landulfe Maramalde, 26. un de ceux qu'il avoit promus en 1381. & le roi Charles marcha avec une grande armée contre le duc d'Anjou : mais il ne fit aucun exploit confidérable, aimant mieux faire périr l'armée Françoise par la difette, la fatigue & les maladies.

XVII. Urbain à Nocera

c. 35.

Cependant le pape Urbain étoit à Naples, où ne se croyant pas en fûreté, à cause que la reine Marguerite ma y étoit la maîtreffe, il en fortit le vingt-fixiéme de May, & fe retira à Nocera : mais fes cardinaux & le refte de fa cour s'y trouvoient fort incommodés, à cause de la petiteffe du lieu, & fouvent même en péril par les courfes des troupes ennemies. C'est pourquoi un dimanche du mois d'Août les cardinaux voyant approcher des gens de guerre du bourg près de Nocera, crurent qu'ils venoient pour les prendre, & s'enfuirent auffi- tôt à Naples, excepté le cardinal de Pife: ce que le pape ayant appris, il leur manda par Thierry de Niem, qu'ils revinffent auprès de lui fans rien craindre. Thierry rencontra en chemin deux cardinaux & plufieurs courtisans du pape qui revenoient; & étant arrivé à Naples, il s'acquitta fi bien de fa commiffion auprès de ceux qui y restoient, qu'ils retournerent auffi-tôt vers le pape; excepté le cardinal de Rieti, qui ne voulut jamais revenir, & demeura à Naples occupé à de nouveaux projets contre le pape.

XVIII. Mort de Louis,

Le duc d'Anjou ne put jamais obliger Charles de la Paix d'en venir à une bataille décifive, & confuma duc d'Anjou. Tome XX.

X X

inutilement les troupes & les tréfors qu'il avoit amenés AN. 1384. de France: partie de fes gens furent tués en divers petits combats, plufieurs moururent de maladie, entr'autres

Vita pag. 510. 1322.

le comte de Savoye Amedée, qui mourut dès Pannée Valfing. p. 298. précédente vers la fête de Pâques. Ce qui restoit de troupes au duc d'Anjou manquoit de tout, & fes finances étoient épuisées: enfin il mourut de maladie & de chagrin le vingtiéme de Septembre 1384. près de Bary. Son fils aîné Louis à peine âgé de fept ans, lui fuccéda au titre de roi de Sicile & au comté de Provence, fous la conduite de fa mere Marie de Bretagne.

Rain. 1384

Le féjour du pape à Nocera déplaifoit au roi Charles, & lui donnoit de mauvais foupçons: c'est pourquoi le dixiéme de Novembre il le pria de revenir à Naples. Urbain répondit: Les rois ont accoutumé de venir vers les papes, & non pas les papes d'aller trouver les rois; & fi vous voulez entretenir notre amitié, déchargez le peuple d'impôts. Le roi répondit en colere: Je puis en mettre encore de nouveaux, j'ai conquis ce royaume, ce n'eft pas au pape à le gouverner, qu'il commande aux prêtres. Depuis ce temps il n'y eut plus d'intelligence entre le pape Urbain & le roi Charles de la Paix. Le pape revint toutefois à Naples dans le même mois religieux ref de Novembre, & y fit une constitution

XIX.

Priviléges des

traints.

Krants metropol.

lib. x. c. 21.

Rain. n. 5.
Sup. liv. xcI. n.

60.

pour restraindre les priviléges des religieux & expliquer la Clementine, dudum de fepulturis. La conftitution d'Urbain est adreffée à tous les religieux de tous les Ordres, & porte en fubftance: Nous vous défendons de recevoir dans vos églifes les paroiffiens à Poffice divin les dimanches & les fêtes, ni les, admettre à la pénitence fans la perSup. liv. LXXVII. miffion de leur curé: fi quelqu'un veut fe confesser à un prêtre étranger, il doit, fuivant le concile de Latran,

33. 520

obtenir auparavant la permiffion du fien, autrement il ne pourra être absous. Pour ne pas fouftraire aux églises AN. 1384. paroiffiales la dévotion qui leur eft dûe, vous ne ferez point de fermons dans vos églises avant la messe folemnelle que les fidéles ont coutume d'entendre le matin dans leurs paroiffes; & vous n'irez point y prêcher, fi les curés ne vous y invitent, ou du moins ne vous le permettent. Le jour que l'évêque ou quelqu'autre à fa place prêchera, vous ne ferez pas fi hardis que de prê

cher dans la même ville ou le même lieu. Si vous donnez la fépulture à quelque paroiffien, vous donnerez à l'évêque ou au curé dans la paroiffe duquel aura été pris le mort, la moitié, le tiers ou le quart de tout ce que vous aurez reçu à Poccafion de cette fépulture, fuivant le décret du pape Gregoire & la coutume; & vous donnerez cette portion dans huit jours; même fans être requis. Cette conftitution eft datée de Naples le vingt-unieme de Novembre 1384.

XX. Conjurations contre Urbain.

Les cardinaux & les courtisans voyant la divifion formée entre le pape Urbain & le roi Charles, craignoient fort de n'être pas en fûreté dans les états de ce Th. Niem. c. 4.1. prince; & plufieurs d'entr'eux prierent le pape, ou d'établir une amitié folide avec le roi, ou de retourner à Rome ou quelque autre part hors du royaume, en lieu fûr & commode pour fa cour: mais il n'en voulut rien faire. Alors le cardinal de Rieti nommé Pierre Tartare, & abbé du Mont-Caffin qui étoit à Naples, de concert avec quelques cardinaux qui étoient à Nocera, consulta un nommé Bartolin de Plaifance, procureur en cour de Rome, homme hardi & ingénieux, qui propofa certaines questions; fçavoir, fi un pape étoit trop négligent ou incapable de gouverner: fi étant

trop

attaché à fon fens il vouloit tout faire à fa fantaisie, AN. 1384. fans prendre confeil des cardinaux ; enfin si par sa mauvaise conduite il mettoit Péglise entiere en péril, seroit-il point permis de lui donner un ou plufieurs curateurs par le choix des cardinaux, fuivant l'avis defquels il fût tenu d'expédier toutes les affaires? Bartolin propofa douze questions semblables, apportant plusieurs raifons pour l'affirmative : mais après un grand examen, on ne conclut rien fur ce fujet.

Rain n. 3.

Cependant le cardinal de Manupelle de la maison des Urfins, avertit fecrettement le pape de cette confultation, & lui en fit même voir les articles. Le pape en entra en furie, & peu de temps après les cardinaux qui y avoient eu part étant venus tenir avec lui un confiftoire, fi-tôt qu'il fut fini, il retint fix des plus lettrés. Et voici ce que l'on avoit dit au pape de leur conjura

tion.

Au jour marqué entr'eux, qui fera un jour de confiftoire, ils viendront au château, précédés de douze domestiques armés, mais cachant leurs armes fous des habits longs. Quand ils feront assemblés, ils exciteront un tumulte imprévû, fe jetteront fur le pape, le prendront, le tireront du château, & le meneront par force à Péglise faint François qui eft au pied. Là ils lui propoferont certains articles, aufquels ils le prefferont de répondre; & de quelque. maniere qu'il réponde, ou s'il ne répond pas, ils produiront contre lui de faux témoins qui prouveront les articles: après quoi le pape fera condamné comme hérétique par les cardinaux conjurés, qui prononceront la fentence au nom de tout le collége, & Pexécuteront fur le champ par le feu. Ils fuppofent que les autres cardinaux qui ne font pas du