église; mais ils ne purent avoir de réponse, dont ils furent mal contens: enfin peu de jours après vint la nouvelle de Pélection de Boniface. AN. 1389. Après la mort du pape Urbain, le duc de Bourgogne & le comte de Flandre, fon beau-pere, folliciterent le chapitre de Liege de fe réunir à Pobedience de Clement pour finir le fchifme; fur quoi le chapitre leur répondit: que la mort d'Urbain ne diminuoit point la vali- Rain. 1390. n. dité de fon élection, ni par conféquent le droit de fon "" fucceffeur canoniquement élu; & qu'il seroit d'une dangereufe conféquence pour tous les prélats & les princes mêmes, s'il étoit permis à ceux qui leur font foumis, de révoquer en doute leur autorité, & fe fouftraire à leur obéiffance. La lettre eft du cinquième de Janvier 1390. LI. Le roi de Na Duboulai to. 4. Vita PP. p. 525. 1378. Incontinent après le nouveau roi de Navarre Charles III. furnommé le Noble, renonça à la neutralité entre varre pour Cleles deux papes où fon pere étoit demeuré; & après de ment Vill mûres délibérations, il se déclara pour Clement VII. p. 648. par lettre patente datée de Pampelune le fixiéme de Février 1389. c'est-à-dire, 1390. avant Pâques. Celui qui détermina le roi à cette action, fut Martin de Saloa, fon chancelier, évêque de Pampelune. Il étoit natif de la même ville, & docteur en droit canon qu'il enfeigna long-temps à Avignon. Il fut référendaire du pape Gregoire XI. qui le fit évêque de Pampelune le seizième de Décembre 1377. Ce fut un de ceux qui s'éleverent le plus contre Pélection d'Urbain VI. & qui exciterent le plus les cardinaux à faire un autre pape: auffi fe déclara-t-il pour Clement, qui de fon côté voulut le faire cardinal, comme un des plus dignes prélats de l'église, tant pour fa doctrine que pour les mœurs: mais l'évêque AN. 1390. LII. Ladiflas couron de Pampelune ne voulut pas accepter alors le chapeau, Cependant le pape Boniface vit bien qu'il lui étoit né roi de Sicile. impoffible de foutenir la guerre comme Urbain Pavoit Th. Niem. II. entrepris, contre les deux prétendans au royaume de Rain. 1390. n. Naples, Ladiflas & Louis. C'eft pourquoi incontinent 6. 14. c. 64. 10. après fon élection il reçut en grace Ladislas avec Marguerite fa mere & Jeanne fa fœur, lui donnant Pabfolution de toutes les cenfures dont Urbain les avoit frappés, & commettant le cardinal de Florence en qualité de légat pour couronner Ladiflas. Dès le vingt-uniéme de Février 1390. Boniface déclara fes intentions fur ce fujet à tous les Siciliens de deçà le Fare, c'est-à-dire, du royaume de Naples, leur ordonnant d'obéir au jeune roi qui avoit environ dix-fept ans, & jufqu'à fa majorité au cardinal légat fon tuteur, & à la reine fa mere & fa tutrice. Le pape avertit les fujets de Ladiflas, qu'il lui a envoyé du fecours par terre & par mer, & qu'il prétend l'affifter de toute fa puissance, les exhortant à faire le même de leur côté. Ladislas n'ofoit fortir de Gayete, parce que le parti de Louis d'Anjou étoit le plus fort à Naples & dans le pays; & c'est ce qui obligea Boniface d'envoyer un légat de AN. 1390. légat pour le couronner. Ce fut Ange Acciaioli, évêque de Florence, cardinal prêtre du titre de faint Laurent en Damase, qui vint à Gayete au mois de May de la même année & reçut le ferment de Ladiflas, par lequel il prête foi & hommage au pape pour le royaume Sicile aux mêmes conditions de fes prédéceffeurs, particuliérement de fon pere Charles de la Paix. Enfin il promet de ne donner aucun fecours à Pantipape Clement, ni à ses cardinaux. L'acte eft daté du vingt-neuviéme de May 1390. Vers le même temps Boniface envoya en Sicile ou Trinacrie, Cecco, c'est-à-dire, Fran- Rain. n. 9. çois, évêque de Pouzole, avec une formule d'abjuration du fchifme, pour ramener à fon obéissance ceux qui du temps de la reine Jeanne, de Charles de la Paix, ou de Marguerite fa veuve, avoient quitté le pape Urbain pour reconnoître Clement. Ughel. to. 6. p. 330. Rain. 1389. nr Quand le pape Clement eut appris Pélection de Bo- Vita PP. p.255. niface, il ne manqua pas de proceder contre lui, com- 14. me ufurpateur du faint fiége, ce que fit auffi Boniface de fon côté ; & ils fe frapperent réciproquement des cenfures les plus terribles, mais auffi inutiles de part que d'autre. Louis II. d'An Vita 1351. Lab. rec. hift. to. 1. p. 648. Au mois de Juin 1390. le nouveau roi de Sicile Louis LIII II. d'Anjou se mit en chemin pour paffer à Naples avec jou à Naples. une armée considérable & bien pourvûe de vivres. Leira pag. 525. pape Clement lui donna pour confeil le cardinal Pierre de Turi, qu'il fit auffi fon légat en ces quartiers-là, la réduction des rebelles & des fchifmatiques. Le Rain. 1390. n. pour roi s'embarqua à Marseille, mais feulement le vingtié- "Rain, n. 17. me de Juillet, après que le légat eut fait la bénédiction de fa galere & de toute fa flote. Le roi Louis étant arrivé à Naples, attaqua les châteaux de POeuf & de saint Elme qui tenoient pour Ladiflas, & obligea la garnison AN. 1390. à fe rendre; il prit auffi la ville de Pouzole. Le pape Boniface envoya le feptiéme d'Octobre fix cens chevaux au secours de Ladislas, & promit des indulgences à ceux qui prendroient les armes contre Louis, comme étant le capitaine de Pantipape. Vita p. 526. 1385. 114. n. 20. Cependant le pape Clement quitta Avignon qui étoit infecté de peste & se retira à Beaucaire, où le dix-septiéme du même mois d'Octobre il fit deux cardinaux prêtres, parce que la maladie en avoit emporté quelques-uns. Le premier de ces nouveaux cardinaux fut Jean Flandrin, archevêque d'Auch. Il étoit né en Sup. liv. xcv11. Vivarès, & frere de Pierre Flandrin, que le pape Gregoire XI. fit cardinal en 1371. Jean fut premierement doyen de Laon, puis évêque de Carpentras en 1371, En 1379. Clement VII. le fit archevêque d'Auch; fon titre de cardinal fut faint Jean & faint Paul. L'autre cardinal de cette promotion fut Pierre Geraud, né en Forès au diocèse de Lyon. Il étoit licencié en droit, & archidiacre de Bourges. En 1373. il fut évêque de Lodève, puis d'Avignon, & enfin du Pui-en-Velai Pan 1384. fon titre de cardinal fut faint Pierre-aux-liens. LIV. Pendant toute cette année 1390. il y eut à Rome un Jubilé à Rome. grand concours de pélerins pour gagner Pindulgence du Jubilé ouvert à Noël de Pannée précédente, fuivant Th. Niem. c. 62. la nouvelle conftitution d'Urbain VI. mais on n'y vint que des pays de fon obedience, principalement d'Allemagne, de Hongrie, de Pologne, de Boheme, d'Angleterre. On apporta de grandes offrandes aux églises de Rome, dont on y fit quelques réparations; mais la plus grande partie vint entre les mains du pape Boniface. Or quoique ces offrandes montassent à de gran des fommes, il ne laiffa pas d'envoyer en divers pays des quêteurs qui vendoient Pindulgence à ceux qui vouloient bien payer autant qu'il leur auroit coûté pour le voyage de Rome, ce qui produifit beaucoup d'argent; en forte qu'il y eut telle province dont les quêteurs tirerent plus de deux cens mille florins d'or: car ils prétendoient avoir la puiffance de remettre tous les péchés fans autre pénitence, & de difpenfer de toutes les irrégularités. Étant revenus à Rome, ils rendirent compte au pape de leur recette; mais il en trouva quelques-uns d'infidéles qu'il fit emprisonner, d'autres furent mis en piéces par le peuple, quelques-uns fe tuerent euxmêmes, où moururent misérablement de quelqu'autre maniere. A Pexemple de ces quêteurs, il y eut auffi des reli- Rain. n. z. gieux Mandians & des clercs féculiers, qui se difant envoyés par le pape ou par fes légats, & faisant valoir leurs facultés vraies ou fauffes, donnoient des abfolu tions pour de Pargent, & fouvent pour de petites fommes, fans avoir égard à Pénormité des péchés, ni à la contrition des pécheurs, à la reftitution ou à la fatiffaction. Ils difpenfoient auffi pour une légere compenfation de toutes fortes de vœux de chafteté, d'abstinence, de pélerinages, ou autres: ils abfolvoient & réconcilioient les hérétiques & les fchifmatiques fans abjuration en forme: ils réhabilitoient les bâtards, & donnoient difpenfe pour fe marier dans les degrés défendus. Enfin ils donnoient toutes fortes de graces pour de Pargent, qu'ils difoient recevoir au nom de la chambre apoftolique; & toutefois ils ne lui en rendoient aucun compte. Le pape en étant averti, manda à Benoît, évêque de Ferrare, tréforier de Péglise Romaine |